DOI Heft:
Nr. 5 (2 Février)
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.19737#0044
'àh LA CHRONIQUE DES ARTS
pièces importantes. Dans l'église Saint-Jean
de Herford, se trouvait, depuis lkU, le
trésor du chapitre de Saint-Denis d'Enger
qui, lors de la sécularisation du chapitre,
revin* à l'Etat, mais qui, jusqu'à ces derniers
temps, fut conservé à Herford. Il y a deux
ans enfin, ce trésor fut attribué au Musée de
Berlin. Les différents objets qui en font partie
datent de Charlemagne et ont trait à la con-
version de Witikind, enseveli dans l'église
d'Enger. La châsse est un produit de l'art
franc au vin0 siècle, et l'œuvre d'orfèvrerie
allemande la plus ancienne que possède l'Al-
lemagne. Les divers objets, pour la plupart
garnis de gemmes antiques, datent du VIIe
au xiie siècle. Le trésor et le bahut en fer
dans lequel i) était conservé autrefois sont
exposés actuellement dans la salle des acqui-
sitions nouvelles.
Nouvelles de Vienne
On prépare à Vienne une vente de dessins, ta-
bleaux, estampes et objets d'art décoratif qui
mérite une attention toute particulière. C'est la
collection de feu M. J.-C. Klin/iosch. On travaille
actuellement à eu publier un grand catalogue
ricbemeut illustré. Parmi les dessins, il est toute
une série de chefs-d'œuvre qui seront l'objet des
convoitises des collectionneurs, par exemple, des
études d'Alb. Durer, de H. Holbein, d'Altdorfer,
de Hirsvogel, de Virgil Solis, de Raphaël, de
Canaletlo, de Rembrandt, de Van Goyen, etc., etc.
Quant aux tableaux la collection Klinkosch ren-
ferme une foule de maîtres hollandais et flamands
d'une valeur bien rare et dans un état d'excel-
lente conservation, Une fête de paysans, peinture
de J.-M. Molenaer est d'un coloris splendide. Des
paysages de J. Ruisdael, R. de Vries, Rombouts,
Klaas Molenaer, Waterloo, P. Bloot, lî. Savery,
sont de première qualité, de même une étude
d'aprèsnature parPotter, une « Vanitas» dePieter
Potter (1), deux portraits de N. Mae?, une demie
6gure par S. lloogstraeten, un Marchand de per-
les, par J. Bylert, etc. Les connaisseurs seront
enchantés de voir un petit paysage avec de nom-
breuses ligures, par H. de Bles et une peinture
très fine de Jacob Grimmer, peintre anversois,
dont -n ne connaît que très pou de tableaux (2).
Le Grimmer de la collection Klinkosch est claire-
ment signé et dans un état de bonne conserva ■
tion. Les amis de la peinture vénitienne seront
étonnés de rencontrer dans la collection Klin-
kosch un Rocco Marconi, tableau merveilleux
mais un peu détérioré. Il représente, dans la
manière du vieux Palma, la Femme adultère de-
vant le Christ. La signature du maître, rare, se
trouve à gauche en lettres capitales :
(1) . Composition qui présente une grande analogie
avec les tableaux d'Amsterdam, de Berlin et de Vienne
(chez M. Eugène Miller de Aïcbkolz).
(2) . A Vienne, je ne connais qu'une petite peinture
assez belle, mais d'une signature indistincte, au Belvé-
dère Inférieur, un paysage avec un château dans un
étang (L. Om/,8. H. 0">25, sur bois).
« ROCHVS D MARCH0N1B (VS) P »
La collection Klinkos-.h sera probablement dis-
persée au commencement de mars.
D' Tb. Frijijiel.
—-^C^xO1-
La Vierge au baiser
Il y a peu d'années, d'anciennes peintures
murales ont été remises au jour dans la crypte
de l'église Notre-Dame, à Montmorillon. Elles oc-
cupent, les unes, l'abri de celte crypte, les autres
une partie de la voûte. Les premières, représen-
tant Marie tenant l'Enfant-Jésus, avec trois Sain-
tes, dont l'une, la plus rapprochée do l'enfant,
est Sainte-Catherine ; au-dessous, sont figurés
des anges avec des âmes du Purgatoire. Les se-
condes montrent l'Agneau mystique adoré par
deux vieillards qui tiennent des instruments dé
musique.
