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La chronique des arts et de la curiosité — 1920

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Nr. 12 (30 Juin)
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https://doi.org/10.11588/diglit.25680#0130

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106

LA CHRONIQUE DES ARTS

a aussi un ou deux sculpteurs à nommer, MM. G.
Gontesse et sa Baigneuse, André Bivaud et ses
médailles, Edw. Bûcher et son Lapin en chêne
sculpté, Christophe et ses Juments, Marcel Temporal
et sa Femme à la pomme. M. Fernand Nathan a
exposé quelques-unes de ses remarquables créations

d’art appliqué. Ainsi la première manifestation

collective de la Fédération possède-t-elle un certain
nombre d’œuvres dignes d’attention et d’estime.

Aux « Feuillets d’art », de pieuses mains ont
rassemblé (1) l’œuvre peint d’Alfred Pichon, que la
guerre a emporté en 1918 et qui fut un délicat lettré,
l’historien averti et fin de Beato Angelico. Ceux qui
ne connaissaient point sa peinture pensèrent qu’on
allait leur montrer des travaux d’amateur, qu’on
saluerait avec le respect dû à une victime des évé-
nements. Ils ont.été promptement détrompés. Pichon
eut un véritable tempérament de peintre, et la pein-
ture, au milieu de dons nombreux, s’installait
volontiers en Souveraine. Ses récents biographes ne
nous ont pas dit où il avait appris à peindre : nous
supposerons qu’il n’eut pas de maître, au sens commun
du mot, et que son inspiration, non gênée par l’ensei-
gnement et les formules, n’eut d’autre source que ses
facultés, l’observation scrupuleuse, probe, de la
nature, la consultation de chefs-d’œuvre élus. C’est
la mer de Bretagne, comme l’Italie florentine, qui
l’inspira le mieux. Il les sentit vraiment et connut
leurs communes harmonies de gris et de nuan-
ces exquises, dont un grand amour de la fresque
développa en lui le sentiment. Nous goûtons à un
degré moindre ses montagnes, surtout dans les toiles
de grande dimension ; elles y sont devenues un peu
molles peut-être, ternes, trop assujetties, semble-t-il,
à la préoccupation d’aulres atmosphères et d’autres
formes. Mais, dans les notations rapides, elles ont la
fraîcheur nette qu’il faut. Pichon a peint quelques
bonnes effigies de femmes, a fait de larges dessins qui
révèlent son habileté. Parmi les artistes disparus
dans la tourmente, il mérite une place très en vue.

Les tapis de M. Pierre Bracquemond ont été loués
avec excès (2). Ils possèdent, certes, de grandes
qualités de coloration, des teintes délicieuses, des
harmonies chatoyantes et rares. Gela suffit-il à mas-
quer l’indigence de la composition décorative qui,
à ce degré, ne sert à rien? De simples taches juxta-
posées suffiraient, surtout en d’aussi subtiles tons.
Et pourquoi aussi cette éternelle disposition d’un
motif de milieu et d’ornements convergeant autour
de lui ? Le tapis n’a nul besoin d’être emprisonné
dans une formule.

J. Mayor

-S<38&-€-—-

Académie des Beaux-Arts

Séance du 12 juin

Elections. — M. Hippolyte Lefebvre est élu, au
quatrième tour, membre titulaire dans la section de
sculpture, en remplacement de M. Marqueste, décédé,
par 19 voix, sur 36 votants, contre 15 à M. Sicard.

M. Yan Rysselberghe, de Bruxelles, est élu corres-
pondant de la section d’architecture.

Prix.-*- Le prix Jean Jacques Berger (15.000 francs)
est partagé entre MM. Pontremoli et Constant Roux,
pour la construction et la décoration de l’Institut de
paléontologie de Paris.

(1) Du 7 au 19 juin. —■ (2) Galerie Devambez, du
31 mai au 15 juin.

Séance du 19 juin

Prix. — L’Académie a décerné les prix suivants :

Prix Meurand (1.000 fr., attribué à un jeune
peintre d’histoire ou de paysage), partagé entre MM.
Richebé et La Montagne Saint-Hubert.

Prix Brizard (3.000 fr., destiné à récompenser l’au-
teur d’un tableau à l’huile admis à l’exposition des
beaux-arts de Paris), àM. André Lagrange, peintre de
marine.

L’Académie accorde un autre prix de 3.000 fr., aux
paysagistes Llano-Florès et Julien.

Le prix Leclerc-Maria Bouland (3.000 fr. à un jeune
peintre français ayant obtenu une mention au Salon),
est partagé entre MM. Jean d’Espouy et Henri Sollier.

Le prix Edouard Lemaître (300 fr., paysage) est
partagé entre MM. Assus et René Baffin.

Académie des Inscriptions

Séance du 11 juin

Election. — L’Académie procède à l’élection d’un
membre libre en remplacement de M. Marcel Dieu-
lafoy. Au troisième tour, M. Pierre Paris, directeur
de l’école des hautes études hispaniques à Madrid,
est élu par 21 voix sur 40 votants, contre 19 à M.
Henry Cochin. Les autres candidats étaient MM. de
Gastries et P. Lacombe.

Prix. —- L’Académie attribue, sur les arrérages de
la fondation Piot, 1.500 fr. à M. Homo pour la pro-
longation de sa mission à Rome, et 2.000 francs au
P. Delattre pour continuer ses fouilles à Carthage.

REVUE DES REVUES

La Vie et les Arts liturgiques (juin). — Dans
des pages très remarquables sur Delacroix et l’art
religieux, le peintre François Fosca s’élève à bon
droit contre l’injuste préjugé qui fait considérer par
le public catholique Ingres comme un peintre plus
chrétien que Delacroix, alors que le principe de son
inspiration fut toujours tout païen, au contraire de
Delacroix qui puisa la sienne dans les plus nobles
émotions, les visions des grands poètes et les récits
de la Bible, et il en donne comme preuve les nom-
breuses et belles pages religieuses, disséminées dans
les églises et les musées, du peintre de YHolopherne
et de la Lutte de Jacob avec l’ange.

BIBLIOGRAPHIE

François Gourboin. — L’Estampe française. Gra-
veurs et marchands (Bibliothèque de l’art du
xme siècle). — Bruxelles et Paris, G. van Oest
et Cie. Un vol. in-8, x-215 p. av. 59 planches.

Sous le titre trop modeste d’« essais », le savant
conservateur de notre Cabinet des estampes nous
donne dans ce livre un manuel des plus précieux, à
la fois pour les historiens et les amateurs. On sait
de quelle faveur jouissent près de ceux-ci, depuis les
ventes triomphales de la collection Goncourt, les
estampes du xviip siècle : chaque semaine des
enchères retentissantes attestent combien sont appré-
ciées plus que jamais ces feuilles légères qui, suivant
l’expression de M. Gourboin, « ont passé comme un
tourbillon de feuilles d’automne au milieu d’une
fête galante ». Mais si l’histoire est, en général, assez
 
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