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La chronique des arts et de la curiosité — 1889

DOI issue:
Nr. 26 (20 Juillet)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19737#0215
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ET DE LA CURIOSITE

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un morceau de toile ajouté pour la circonstance :
on y voit un terrain, des « pavés lilas » (où l'im-
pressionisme va-t-il se nicher?) et des pointes de
bottes- il paraît même, d'après le chroniqueur du
Neerlandsche Spcctator de La Haye, que le pied
d'un des personnages mutilés est resté sans pointe,
et que cette peinture ajoutée aura noirci avant dix
ans.

Autre perfectionnement. Tout le monde connaît
aujourd'hui 1e Leçon cl'anatomie de Jean Deyman,
de Rembrandt, ouvrage dontles vicissitudes furent
encore plus étonnantes que celles de la Sortie des
Arquebusiers, car il avait été aux trois quarts dé-
truit dans uu incendie, puis l'admirable fragment
qui eu restait avait disparu, puis on l'avait retrouvé
eu Angleterre, où sou authenticité discutée fut
affirmée par M. Bod>, puis enfin, acheté et donné
à la ville par une réunion d'amateurs d'Amster-
dam et placé d'abord dans une salle de la galerie
Van der Hoop, il avait fini par trouver au nou-
veau Rijks-Museum un refuge defluitif. Arrivé là,
il semblait devoir être pour toujours à l'abri de
nouvelles mésaventures. Mais les tableaux ont
leur destinée, comme les livres...

Les restes de ce tableau comprenaient le superbe
et sinistre cadavre que l'on sait, un assistant de-
bout à côté, vu à mi-corps, et, derrière le cadavre
l'opérateur qni fait sa démonstration en appuyant
les extrémités des cinq doigts de la main sur le
cerveau à nu du cadavre trépané. Par malheur, la
tête de Deyman avait disparu tout entière daus
l'incendie. Le haut du tableau, ou du moins, de
ce qui eu restait, formait une sorte de cintre très
surbaissé, un peu inégal, et on avait été obligé de
cacher par un très court rideau plissé l'espace,
large environ de quinze centimètres, qui s'é-
tendait entre la peinture restante et le cadre.

Ce rideau dont l'effet n'était pourtant pas cho-
quant, a saus doute paru indigne des splendeurs
de la salle Rembrandt. Ou l'a remplacé par de la
peinture : le fond sombre s'est prolongé jusqu'au
haut de la toile, et le personnage de l'opérateur
s'est prolongé aussi! On lui voit maintenant non-
seulement le menton, la bouche et la moustache,
mais le nez, les joues et les paupières inférieures;
tout cela, il est vrai, dans une gamme assez
éteinte.

Tels sont les faits, racontés exactement.

Restituer à Van der Helst quoi que ce soit, fût-
ce une modeste bande de terrain, c'est déjà trop,
beaucoup trop ; mais ajouter une tète presque
entière à un tableau de Rembrandt, qui l'eût
rêvé ?

Voilà un fait qui pourrait réveiller pour long-
temps, et cette fois très légitimement, l'horreur
inspirée à presque tous les artistes par le seul mot
de « nettoyage ». Passe encore pour des pavés,
même lilas, quoique la règle doive être absolue
et sans exeptions admissibles ; mais tous ceux qui
aiment l'art et qui respectent les maîtres doivent
s'unir pour supplier qui de droit de leur accorder
lalêtedc Deyman. Rien ne serait plus facile que
d'insérer dans le cadre une planchette dorée, de
forme cintrée, qui descendrait exactement jusqu'à
l'endroit respecté par l'incendie.

Rien ne serait plus facile, et eela doit absolu-
ment se faire. On pourra ensuite acclamer d'un
cœur plus joyeux le nettoyage si admirablement
exécuté, qui, de l'avis de tous, donne à la Sortie

des Arquebusiers un merveilleux renouveau de
jeunesse.

E. Durand-Gkéville

Inauguration du monument de Goligny

L'inauguration du monument élevé à la mé-
moire de Coligny a eu lieu mercredi dernier, à
dix heures.

Situé au chevet du temple de l'Oratoire, il me-
sure une hauteur totale de 10 m. 60. Le soubas-
sement, auquel on accède par trois marches, est
en marbre blanc.

De chaque côté du fronton du soubassement
sont appuyées deux figures en marbre blanc re-
présentant la Patrie et la Religion, et ayant cha-
cune 2 m. 90. A gauche est la Patrie, coiffée du
casque. Elle tient delà main droite nne èpée nue,
serrée contre elle, et elle appuie sur le fronton la
main gauche qui tend une couronne d'immor-
telles, avec cette inscription : <• Saint-Quentin —
, 1557. » C'est le souvenir de la belle défense de
cette ville par Gaspard de Coligny.

A droite est la Religioc. Elle a une main sur le
cœur; l'autre tient une palme. Une bunderollo
autour de cette palme porte simplement la date
de la Saint-Barttaelemy : 24 août 1572. Au mi'ieu
du fronton s'élève le piédestal sur lequel est pla-
cée la statue de Coligny. Devant le piédestal est
une Bible ouverte, avec Ces deux citations : a La
mémoire de l'homme juste subsiste à perpétuité
(Ps. CX1I, (i). — Il tient ferme comme s'il eût vu
celui qui est invisible (Hébr. XI, 27). »

De chaque côté du piédestal s'élèvent deux co-
lonnes en pierre de Lorraine qui supportent l'en-
tablemeut au centre duquel est ime table de granit
où sont gravés ces seuls mots en lettres d'or :
Gaspard de Coligny. Le couronnement, entre
deux vases Renaissance, comprend les armes de
l'amiral, avec cimier, couronne comtale, brandies
de laurier, etc.

L'écusson avec sa devise: Je les espreuve tous,
est entouré du collier à coquillage de l'ordre de
Saint-Michel.

Au milieu d'un encadrement assez sobre, sur
uu fond de granit, se détache la statue de l'amiral
qui a une hauteur de trois mètres.

Coligny est représenté au moment où il prend
la résolution de quitter Châtillon et de venir à
Paris, bien qu'il sache qu'on a résolu de l'assas-
siner. Il est debout, la main gauche sur la garde
de son épée, le poing droit crispé contre la poi-
trine. Il porto les longues bottes moll s, le pour-
point et la pelisse « goldronnée >-, et la toque
sans plumes. Autour du cou est la médaille de
saint Michel qu'il ne quittait jamais. Le sculpteur,
M. Crauk, et l'architecte, M. Scellier de Gisors,
ont voulu que le monument placé dans ce petit
enclos en fit, par son caractère grave et presque
religieux, une sorte de Campo Santo; ils ont
parfaitement réussi.

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Académie des Inscriptions

Les inscriptions héteennes. — M. Joachim Me-
nant, continuant lalecture de son mémoire, aborde,
, après M. Sayce, le déchiffrement des textes de
 
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