DOI Heft:
Nr. 13 (30 Mars)
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.19764#0115
N° 13. - 1007.
BUREAUX : 8, RUE FAVART (2= Arr.)
30 Mars.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
Les abonnés à la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement la Chronique des Arts et de ia Curiosité
Prix de l’abonnement pour un an
Paris, Seine et Seine-et-Oise. ... 10 fr.
Départements. 12 fr.
X^e XTxim.éro
Étranger (Etats faisant partie de
l’Union postale)
O fr. 25
15 fr.
PROPOS DU JOUR
n a parlé, il y a quelque temps, en
termes heureusement assez va-
gués, de construire un théâtre sur
l’emplacement de l'ancien Cirque
d’Eté. Il n’y aurait rien à dire contre ce projet
si les Champs-Elysées ne devaient en souffrir.
L’idée de doter de salles de spectacles les
quartiers qui en sont privés est naturelle et
elle s’impose môme à mesure qu’une ville
s’accroît et que des quartiers neufs se bâtis-
sent et se peuplent. Des tentatives plus ou
moins heureuses et encore incomplètes ont
déjà montré que les théâtres ou les salles « de
quartier » commençaient de répondre à un
besoin.
Il serait tentant, d’autre part, de confier
à des architectes qui ne seraient pas asservis
à la routine un théâtre moderne à construire.
Il y a là un vaste champ d’études où les
initiatives originales pourraient se donner
libre cours. Sans parler de la partie décora-
tive, l’ordonnance même d’une salle, le plan
à adopter pour la rendre commode au spec-
tateur, n’ont pas été depuis assez longtemps
l’objet des recherches de nos artistes. Nous
vivons sur d’anciens modèles, et chacun a
fait l’expérience de leurs défauts comme de
leurs qualités. Nos idées sur la sécurité,
l’hygiène et la simple commodité sont loin
de s’opposer à ce que les architectes se rési-
gnent à un effort de renouvellement.
Mais si une tentative doit être faite, on ne
voit pas pourquoi les Champs-Elysées se-
raient condamnés à en souffrir. Ce n’est pas
parce que tel emplacement était jadis occupé
par un cirque, qu’il est voué à la maçonnerie.
Si l’on tient à construire un théâtre dans ce
quartier, on trouvera sans peine où arrêter
«on choix. Mais les Champs-Elysées sont aux
arbres, aux jardins, à l’air et à l’espace ;
qu’on se garde de rien diminuer de ce qui
fait précisément la rareté, le charme et la
majesté de leur aspect.
Un autre théâtre préoccupe à bon droit les
artistes et tous ceux qui ont souci des monu-
ments de France : c’est celui de Nancy. Un
concours a été ouvert pour reconstruire le
petit théâtre qui occupait l’un des quatre
pavillons de la place Stanislas et qui a été
incendié. Mais si les architectes concurrents
étaient obligés de conserver la façade, ils
avaient le droit, pour agrandir le théâtre,
d’utiliser aussi certaines maisons attenantes
et même de surélever l’édifice. Là est le
péril : toute la symétrie, toute la justesse
des proportions, toute l’ordonnance de la
place Stanislas est irrémédiablement mena-
cée, si l’on donne suite à ce projet. Mais une
ville comme Nancy, qui a le culte de son
passé et le goût de l’art, qui s’honore par
l’activité de sa vie intellectuelle, laissera-t-elle
se commettre cette impardonnable faute ?
Un acte de vandalisme comme il est à
craindre qu’il ne s’en produise trop désor-
mais, est porté à notre connaissance. Le
conseil municipal de Villemaur (Aube) vient
de demander l’aliénation d’une œuvre d’art
admirable que l’église de ce village avait la
gloire de posséder : un jubé en bois sculpté,
datant de 1521, œuvre de deux artistes lo-
caux, qui compte, écrivent MM. Kœchlin et
J.-J. Marquet de Vasselot dans leur H<sloi e
fie la sculpture à Troyes et dans la Champa-
gne méridionale, « parmi les chefs-d’œuvre
de la sculpture en France ». La préfecture
— on se demande par quel prodige d’in-
conscience ou d’ignorance — a transmis
cette délibération au ministère avec avis
BUREAUX : 8, RUE FAVART (2= Arr.)
