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La chronique des arts et de la curiosité — 1920

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Nr. 7 (15 Avril)
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https://doi.org/10.11588/diglit.25680#0069

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ET DE LA CURIOSITÉ

moderne où la France et la Belgique fraternisent.
Ici, les tableaux anciens ne sont représentés que par
deux Rubens : un portrait d’homme, venu de la
vente Tabourier (1898), et ce vigoureux Combat des
Démons avec les Anges qui rappelle aux historiens
du maître d’Anvers la composition remarquée par
Bellori dans l’église des Jésuites de Lille.

Déjà, la présence de Rubens n’est-elle pas l’hom-
mage réfléchi d’un bon Flamand au'géantde sa race?
Et si les documents nous manquaient sur la per-
sonnalité très accusée du collectionneur, sa collection
suffirait à la révéler. Qu’importe l’absence de toute
préface au catalogue? A première vue, deux direc-
tions parallèles se devinent: et comme les exem-
plaires de choix d’une bibliothèque, les visions
antiques de Corot, de Gustave Moreau, de M. René
Ménard, attestent le goût supérieur d’un humaniste
formé par la culture française aux nobles joies de
l’idéale émotion, tandis que l’école dite de 1830, où
Barbizon prépare la voie aux petits maîtres de la
Belgique, nous parle d’un Flamand sensible au beau
morceau de peinture, à toutes les séductions de la
matière et de la pâte.

Aussi bien, le professeur Alphonse Willems,
apprécié des hellénistes et des bibliographes pour
ses travaux originaux sur Aristophane et les Elzevier,
n’était pas un collectionneur ordinaire ; il disait lui-
même : « Je n’achète que ce que j’admire » ; et celui
qui croyait, avec notre La Bruyère, au bon goût
façonné par une éducation classique, accordait
d’emblée la première place aux Bergers d’Arcadie,
« paysage antique » de Corot (1).

Une idylle autour d’une tombe : voilà le poème
que peignait un divin septuagénaire vers 1872 ; et
cette Grèce de rêve apparaissait à son heureux pos-
sesseur plus près de Théocrite que de Virgile, par
cette senteur de nature qui s’exhale familièrement
de sa poésie. Gomme le non moins vaporeux Souve-
nir des marais de Fampoux, daté de juin 1871, cette
pastorale était venue de la collection de Charles
Desavary d’Arras, l’ami de Constant Dutilleux et
d’Alfred Robaut.

Tel un pur sonnet parnassien, la Mort de Sapho,
glorifiée par Gustave Moreau, ne paraît pas moins évo-
catrice en sasomptueuseprécision : jamais l’érudition
ne s’est revêtue de plus riches couleurs. C’est la
seconde perle de l’écrin qu'illumine le doux songe
du vieux Corot. La troisième est ce Rêve antique de
M. René Ménard que M. Willems se hâta de con-
quérir au Salon de Bruxelles; nos yeux y recon-
naissent une réplique fragmentaire et réduite de la
décoration de l’Ecole de Droit; ici, comme à chacun
de nos Salons, le neveu d’un païen mystique s’affirme
le véritable héritier de Puvis de Chavannes et le
défenseur de l’humanisme en péril, en exprimant la
persistante et mélancolique survie des blanches
muses rêvées dans l’ombre des ruines...

La réconfortante poésie de ces trois pages capitales
risque d’obscurcir une savante Bataille de Salamine,
de Kaulbach, mais ne fait aucun tort aux réussites
de la palette ; quelques-unes sont une vraie «fête
pour l’œil » : le Café turc (1837) de Gabriel Decamps,
que Baudelaire apercevait au Salon de 1840 ; l’éton-
nante vue cavalière de Paris que Théodore Rousseau
brossa sous un soir d’orage, et le Port de Ronfleur
dont Vollon, beau peintre, ensoleilla les voiles.

