N° 16.— 19,20.
BUREAUX: 106. BD SAINT-GERMAIN (6e)
15 octobre.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Les abonnés à la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement la Chronique des Arts et de la Curiosité
Prix de l’abonnement pour un an :
Paris : 18 fr. — Départements : 20 fr. — Étranger : 22 fr.
X_.e ITuméro : 1 Franc
PROPOS DU JOUR
a presse quotidienne a fait, grand
accueil à une initiative, intéressante
en effet, de M. llonnorat, ministre
de l'Instruction publique et des
Beaux-Arts. Celui-ci vient d’adresser aux cham-
bres de notaires une circulaire demandant à ces
officiers .ministériels d’user de leur influence
auprès de leurs clients en disposition de tester,
pour qu’ils consacrent quelques libéralités aux
établissements d’instruction.
Il y a des chaires à créer dans toutes nos
universités, des laboratoires à organiser, des
bourses à instituer, des enseignements à ré for
mer. Les musées souffrent de la même pénurie
budgétaire que les écoles, et l'on sait assez à
quelle condition lamentable sont réduits, par
exemple, le Jardin des Plantes et le Muséum.
Pour les bibliothèques, une énorme production
livresque ne leur permet pas de se tenir à jour
et, là encore, nous allons être dépassés, si nous
ne le sommes déjà, par des institutions moins
illustres, moins vénérables, mais mieux dotées.
L’art n’est pas encouragé, la science l’est à peine.
Et M. llonnorat, considérant cet état de choses
indigne de nous, sait fort bien qu’il n’a rien à
attendre — sauf de nouveaux amoindrisse-
ments — des"ressources ordinaires de l’Etat.
Les notaires sont des confidents et des con-
seillers, Leur action peut être infiniment utile,
surtout si elle se détourne de voies où, peut-
être, elle s’engageait volontiers. Cette multipli-
cité de « prix », qui éclosent chaque jour, créés
en de pieuses intentions commémoratives et
sans que le résultat se dessine nettement aux
yeux des fondateurs, cette multiplicité n’est-elle
point en partie leur fait? On peut l’admettre
sans craindre de se tromper beaucoup. Il leur
apparaît ,sans doute, que c'est un bon emploi
de leur argent que feront les testateurs en insti-
tuant telles académies comme légataires de prix
qu’elles distribueront parfois à contre-cœur, sans
profit évident pour l’art, les lettres ou les
sciences. De cette manne, accueillie naturelle
ment avec faveur par les récompensés, on vou-
drait qu’il fût fait désormais meilleur et plus
judicieux usage.
Les notaires, maintenant informés de la triste
situation de l’instruction publique, intervien-
dront en connaissance de cause auprès de per-
sonnes qu'il suffirait, dans bien des cas, de
mieux orienter. Au lieu de legs quasi-inutiles,
simplement ostentatoires ou sans portée sur le
mouvement général des esprits, nous aurons
certainement enfin des fondations positives,
d’utilité publique. Du reste ne perpétueront elles
pas autrement mieux le souvenir d’un cher dis-
paru, si'telle estau demeurant l’intention ori-
ginelle, ou la mémoire d’un fondateur ne son-
geant qu’à lui-même?
En tout état de cause, c’est une salutaire indi -
cation que M. llonnorat a donnée à l’initiative
privée, trop epeline à négliger ses devoirs vis-à-
vis de notre patrimoine d'instruction supérieure
ou à se contenter de vaines distributions. Il est
bon qu’on lui ait rappelé des devoirs qui
s’exercent si largement ailleurs, en Amérique
par exemple. Beaucoup plus près de nous, nous
connaissons une ville dont la bibliothèque
publique, institution ancienne, reçoit nombre de
dons et legs: il y a longtemps que l’attention
des notaires avait été éveillée à son égard.
Puissent-ils avoir autant d’influence chez nous
et amener de l’argent, beaucoup d’argent à ces
établissements qui ont fait notre gloire et qui
ne doivent point péricliter.
