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La chronique des arts et de la curiosité — 1920

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Nr. 15 (30 Septembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.25680#0149

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N° 15. — 1920.

BUREAUX: to6. Bd SAINT-GERM A-T N QÛ

30 septembre.

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

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tLe TsTrunaéro : 1 Franc

PROPOS DU JOUR

près différentes péripéties, les dis-
jyVfjY-A positions relatives à la non-expor-
tationdes « objets présentant un
5^-4. intérêt national d’histoire ou d’art »
ont pris force de loi. 11 est désormais interdit de
les faire sortir de France sans une autorisation
ministérielle — ce qui veut dire, en bon fran-
çais, que le département de l’Instruction pu-
blique et des Beaux-Arts exercera un droit de
critique sur les pièces qui lui seront soumises
en vue de ladite autorisation, qu’il aura à, en
apprécier la qualité d’art ou la valeur histo-
rique et parfois toutes deux pour un même
objet, qu’il devra se préoccuper enfin du sort
de l’œuvre conservée en France.

Seulement tout ceci appelle quelques obser-
vations, dont la suivante n'est pas la moins
importante : ces objets auxquels l’autorisation
de sortie aura été refusée, l’JÉtat, les départe-
ments, les communes, des établissements pu-
blics pourront les acquérir (ce qui est en
somme le but même et l’esprit de la loi), mais
les acquérir « au prix fixé par l’exportateur ».
Ainsi, faudra-t-il, de par la loi, s’en rapporter
aux estimations des propriétaires, et nul ne
contestera que ce ne puisse être une partie un
peu risquée; au moins, aurait-il été bon de pré-
voir une sorte de procédure d’expertise ou de
consultation d où le juste prix aurait naturelle-
ment découlé. Le propriétaire, ayant l’intention
d exporter, ne peut se plaindre d’être exproprié.

Qui maintenant décidera de la valeur artis-
tique et historique? vSans doute, un règlement
d’administration publique précisera les détails
d’application ; n’était-il pas opportun, cepen-
dant, d’attribuer ce haut examen à une com-
mission (organisme déjà existant ou à créer) et
de lui assigner, avec le délai d’un mois oppor-
tunément fixé, des règles de procédure telles que
la discussion publique et le vote motivé? On
eût évité de la sorte toutes chances d’erreurs,
toute décision de parti pris ou de favoritisme.

Car on pourra ergoter, entre autres, sur l’in-
térêt historique, plus encore que sur la valeur

esthétique. Il en sera ainsi, notamment, avec
maints objets d’importance locale : et pourtant
il n’est pas possible d’envisager uniquement, en
matière d’histoire, et d’histoire de France, des
pièces d’intérêt général.

En fait, le mieux eût été de préparer d’avance
l’inventaire de nos richesses historiques et de
classer, même sans le consentement des déten-
teurs, ce qui en valait la peine. On le demandait
dé’à il y a longtemps ; et, si nos souvenirs sont
exacts, M. Théodore Reinach s’était préoccupé
de la question à la Chambre, et avait cherché
à introduire une disposition en ce sens dans la
loi sur les monuments historiques.

Le vrai est que nous ne savons ni le nombre
exact ni la valeur marchande des objets com-
posant ce patrimoine que la loi du 31 août se
propose de sauvegarder.

La loi trace une démarcation entre les
œuvres antérieures à 1830 et celles qui sont
postérieures, le commerce de ces dernières
restant libre. Nous avouons en toute franchise
ne pas bien saisir à quoi cette date correspond
— mais on voit parfaitement à quelles apprécia-
tionsarbitraires elle risque de conduire. Si la va-
leurproprement historique n’est peut-être pas en
cause, pour des œuvres créées récemment, la
valeur d’art au contraire sera parfois de grande
importance. Et alors faudra-t-il laisser partir
l’objet, à cause de ce texte trop précis? Com-
bien on pourra le regretter! La fixation même
de la date sera souvent malaisée ; elle prêtera à
confusion ou à falsifications.

D’autres observations pourraient être pré-
sentées qui auraient, elles aussi, le tort d’être
tardives. Nous rappellerons, cependant, un vœu
qui a été formulé déjà dans ces colonnes : c’est
qu’un important service photographique fonc-
tionne, devant lequel passent tous les objets en
instance d’exportation et surtout ceux qui n’au-
ront aucune chance de se voir refuser la licence
de sortie. De la sorte de précieuses archives se
constitueront et au moins, garderons-nous
quelque souvenir de pièces toujours intéres-
santes par un côté, même si elles ne peuvent
prétendre au titre glorieux de témoin authen-
tique de nos annales.
 
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