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La chronique des arts et de la curiosité — 1920

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Nr. 16 (15 Octobre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.25680#0160

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136

LA CHRONIQUE DES ARTS

insérer la clause de réparation au traité daVersailles.

Enfin les volets représentant Adam et Eve, naguère
conservés au musée de Bruxelles, sont venus com-
pléter le triptyque, replacé par ordre de M. Destrée,
ministre des sciences et arts, dans la même chapelle
où il avait été inauguré en 1432. •

CORRESPONDANCE DE BELGIQUE

La Belgique vient de célébrer par toute une série
de fêtes le retour des volets, restitués par l’Alle-
magne, du polyptyque^ de VAgneciu mystique des
frères Van Eyck enfin rétabli dans son intégrité, dans
l’église de Garni, pour laquelle il avait été fait, et où
il fut inauguré le 6 mai 1432.

Ces fêteS'Commencèrent à Bruxelles le 14 août par
l’exposition, au musée, du célèbre chef-d’œuvre,
rétabli dans son intégrité première, ce qui n’avait
plus eu lieu depuis 1794. Gand prêtait la partie
centrale ; les volets du musée de Berlin étaient défi-
nitivement renvoyés par l’Allemagne, non pas en
restitution, puisque ses titres de propriété étaient
parfaitement réguliers, mais « parce qu’il avait seni-
blé juste aux négociateurs du traité de Versailles
qu’une réparation fût stipulée pour les dommages
esthétiques et moraux subis par la Belgique (1). »

La joie causée par ce grand événement était donc
double : joie des artistes et des connaisseurs, qui,
pour la première fois, pouvaient contempler l’œuvre
admirable dans son large ensemble, et aussi joie
instinctive de la foule qui comprenait qu’en dehors
de la valeur et de la beauté du tableau, il y avait là
le symbole de la justice de sa cause, un hommage
à ses souffrances et. à son énergie. Pour souligner
cette forte impression, des soldats, casque en tête et
décorations sur la poitrine, faisaient constamment,
dans la salle du musée, une garde d’honneur au chef-
d’œuvre, rappelant par leur présence l’héroïque
sacrifice de ceux qui ont tombés pour que la justice
triomphât. Et aussitôt après l’inauguration, que la
Reine honora de sa présence, après les'discours de
M. J. Destrée, ministre des Sciences et des Arts, de
M. Fiérens-Gevaert, conservateur en chef, de M. Brock-
well, le célèbre archéologue anglais, le défilé de
toute une ville commença. Le Roi donna l’exemple ,
et tint à amener lui-même les jeunes princes; der-
rière lui c’était la grande foule des jours gratuits qui
se renouvelait sans cesse, voulait voir et savoir.
Ministre, conservateurs, attachés, se multipliaient:
les conférences, les explications, se succédaient; la
foule insatiable venait toujours plus nombreuse. Il
en sera ainsi jusqu’au 27 septembre.

Alors le polyptyque partit pour Gand, où, ban-
nières déployées, le reçurent les vieilles sociétés de la
ville. Puis les 3 et 4 octobre la Société d’IIistoire et
d’Archéologie donna en son honneur des fêtes admi-
rablement réglées. La France avait envoyé le comte
Durrieu, représentant l’Institut, M. F. de Mély,
représentant la Société nationale des Antiquaires
de France. Le dimanche, réunion à Anvers avec dis-
cours de M. F. de Mély ; le soir, réception des invités
par la municipalilé de Gand ; le lendemain matin
séance académique à l’Université avec discours, tour
à tour vibrants et documentés de M. .1. Destrée, du
comte Durrieu, de M. Yeiiant, directeur des Beaux-
Arts, de M. llulin de Loo, de M. Brockwell, de
M.. Lionel Gust. L’après-midi, à Saint Bavon, con.

cert de musique sacrée et enthousiaste allocution
de M. le chanoine Van deœ Gheyn qui, pendant la
domination allemande, sut courageusement et habi-
lement soustraire le polyptyque aux recherches des
autorités. Ces fêtes de Gand furent charmantes, et
tout fut mis en œuvre par les' organisateurs pour
être agréable aux invités : ils y réussirent parfaite-
ment.- On aurait pu souhaiter que le grand public
y eût plus de part et que, les portes de Saint-Bavon
s’ouvrant à deux battants, les descendants des
« tisserands et foulons » eussent rempli l’église
pour un solennel Te Deum, afin que tous ceux
qui furent à, la peine fussent aussi à l’honneur !

E. Michel

REVUE DES REVUES

Art et décoration (septembre 1920). — M. Fran-
çois Fosca étudie l’œuvre du peintre Pierre Bonnard ;
d’abord japonisant, à la mode de 1893, l’artiste s’af-
franchit et devient paysagiste et peintre de1 genre, à
qui toute sécheresse est odieuse, animalier aussi
comme on le voit en lisant les Histoires naturelles de
Jules Renard qu’il a illustrées.

•— M. Léon Deshairs, visitant l’exposition des tapis
du musée Galliera, conclut que nos artistes cherchent
à se libérer et de l’Orient et du Gobelin. Le point
noué redevient un métier français.

— M. Claude Roger-Marx présente l’œuvre du sculp-
teur Fernand David.

—- M,1,c Marie Dormoy nous intéresse aux poupées
de Mmes Lazarski et Véra Ouvré.

L’Art et les Artistes. N° 8. — M. Paul Jamot,
noire collaborateur, voyage avec Poussin en Italie,
où ce Normand devint si vite Romain, et se fit si fort
admirer des plus grands artistes d’alors. «C’est aux
époques de décadencé et d’anarchie que se répand
une idée ombrageuse et obsédante de l’originalité. »
Spectateur de la lutte entre les réalistes et les Carra-
che, Poussin s’en tient à la tradition de Raphaël.

— Visite de M. G. Legaret au musée de Montpellier,
fondé en l’an X et enrichi par l’amateur Fabre.

— Pour M. Gustave Kahn, André Hellé est de ceux
qui ont rénové le jouet « où l’on a cherché seulement
la silhouette.» Voyez ses frises et ses soldats de bois.
Peut-être l’auteur a-t-il négligé l’avis des enfants...
Hellé est aussi décorateur de théâtre et illustrateur
de mérite.

BIBLIOGRAPHIE

Ricardo de Orneta. — La Egcultura funeraria
en Espana (provincias de Ciudad Real,
Cuenca, Guadalajara). Publié par la « Junta
para ampliaciôn de estudios.e investigaciones cien-
tilicas ». — Madrid, 1919. Un vol in-8, 111 plan-
ches.

M. Ricardo de Orueta a entrepris de publier les
monuments de la sculpture funéraire en Espagne.
11 commence par la Nouvelle-Castille, dont il nous
donne les provinces de Ciudad Réal, Cuenca, Gua-
dalajara. Cette sorte de Corpus illustré, d’un format
commode, sera extrêmement précieux. Les historiens
de Part y feront des découvertes. Grâce à des livres
de ce genre il deviendra un jour possible d’écrire
l’histoire (si intéressante) de la sculpture espagnole.
M. Orueta, chemin faisant, en esquisse quelques
pages. Les études qu’il a consacrées aux plus beaux

(1) J. Destrée, discours d’inauguration.
 
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