Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

La chronique des arts et de la curiosité — 1917(1919)

DOI Heft:
Nr. 4 (Octobre-Décembre 1917)
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.25675#0057
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
K» 4. — 1917.

BUREAUX : 106, BD SAINT-GERMAIN (6e)

Octobre-Décembre.

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Les abonnés à la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement la Chronique des Arts et de la Curiosité

Le ISTuméro : O fr. 5 0

PROPOS DU JOUR

a guerre, hélas ! n’est point achevée,
mais on commémore déjà. C’est
aller bien vite. Ne manque-t-il
pas à ces célébrations le recul, de
quelques mois au moins, et la perception
nette des événements que la paix seule nous
procurera? Les sentiments auront-ils perdu
de leur vigueur, 6e lassera-t-on de se sou-
venir pour avoir attendu qu’une vue d’en-
semble détermine l’ampleur des faits, précise
les actions individuelles?

Une telle hâte fournit au mauvais goût tant
d’occasions de se manifester qu’il s’agit véri-
tablement d'un danger national. Lee initia-
teurs en quête d’un marbre à ériger ou d’une
plaque à apposer, qui ont su intéresser un
« comité » à leurs efforts, ne sont guère des
artistes de premier plan, croyons-nous; ce
seront aussi des industriels, voire d'irres-
ponsables fonctionnaires de médiocre infor-
mation. Résultat : le territoire se peuple de
« monuments » laids, malheureusement dé-
finitifs, les demeures s’encombrent d’images
banales.

Ainsi, en empiétant sur la marche des
jours, on compromet la manifestation sacrée
des deuils et des gloires de la patrie, et l’on
porte atteinte à un renom artistique dont on
s’enorgueillit dans le moment même. Les
exemples sont innombrables. Qu’il s’agisse de
cippes funéraires, de plaques destinées « à
toutes les communes de France », d'affiches
ou de diplômes, de médailles ou d’épées, voire
des plus modestes souvenirs, la conception
est uniformément banale.

Conçoit-on rien de plus lamentable, par
exemple, que les plaques apposées dans une
petite cité renommée pour son caractère pit-
toresque? N’a-t-on pas vu au Musée de
l’Armée un modèle de bas-relief qui semblait
fort de l’estampille officielle et n’avait nulle
autre force? Des mémoriaux se sont élevés

dans la Marne, inspirés des types les plus
vulgaires, qui rabaissent en quelque sorte
des faits immenses à la dimension d’une en-
treprise de marbrerie courante. Le matériel
des cimetières sévit sur les champs de ba-
taille, où les croix de bois du premier instant
avaient une autre éloquence. Et que dire de
ce diplôme délivré par l’Etat, copie ratatinée
d’une œuvre immortelle, il est vrai, mais non
faite pour l’image plane et ne se rapportant
point aux événements que nous vivons? Com-
ment excuser certaine plaque posée récem-
ment dans un lycée de Paris?

Il faudrait mettre un terme à ce zèle intem-
pestif. Il faudrait surtout que l’Etat lui-même
s’en abstînt, n’oubliant pas la mission
d’enseignement et de pondération qu’il aurait
à remplir, avant d'aider aux œuvres commé-
moratives ou d’en perpétrer lui-même. Il est
aussi le gardien de l'histoire; il peut, à ce
titre, proscrire des monuments officiels les
textes emphatiquesoudouloureux, qu’il y au-
rait avantage à soumettre tous à l’Académie
des Inscriptions et Belles-lettres, de laquelle
ce fut là, à l’origine, le rôle et la fonction.
Par ailleurs, des Commissions départemen-
tales restreintes d’artistes devraient être dési-
gnées — et combien sévèrement choisies —
et nanties de pouvoirs discrétionnaires pour
connaître et décider de tout projet quelcon-
que de commémoration.

NOUVELLES

Dans la composition du récent cabinet
ministériel constitué par M. Clemenceau, le
poste de sous-secrétaire d Etat des Beaux-
Arts, qu’occupait M. Dalimier, a été sup-
primé et nta pas été remplacé par une direc-
tion des Beaux-Arts.

*** Par décret du Président de la Républi-
que en date du 6 novembre 1917, rendu sur
le rapport du ministre de l’Instruction pu-
blique et des Beaux-Arts, M. Sainsère, con-
seiller d’Etat honoraire, président de la So-
 
Annotationen