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N" H. - 1090.

BUREAUX: 106, BD SAINT-GERMAIN (6«)

an avril.

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

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Le K"uméro ; 1 Franc

PROPOS 00 JOUR

L y ava't au Panthéon des tables de
marbre, placées en vertu d’une
loi, SUI ^es<luePes étaient gravés les
noms des citoyens morts pour la
liberté pendant les journées de juillet. Eh bien !
on en a supprimé deux et il est hors de doute
que l’on déboulonnera les deux autres pour
faire place aux « monuments » dont l’édifice
sera sous peu complètement rempli. Ce sans-
gêne à l’égard de la loi et de l'histoire n’a-t-il
pas quelque chose de choquant? Mais il y a
plus: on s’apprête, dit-on, à masquer presque
tes peintures de Puvis de Chavannes par de
vastes amoncellements sculpturaux, legs de
sous-secrétaires d’Etat aux Beaux-Arts pour qui
les «commandes» étaient un moyen de popu-
larité, leur raison de durer et le seul système
qu’ils connussent de gouverner les arts. Le
malheur est que ces commandes furent régu-
lièrement passées, les mémoires ordonnancés
par à-comptes judicieux, selon les rites si
supérieurement compliqués de notre comp-
tabilité publique... et qu’il faut assister main-
tenant à l’édification de ces blocs innombra-
bles.

Et tout cela fait sans plan d’ensemble, cela va
sans dire. La sculpture, se jugeant lésée dans
le programme primitif de la décoration, qui
faisait la place large à la peinture, s’est bien
rattrapée depuis, et le fait est que l’on en met
partout, chaque artiste travaillant selon ses vues
et, en général, sans se préoccuper du cadre
architectural. Exemple: la glorification des ora-
teurs et publicistes de la Restauration, récem-
ment mise en place, commence, en son motif
principal, à la hauteur où M. Bartholomé, si
sagement, acheva le monument de .1 -J. Rous-
seau, borné au soubassement même du pilier
contre lequel il est adossé.

Que va-t-on mettre sur les deux piliers voi-
sins ? Peut-on espérer une conscience plus
exacte de l’harmonie et le souci de respecter
les lignes de la construction ? On l’ose à peine.

Quoi qu’il en soit, voici que l’on entasse quel-
que vingt-cinq tonnes de marbre et de pierre
dans le transept sud et l’abside, sans que, parait-
il, il y ait rien à faire qu’à admirer ou à mau-
dire, selon le cas.

Mais peut-être le moment serait-il venu de
reviser ces « marchés » — opération à la mode
pour de bien autres raisons, il est vrai — et de
donner enfin au public tout ce que l’on se
propose d’ajouter au Panthéon? Les surprises
ne sont pas toujours agréables : essayons

d’écarter au moins celles qui ne le seraient
pas du tout—- fût-ce au prix de certains sacri-
fices.

Du reste, un grand découragement vous
prend lorsqu’on sait combien peu réussissent
les tentatives de sauvegarde à l’encontre de la
statuomanie envahissante. Voici que du sein
même du Conseil municipal, qui s’est prononcé
énergiquement à différentes reprises contre de
nouvelles commémorations sur la voie publique,
surgissent des projets de monuments. 11 s’agit
de Galliéni par exemple: certes, nous n’enten-
dons pas attenter à sa gloire, mais sera-ce la
servir efficacement que de consacrer au défen-
seur de Paris quelque énorme mémorial, où
nous le verrons figé dans une attitude que l’his-
i toire, en somme, n’a point encore définie ?
Combien une fondation utile serait et plus
digne et plus réellement « commémorative » !
Mais les comités n’attendent pas et rien ne
vaut à leurs yeux la débauche sculpturale.
Tant qu’il restera un carrefour vierge de statue,
une place à peu près démunie d'édicules et
propice à la circulation comme au déploiement
de la foule, ils la guetteront et ne la lâcheront
plus.

Ne parle-t-on pas d’encombrer le jardin du
Palais-Royal d’un monument au Génie latin ?
Et gare les monuments de la guerre, qui déjà
s’élèvent de toutes parts! 11 faut réagir. Com-
mençons par savoir ce que l’on compte faire de
plus au Panthéon, ce qu’il y a encore de
« commandé », puis veillons sur les lieux
menacés; peut-être parviendra-t-on dans la suite
à nettoyer quelques-uns de ceux qui ont leur
contingent d’effigies.
 
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