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La chronique des arts et de la curiosité — 1889

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Nr. 3 (19 Janvier)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19737#0028
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LA CHRONIQUE DES ARTS

CORRESPONDANCE D'ANGLETERRE

EXPOSITION DE TABLEAUX ET RELIQUES DE LA
MAISON ROYALE DES STUART

à la New G-allery de Londres

La mode, en Angleterre, est en ce moment aux
Stuart. On s'avoue volontiers « Jacobitc » dans le
grand monde et ailleurs; et même la reine — ce
n'est un secret pour personne — pénétrée de tous
les sentiments propres au nord de l'Ecosse, qu'elle
habite si volontiers, se plaît à raviver les souve-
nirs de la maison infortunée que ses ancêtres ont
écartée du trône. Jamais elle ne permet que de-
vant elle on donne au malheureux prince Charles-
Edouard Stuart le sobriquet consacré par l'histoire
de « Pretender ». Aussi Sa Majesté s'est-elle em-
pressée d'accorder son haut patronage à l'intéres-
sante exposition de portraits et reliques des princes
et princesses de cette maison, qui a été organisée
par un comité présidé par le comte d'Ashburnham,
et arrangée avec goût dans les grandes salles de
la New Gallery.

Ce n'est pas à proprement parler une exposition
d'oeuvres d'art, mais plutôt une collection de sou-
venirs pour la plupart authentiques des Stuart.
Cependant, il y a lieu de signaler, cà et là, des
peintures, des miniatures, dos bijoux de la plus
haute importance artistique. Je ne parlerai ici
que des tableaux et des miniatures.

Citons en premier lieu le grand diptyque
double envoyé par la reine de Holyrood Palace à
Edimbourg, et provenaut de l'église de la Trinité
de cette même ville. Sur l'un des volets est re-
présenté, d'un côté, le roi Jacques III d'Ecosse,
avec son Bis qui fut plus tard Jacques IV; de
l'autre la Trinilé. Sur le second volet apparaît
d'un côté la reine Marguerite de Danemarck pro-
tégée par un saint Georges debout derrière elle,
de l'autre le portrait du donateur, le chancelier
Sir Edward Boukil, agenouillé et ayant à droite
et à gauche, vêtus de. longues robes d'uii ton
bleuâtre, des anges, dont l'un joue d'un orgue
portatif.

L'oeuvre date des dernières années du xve siècle
(vers 1480) ; elle est de grandes dimensions,
très bien conservée, et d'une exécution, qui
sans être partout de premier ordre ne laisse pas
que d'être fort remarquable. Los patriotes ont
voulu, s'appuyant sur une inscription douteuse,
inventer pour l'occasion un peintre indigène, qui
se nommerait Pratt, hypothèse que — vu la qua-
lité des panneaux — il est à peine nécessaire de
discuter sérieusement. D'autres ont parlé avec
aussi peu de raison de Mabuse, avec le style du-
quel l'œuvre n'a aucun rapport. La vérité est que
les quatre sujets ne paraissent pas être entière-
ment de la même main ; la Trinité et les panneaux
contenant les portraits du roi et de la reine sont
d'un peinlre de l'école de Roger van der Weydeu,
plus doux, moins précis et moins puissant que
son mailre; le quatrième panneau, contenant le
portrait du donateur, est d'un style plus liardi et
plus original, mais d'un coloris plus blafard que
les autres. Il rappelle étonnamment, quoique avec
moins de finesse dans l'exécution, le grand tri-

) ptyque de l'hôpital de Santa-Maria-Nuova à Flo-
rence, qui est l'œuvre la mieux authentiquée de
Hugo van der Goes.

L'intérêt populaire se concentre surtout autour
des nombreux et décevants portraits de celle
qu'on ne cessera jamais, malgré les révélations
de la peinture de son époque, d'appeler la belle
Marie Stuart. La reine envoie de Windsor l'exquise
miniature attribuée à François Clouet, qui la re-
présente à l'âge d'environ lo ans ; avec ce précieux
document on a groupé les fac-similés des deux
! intéressants portraits au crayon de la reine ésa-
! lement attribués cà ce maître et qui se trouvent
! actuellement à la Bibliothèque Nitionale de Paris.

Ce groupe est heureusement complété par un
I choix des portrais français au crayon de la fameuse
I collection de Cistle Howard. Suit le célèbre portrait
appelé te Deuil Blanc, parce qu'il montre la reine
i dans ses atours de veuve royale de France. Ce
petit panneau faisait, autrefois partie de la collec-
| lion de Charles Ier d'Angleterre; il est également
attribué, mais à tort, à François C!ouet, dont il
ne révèle ni le charme ni l'extrême finesse de
dessin, et de Ions. Désormais, l'infortunée reine
n'est plus portraiturée que par des peintres mé-
diocres et peu physionomistes,et nous ne saurons
jamais qu'approximativement ce que fut sa matu-
I rité. Huit ou dix grandes toiles la montrent ici à
diverses époques de son règne, mais surtout de sa
longue captivité. Après un portrait en pied donné
J par son possesseur, le duc de Devonshire, à
; F. Zucchero, attribution qui est loin d'être soli-
j dément établie, vient l'agréable toile de Hampton-
Court, attribuée on ne sait pourquoi, à D. Mytens,
qui était à peine né lors de la mort de la reine;
| puis une série de grands portraits pour la plupart
anonymes, peints en commémoration del'exécution
î de la malheureuse princesse. M. George Scharf en
a déjà parlé avec autorité dans les pages mêmes
de la Chronique. Ce qui surtout rend intéres-
santes ces toiles médiocres c'est la naïve représen-
tation qu'elles contiennent toutes, au dernier plan,
de la scène même de l'exécution.

Un soi-disant portrait de MargaretTudor, épouse
de Jacques IV d'Ecosse, appartenant au marquis
de Lothian et catalogué sous le nom d'Holbein,
ne peut, d'après le costume et l'âge du personnage,
! représenter cette reine. Je n'y reconnais pas non
plus la main du grand peintre de Bâle, mais plu-
tôt celle d'un peintre de la cour de France entre
1530 et 1 o'i0. La couleur sombre du fond, l'exôcu-
I tion des bijoux et surtout les mains, révèlent une
j origine française. Le faire en est fort délicat, et la
couleur fraîche et claire; mais le pinceau n'a pas
; toute l'exquise précision des Clouet.

Après la reine Marie vient tout naturellement
son petit-fils, martyrisé comme elle, le roi
Charles I". Signalons toutd'abord une intéressante
! représentation de ce prince dans son enfance (au
I duc de Pjrtland) que d'aucuns ont encore donné à
Mytens malgré la contradiction manifeste des
dates. Nous avons vu tout réceramsnt à la Gros-
venor Gallery de plus beaux portraits du roi par
Van Dyck. qu'on a réussi à en obtenir pour la New-
I Gallery. C ■pendant, voici des répétitions d'atelier
! du grand groupe de famille et du grand portrait
: équestre de Windsor, et provenant du même
palais, la merveilleuse étude du maître, peinte à
l'intention du Bernin, et réunissant, on le sait,
dans le même cadre, trois représentations difi'é-
 
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