A défaut du Delacroix et du Millet que M. Willems
n’avait pu dénicher, Daubigny, dans sa négligence
apparente (le Château-Gaillard, 1873, et des Bords de 1

l’Oise), Troyon, dans sa vigueur un peu matérielle
(Vaches au pâturage et Moutons sous bois), une Venise
de Ziem, le Désert, une des rares études d’après
nature de Fromentin, soutiennent le bon renom de
la France, sans écraser de leur brillant voisinage le
vigoureux naturalisme de la petite école belge :
témoin le Malin (1865), d’Hippolyte Bouîenger, qui
fut la première acquisition du collectionneur; auprès
de Constable, de Mauve et des nôtres, sa rustique
sincérité résiste aux comparaisons.

Les Femmes catholiques (1853), moyen-âgeuse et
magistrale composition d’Henri Leys, le Modèle,
très moderne au contraire, d’Alfred Stevens, les
Adieux (1856), de Florent Willems, la Fête au château
(1873), de J.-B. Madou, le Forgeron (1881), de Cons-
tantin Meunier, des tableautins de Joseph Stevens et
de Charles de Groux, un symbole de Knopff, une
marine d’Artan, rappellent la permanence de la
race dans la diversité d’une évolution. Longtemps
rebelle à la virtuosité technique ainsi qu’à la bâte
plus récente des « sténographes d’atmosphère », le
plus classique des collectionneurs avait fini par
goûter l’audace : il admettait la Cour de ferme,
d’Henri de Braekeleer, à côté d’un Matin de mars, de
M. Emile Glaus ; et le confident d’Aristophane avait
retenu cette impayable prophétie du vieux conser-
vateur Fétis: « N’achetez pas Corot... car, dans dix
ans, on n’en parlera plus ! »

Raymond Bouver

Estampes anciennes et modernes

Vente faite à l’Hôtel Drouot, salle 6, le 13 mars, par
M« I jair-Dubreuil et André Desvouges, assistés de
M. Loys Delteil.

Baudouin (d’après). — 10. L’Epouse indiscrète, par
De Launay. Etat non décrit, avant la dédicace : 2.800.

31. Chardin (d’après). Jeune fille à la raquette:

1.000. — 34. Chevaux (d’après). Le Secours urgent et
Le Traître découvert, par Bonnet: 1.850.

Demarteau (G.). — 44. Petites Pastorales, d’apr.
Huet. En couleurs: 5.120.

Descourtis. — 45. Vue du Port Saint-Paul. Vue de
la Porte Saint-Bernard, d’apr. De Machy. En cou-
leurs : 3.020. — 46. Vue du Port Saint-Paul, d’apr.
De Machy. En couleurs (sans marge): 1.220. — 54.
Dyck (Ant. Van). Franck (Fr.). 2e état, avant la
lettre: 1.661.

Huet (J.-B.). — 90. La Laitière, par Demarteau,
2 tons : 1.480.

Janinet. — 92. Mlle Duthé, d’apr. Le Moine. En cou-
leurs : 3.350. — 93. Bacchus préside à la fête, d’apr.
Caresme. En couleurs : 1.500. — 100. Lady Rushout
et Daughter, par T. Burke. En bistre : 3.200. — 103.
Ah ! laisse-moi donc voir ! frétât, avant toute lettre,
en couleurs : 7.500. — 104. L’Assemblée au Concert
et l’Assemblée au Salon, par Dequevauviller : 1.550.—
106. Le Retour trop précipité, par Pierron : 1.550.

Meryon (Ch.). — 116. Meryon (Charles) à mi-corps,
par Bracquemond: 1.200. — 116 bis. Le Stryge. Avec
les vers, sur papier verdâtre : 10.000. — 117. Le Petit
Pont. 4e état, avant la lettre: 4.900. —- 117 bis. La
Galerie Notre-Dame. Avant la lettre, et avant les
minuscules corbeaux, sur papier verdâtre : 10.000.—
118. La Rue des Mauvais Garçons. Sur vieux japon :
5.100. — 119. La même estampe. Sur hollande : 1.800.

— 120. La Tour de l’Horloge. Papier verdâtre : 2.300.

— 121. La même estampe. Avant la lettre : 1.300. —
122. Tourelle de la rue de la Tixéranderie. Avant la
lettre, survieux japon: 5.400. — 123. Sainl-Etienne-
du-Mont. Papier verdâtre : 7.000. — 123 bis. La

(1) N° 2224 du Catalogue Moreau-Nélaton.
 
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