30 Mars.
LA
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X^e XTxim.éro
Étranger (Etats faisant partie de
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O fr. 25
15 fr.
PROPOS DU JOUR
n a parlé, il y a quelque temps, en
termes heureusement assez va-
gués, de construire un théâtre sur
l’emplacement de l'ancien Cirque
d’Eté. Il n’y aurait rien à dire contre ce projet
si les Champs-Elysées ne devaient en souffrir.
L’idée de doter de salles de spectacles les
quartiers qui en sont privés est naturelle et
elle s’impose môme à mesure qu’une ville
s’accroît et que des quartiers neufs se bâtis-
sent et se peuplent. Des tentatives plus ou
moins heureuses et encore incomplètes ont
déjà montré que les théâtres ou les salles « de
quartier » commençaient de répondre à un
besoin.
Il serait tentant, d’autre part, de confier
à des architectes qui ne seraient pas asservis
à la routine un théâtre moderne à construire.
Il y a là un vaste champ d’études où les
initiatives originales pourraient se donner
libre cours. Sans parler de la partie décora-
tive, l’ordonnance même d’une salle, le plan
à adopter pour la rendre commode au spec-
tateur, n’ont pas été depuis assez longtemps
l’objet des recherches de nos artistes. Nous
vivons sur d’anciens modèles, et chacun a
fait l’expérience de leurs défauts comme de
leurs qualités. Nos idées sur la sécurité,
l’hygiène et la simple commodité sont loin
de s’opposer à ce que les architectes se rési-
gnent à un effort de renouvellement.
Mais si une tentative doit être faite, on ne
voit pas pourquoi les Champs-Elysées se-
raient condamnés à en souffrir. Ce n’est pas
parce que tel emplacement était jadis occupé
par un cirque, qu’il est voué à la maçonnerie.
Si l’on tient à construire un théâtre dans ce
quartier, on trouvera sans peine où arrêter
«on choix. Mais les Champs-Elysées sont aux
arbres, aux jardins, à l’air et à l’espace ;
qu’on se garde de rien diminuer de ce qui
fait précisément la rareté, le charme et la
majesté de leur aspect.
Un autre théâtre préoccupe à bon droit les
artistes et tous ceux qui ont souci des monu-
ments de France : c’est celui de Nancy. Un
concours a été ouvert pour reconstruire le
petit théâtre qui occupait l’un des quatre
pavillons de la place Stanislas et qui a été
incendié. Mais si les architectes concurrents
étaient obligés de conserver la façade, ils
avaient le droit, pour agrandir le théâtre,
d’utiliser aussi certaines maisons attenantes
et même de surélever l’édifice. Là est le
péril : toute la symétrie, toute la justesse
des proportions, toute l’ordonnance de la
place Stanislas est irrémédiablement mena-
cée, si l’on donne suite à ce projet. Mais une
ville comme Nancy, qui a le culte de son
passé et le goût de l’art, qui s’honore par
l’activité de sa vie intellectuelle, laissera-t-elle
se commettre cette impardonnable faute ?
Un acte de vandalisme comme il est à
craindre qu’il ne s’en produise trop désor-
mais, est porté à notre connaissance. Le
conseil municipal de Villemaur (Aube) vient
de demander l’aliénation d’une œuvre d’art
admirable que l’église de ce village avait la
gloire de posséder : un jubé en bois sculpté,
datant de 1521, œuvre de deux artistes lo-
caux, qui compte, écrivent MM. Kœchlin et
J.-J. Marquet de Vasselot dans leur H<sloi e
fie la sculpture à Troyes et dans la Champa-
gne méridionale, « parmi les chefs-d’œuvre
de la sculpture en France ». La préfecture
— on se demande par quel prodige d’in-
conscience ou d’ignorance — a transmis
cette délibération au ministère avec avis