Ces œuvres remontent évidemment à la même
époque et font partie du même cycle que colles
qui décorent si largement l'église de Saiut-Savin,.
située à quelques kilomètres seulement de .Mont-
morillon. Nous parlons non de la série do repré-
sentations figurées, qui, tout le long de la voûte
de cette dernière église, interprètent, la plupart
avec une gaucherie tout à fait archaïque, les
premiers récits de la Geuèse et s'étendent jus-
qu'à l'histoire de Joseph, mais de ces antres
peintures plus modernes d'un ou de deux siècles
comme l'atteste l'art plus avancé qu'accuse le
maniement des draperies, qui, sur les murs de
l'abside et de la crypte, étalent des scènes de
martyre ou des figures isolées de saints person-
nages. Il est clair que dans le courant du xu° on
du xme siècle, époque où l'abbaye de Saint-Sa-
vin était florissante, l'uu des artistes inconnus
qui avaient trouvé dans ce centre religieux l'em-
ploi de leur talent aura été invité à franchir, le
long de la petite rivière de la Gartempe la faible
distance qui le séparait du monticule rocheux
oû s'élève Notre-Dame de Montmorillon. Il est
dans les modestes manifestations de l'art reli-
gieux que lui doit cette dernière église un dé-
tail qui n'est pas, semble-t-il, sans intérêt de si-
gnaler. Il s'agit du geste par lequel la Yieipe
ramène vers ses lèvres la main de l'Enfant pour,
y déposer un baiser. Avec une intention naïve
mais bien avant les prestiges d'une exécution
raffinée, c'est celui-là même qu'il est arrivé ré-
cemment à M. Ernest Hébert d'adopter et de
faire valoir Idans sa Vierge au baiser. A travers
les reproductions si nombreuses, si variées du
même type idéal, celui de la Vierge Mère, qui
sont venus successivement s'ajouter les unes aux
autres sur les murs des églises de l'Italie,
M. le directeur de l'Ecole française à Rome au-
rait vraisemblablement quelque peine à retrouver,
à démêler ce mouvement de tendresse particulier,
familier à la fois et respectueux auquel il a
donné la préférence. Et voilà que l'une des pein-
tures murales que nous montre encore la mère
patrie occidentale de la France conserve sur ce
point, légué par un devancier ignoré, xxnprécèdent
vraiment topique.
Cette mince curiosité archéologique, donnant
pièces importantes. Dans l'église Saint-Jean
de Herford, se trouvait, depuis lkU, le
trésor du chapitre de Saint-Denis d'Enger
qui, lors de la sécularisation du chapitre,
revin* à l'Etat, mais qui, jusqu'à ces derniers
temps, fut conservé à Herford. Il y a deux
ans enfin, ce trésor fut attribué au Musée de
Berlin. Les différents objets qui en font partie
datent de Charlemagne et ont trait à la con-
version de Witikind, enseveli dans l'église
d'Enger. La châsse est un produit de l'art
franc au vin0 siècle, et l'œuvre d'orfèvrerie
allemande la plus ancienne que possède l'Al-
lemagne. Les divers objets, pour la plupart
garnis de gemmes antiques, datent du VIIe
au xiie siècle. Le trésor et le bahut en fer
dans lequel i) était conservé autrefois sont
exposés actuellement dans la salle des acqui-
sitions nouvelles.
Nouvelles de Vienne
On prépare à Vienne une vente de dessins, ta-
bleaux, estampes et objets d'art décoratif qui
mérite une attention toute particulière. C'est la
collection de feu M. J.-C. Klin/iosch. On travaille
actuellement à eu publier un grand catalogue
ricbemeut illustré. Parmi les dessins, il est toute
une série de chefs-d'œuvre qui seront l'objet des
convoitises des collectionneurs, par exemple, des
études d'Alb. Durer, de H. Holbein, d'Altdorfer,
de Hirsvogel, de Virgil Solis, de Raphaël, de
Canaletlo, de Rembrandt, de Van Goyen, etc., etc.
Quant aux tableaux la collection Klinkosch ren-
ferme une foule de maîtres hollandais et flamands
d'une valeur bien rare et dans un état d'excel-
lente conservation, Une fête de paysans, peinture
de J.-M. Molenaer est d'un coloris splendide. Des
paysages de J. Ruisdael, R. de Vries, Rombouts,
Klaas Molenaer, Waterloo, P. Bloot, lî. Savery,
sont de première qualité, de même une étude
d'aprèsnature parPotter, une « Vanitas» dePieter
Potter (1), deux portraits de N. Mae?, une demie
6gure par S. lloogstraeten, un Marchand de per-
les, par J. Bylert, etc. Les connaisseurs seront
enchantés de voir un petit paysage avec de nom-
breuses ligures, par H. de Bles et une peinture
très fine de Jacob Grimmer, peintre anversois,
dont -n ne connaît que très pou de tableaux (2).