NOUA/ ELLES
Actes officiels
Nos lecteurs et amis apprendront avec plai-
sir que MM. Théodore Reinach, membre de
l’Institut, directeur de la Gazette des Beaux-
Arts, et Auguste Marguillier, secrétaire de la
rédaction, viennent d’être, par décret du 30 sep-
tembre, dont nous donnons plus loin le détail,
le premier promu officier, le second nommé
chevalier de la Légion d'honneur. Voici le texte
de ce décret en ce qui les concerne:
« Reinach (Théodore), membre de l’Institut,
BUREAUX: 106. BD SAINT-GERMAIN (6e)
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en effet, de M. llonnorat, ministre
de l'Instruction publique et des
Beaux-Arts. Celui-ci vient d’adresser aux cham-
bres de notaires une circulaire demandant à ces
officiers .ministériels d’user de leur influence
auprès de leurs clients en disposition de tester,
pour qu’ils consacrent quelques libéralités aux
établissements d’instruction.
Il y a des chaires à créer dans toutes nos
universités, des laboratoires à organiser, des
bourses à instituer, des enseignements à ré for
mer. Les musées souffrent de la même pénurie
budgétaire que les écoles, et l'on sait assez à
quelle condition lamentable sont réduits, par
exemple, le Jardin des Plantes et le Muséum.
Pour les bibliothèques, une énorme production
livresque ne leur permet pas de se tenir à jour
et, là encore, nous allons être dépassés, si nous
ne le sommes déjà, par des institutions moins
illustres, moins vénérables, mais mieux dotées.
L’art n’est pas encouragé, la science l’est à peine.
Et M. llonnorat, considérant cet état de choses
indigne de nous, sait fort bien qu’il n’a rien à
attendre — sauf de nouveaux amoindrisse-
ments — des"ressources ordinaires de l’Etat.
Les notaires sont des confidents et des con-
seillers, Leur action peut être infiniment utile,
surtout si elle se détourne de voies où, peut-
être, elle s’engageait volontiers. Cette multipli-
cité de « prix », qui éclosent chaque jour, créés
en de pieuses intentions commémoratives et
sans que le résultat se dessine nettement aux
yeux des fondateurs, cette multiplicité n’est-elle
point en partie leur fait? On peut l’admettre
sans craindre de se tromper beaucoup. Il leur
apparaît ,sans doute, que c'est un bon emploi
de leur argent que feront les testateurs en insti-
tuant telles académies comme légataires de prix
qu’elles distribueront parfois à contre-cœur, sans
profit évident pour l’art, les lettres ou les
sciences. De cette manne, accueillie naturelle
ment avec faveur par les récompensés, on vou-
drait qu’il fût fait désormais meilleur et plus
judicieux usage.
Les notaires, maintenant informés de la triste
situation de l’instruction publique, intervien-
dront en connaissance de cause auprès de per-
sonnes qu'il suffirait, dans bien des cas, de
mieux orienter. Au lieu de legs quasi-inutiles,
simplement ostentatoires ou sans portée sur le
mouvement général des esprits, nous aurons
certainement enfin des fondations positives,
d’utilité publique. Du reste ne perpétueront elles
pas autrement mieux le souvenir d’un cher dis-
paru, si'telle estau demeurant l’intention ori-
ginelle, ou la mémoire d’un fondateur ne son-
geant qu’à lui-même?
En tout état de cause, c’est une salutaire indi -
cation que M. llonnorat a donnée à l’initiative
privée, trop epeline à négliger ses devoirs vis-à-
vis de notre patrimoine d'instruction supérieure
ou à se contenter de vaines distributions. Il est
bon qu’on lui ait rappelé des devoirs qui
s’exercent si largement ailleurs, en Amérique
par exemple. Beaucoup plus près de nous, nous
connaissons une ville dont la bibliothèque
publique, institution ancienne, reçoit nombre de
dons et legs: il y a longtemps que l’attention
des notaires avait été éveillée à son égard.
Puissent-ils avoir autant d’influence chez nous
et amener de l’argent, beaucoup d’argent à ces
établissements qui ont fait notre gloire et qui
ne doivent point péricliter.
NOUA/ ELLES
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Nos lecteurs et amis apprendront avec plai-
sir que MM. Théodore Reinach, membre de
l’Institut, directeur de la Gazette des Beaux-
Arts, et Auguste Marguillier, secrétaire de la
rédaction, viennent d’être, par décret du 30 sep-
tembre, dont nous donnons plus loin le détail,
le premier promu officier, le second nommé
chevalier de la Légion d'honneur. Voici le texte
de ce décret en ce qui les concerne:
« Reinach (Théodore), membre de l’Institut,