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La chronique des arts et de la curiosité — 1917(1919)

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Nr. 3 (Juillet-Septembre 1917)
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ET DE LA CURIOSITÉ

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Par contre, la loi est muette en ce qui concerne
les richesses détruites des musées et des biblio-
thèques. A ce propos, M. Braut, faisant sienne à
son tour une théorie déjà mentionnée ici, professée
par beaucoup de bons esprits, et. énoncée, au len-
demain de la destruction du musée d’Arras, dans
un vœu de la Société historique du Pas-de-
Calais, demande qu’au jour du règlement de
comptes avec l’Allemagne, nous exercions chez elle
des reprises ou réclamions à ses musées et à ses
églises des indemnités en nature, c’est-à dire des
œuvres d’art, destinées à nous payer de uns
perles.

Souhaitons que nos législateurs, avant de voter
définitivement le projet de loi qui leur est soumis,
fassent leur profit de toutes ces réflexions.

A. M.

Villes meurtries de Belgique. — Bruxelles et
Louvain, par L Dumont-Wilden ; Anvers,
Malines et Lierres, par Emile Verhaeren ;
Les villes wallonnes, par Jules Destrée;
Villes de Flandre, par Pierre Notitomr. —
Bruxelles et Paris, 1910-1917, G. Van Oesl et 0'%
4 vol. in-18, av. fig.

Voici un précieux et émouvant répertoire. Louons
tout de suite M. Van Oest de l'avoir dressé, car il
est bon de faire connaître à l’univers les trésors
d’art détruits ou menacés, avant même qu’on puisse
dénombrer dans leur détail tant de dévastations
accomplies pour le goût de détruire. Il faut aussi
qu’on sache mieux tout ce que contient ce noble
pays de Belgique et ce qu’on est en droit d’y re-
trouver. La forme adoptée de volumes de petites
dimensions, avec une division géographique com-
mode, est donc avantageuse pour ces divers des-
seins, soit que le visiteur futur parcoure, livre en
mains, ces contrées souillées, soit que le savant
cherche à reconstituer la physionomie des villes
et des édifices, soit que le philosophe commente
des hauts faits do barbares constamment dignes
de leurs ancêtres.

On ne pouvait mieux donner l’image des di-
verses contrées qu’en s’adressant à des auteurs
plus préparés que quiconque à parler de celles-ci.
Chacun d’eux a sommairement passé l’histoire en
revue, décrit les aspects de la cité, du village ou
de la campagne, énuméré enfin les désastres dont
on ne sait, hélas ! si la liste est close. Et les
pages exquises de Verhaeren prennent un accent
particulier, rendu plus émouvant encore par les
poèmes qu’on y a ajoutés, lorsqu’on songe que le
poète a été frappé lui aussi et ne connaîtra ni
l’étendue du mal, ni la résurrection.

Au texte des figures assez nombreuses ajoutent
leurs précisions, souvent cruelles, et l’on sent
frémir, une fois de plus, à les regarder, cette im-
mense tendresse que l’on garde aux vieux édifices,
témoins non impassibles certes des annales sécu-
laires. Il serait bon, croyons nous, d’établir, pour
chacun de nos départements envahis un aperçu
analogue à ceux-ci, grâce auquel on comprendrait
davantage ce que l’on perd en perdant une œuvre
d’art qui est un monument de l’histoire.

J. M.

Gustave Coquiot. — Rodin à l’hôtel Biron et à
Meudon. — Paris, Ollendorlf. In-4°, 225 p. avec
50 planches.

Au lendemain du jour où la générosité d’un

grand artiste et le vote du Parlement viennent de
doter la France d’un nouveau musée, on accueil-
lera avec plaisir ce beau livre où nous est présenté
le tableau de ce qu’est déjà et de ce que sera le
Musée Rodin.

L’auteur, qui revendique l’honneur d’avoir le
premier suggéré l'idée d’utiliser de cette manière
l’hôtel Biron et qui a été fréquemment le confident
de l’artiste, conte d’abord le passé du Joël hôtel
construit de 1728 à 1730 par J. Gabriel pour Pey-
renc de Moras et ses vicissitudes depuis la fer-
meture, en 1904, de l’établissement appartenant à la
congrégation du Sacré-Cœur; puis il nous introduit
par le texte et par l'image dans l’intimité de la vie
et des travaux du sculpteur dans cette magni-
fique demeure et, antérieurement, dans sa villa de
Meudon, non moins peuplée de chefs-d’œuvre et
faisant partie, elle aussi, de la donation faite à
l’Etat français. Des réflexions et des pensées de
l’artiste notées au cours de ses conversations, dou-
blent encore l’intérêt des œuvres — sculptures
et dessins, choisis parmi les plus célèbres ou les
plus expressifs — que reproduisent de belles pho-
togravures auxquelles s’ajoutent des vues exté-
rieures et intérieures des deux habitations.

Le livre se termine par une documentation des
plus utiles pour les historiens futurs de l’art fran-
çais : le texte des rapports déposés à la Chambre
et au Sénat par M. Simyan et M. Lintilhac en
vue de l’acceptation du don Rodin, et le compte
rendu in extenso des discussions passionnées qui
précédèrent le vote des deux Chambres.

A. M.

Daniel Baud-Bovv. — Les Caricatures d'Adam
ToepfFer et la Restauration genevoise. In-
troduction par Edouard Ciiapuisat. Genève, Fr.
Boissonnas. In-4° oblong, 91 p. à 2 col., avec 30
planches, dont 5 en couleurs.

Get album apporte une intéressante contribu-
tion supplémentaire à l'histoire d’un des artistes
dont M. Daniel Baud-Bovy nous avait tracé le
portrait dans ses érudites études sur Les Peintres
suisses (1) : Adam Tœpffer, père du célèbre ro-
mancier et dessinateur Rodolphe Tœpffer. Il s’a-
git, comme le titre l’indique, de simples carica-
tures au lavis ou à l’aquarelle, mais qui sont,
comme l’observe très justement M. Edouard Cha-
puisat, parmi les créations les plus remarquables
de celui qu'il surnomme le « Hogarth de Genève ».

Ces charges (dont les originaux sont conservés
au Musée d’art et d’histoire de Genève) furent
exécutées en 1817 ; inspirées à Tœpffer par les
événements poli tiques locaux qui suivirent la restau-
ration de la république de Gpnève, elles mettent en
scène avec une verve spirituelle et parfois cinglante
les agissements et les figures des politiciens d’alors,
évoquent les luttes religieuses, stigmatisent la dé-
cadence du goût et l’incompréhension de l’art, sil-
houettent de façon amusante les personnages ren-
contrés quotidiemment dans les rues de Genève.

Reproduites excellemment en fac-similé et accom-
pagnées d’une intéressante étude où M. Daniel
Baud-Bovy les replace dans le milieu et le moment
où elles furent crées, ces aquarelles constituent un
recueil précieux de documents pour l'histoire des
mœurs et de l’art genevois à cette époque.

A. M.

(I) Y. Gazette des Beaux-Arts, 19uG, t. II, p. 261.
 
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