Le Grimmer de la collection Klinkosch est claire-
ment signé et dans un état de bonne conserva ■
tion. Les amis de la peinture vénitienne seront
étonnés de rencontrer dans la collection Klin-
kosch un Rocco Marconi, tableau merveilleux
mais un peu détérioré. Il représente, dans la
manière du vieux Palma, la Femme adultère de-
vant le Christ. La signature du maître, rare, se
trouve à gauche en lettres capitales :
(1) . Composition qui présente une grande analogie
avec les tableaux d'Amsterdam, de Berlin et de Vienne
(chez M. Eugène Miller de Aïcbkolz).
(2) . A Vienne, je ne connais qu'une petite peinture
assez belle, mais d'une signature indistincte, au Belvé-
dère Inférieur, un paysage avec un château dans un
étang (L. Om/,8. H. 0">25, sur bois).
« ROCHVS D MARCH0N1B (VS) P »
La collection Klinkos-.h sera probablement dis-
persée au commencement de mars.
D' Tb. Frijijiel.
—-^C^xO1-
La Vierge au baiser
Il y a peu d'années, d'anciennes peintures
murales ont été remises au jour dans la crypte
de l'église Notre-Dame, à Montmorillon. Elles oc-
cupent, les unes, l'abri de celte crypte, les autres
une partie de la voûte. Les premières, représen-
tant Marie tenant l'Enfant-Jésus, avec trois Sain-
tes, dont l'une, la plus rapprochée do l'enfant,
est Sainte-Catherine ; au-dessous, sont figurés
des anges avec des âmes du Purgatoire. Les se-
condes montrent l'Agneau mystique adoré par
deux vieillards qui tiennent des instruments dé
musique.
Ces œuvres remontent évidemment à la même
époque et font partie du même cycle que colles
qui décorent si largement l'église de Saiut-Savin,.
située à quelques kilomètres seulement de .Mont-
morillon. Nous parlons non de la série do repré-
sentations figurées, qui, tout le long de la voûte
de cette dernière église, interprètent, la plupart
avec une gaucherie tout à fait archaïque, les
premiers récits de la Geuèse et s'étendent jus-
qu'à l'histoire de Joseph, mais de ces antres
peintures plus modernes d'un ou de deux siècles
comme l'atteste l'art plus avancé qu'accuse le
maniement des draperies, qui, sur les murs de
l'abside et de la crypte, étalent des scènes de
martyre ou des figures isolées de saints person-
nages. Il est clair que dans le courant du xu° on
du xme siècle, époque où l'abbaye de Saint-Sa-
vin était florissante, l'uu des artistes inconnus
qui avaient trouvé dans ce centre religieux l'em-
ploi de leur talent aura été invité à franchir, le
long de la petite rivière de la Gartempe la faible
distance qui le séparait du monticule rocheux
oû s'élève Notre-Dame de Montmorillon. Il est
dans les modestes manifestations de l'art reli-
gieux que lui doit cette dernière église un dé-
tail qui n'est pas, semble-t-il, sans intérêt de si-
gnaler. Il s'agit du geste par lequel la Yieipe
ramène vers ses lèvres la main de l'Enfant pour,
y déposer un baiser. Avec une intention naïve
mais bien avant les prestiges d'une exécution
raffinée, c'est celui-là même qu'il est arrivé ré-
cemment à M. Ernest Hébert d'adopter et de
faire valoir Idans sa Vierge au baiser. A travers
les reproductions si nombreuses, si variées du
même type idéal, celui de la Vierge Mère, qui
sont venus successivement s'ajouter les unes aux
autres sur les murs des églises de l'Italie,
M. le directeur de l'Ecole française à Rome au-
rait vraisemblablement quelque peine à retrouver,
à démêler ce mouvement de tendresse particulier,
familier à la fois et respectueux auquel il a
donné la préférence. Et voilà que l'une des pein-
tures murales que nous montre encore la mère
patrie occidentale de la France conserve sur ce
point, légué par un devancier ignoré, xxnprécèdent
vraiment topique.
Cette mince curiosité archéologique, donnant