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La chronique des arts et de la curiosité — 1920

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Nr. 18 (15 Novembre)
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LA CHRONIQUE DES ARTS

PETITES EXPOSITIONS

Le Salon des jeunes, installé à la salle du Jeu de
Paume, ne présente pas une grande originalité, et
le visiteur est un peu surpris par la disparate des
toiles réunies ici. 11 n’arrive pas à discerner ce
qu’ont à dire la plupart de ces jeunes gens, et il est
un peu surpris de rencontrer, chemin faisant, à
côté de quelques timides essais de cubisme, des
peintures qui seraient beaucoup mieux à leur place
dans le salon de lecture de quelque magasin de
nouveautés. Mais n’est-ce pas une erreur de deman-
der à ces débutants autre chose que la bonne volonté
et de sincères efforts? Ne sont-ils pas à l’âge où
l’on subit des influences? Efforçons-nous donc de
trouver et de signaler à l’attention des curieux les
peintures où nous croirons découvrir quelque pro-
messe pour un avënir prochain, et félicitons les
organisateurs de ce salon de la touchante idée qu’ils
ont eue de dresser au seuil de ces salles un fragment
important du monument aux morts de Villemeux,
œuvre simple et robuste de MM. Joël et Jan Martel.
Les œuvres de M. Dardé, « tailleur de pierres »
jeune invité par des jeunes, occupent toute une
salle, et les admirateurs de cet artiste reverront
avec plaisir le Faune gigantesque dont il a été
tant parlé. De nombreux croquis leur permet-
tront de suivre la genèse de cette œuvre impor-
tante où s’affirme la personnalité de M. Dardé,
son goût de la mise en scène et de l’effet avec
beaucoup plus de force que dans la statue de
Jeanne d’Arc ou dans le Monument funéraire.
Voici une bonne peinture de M. Lucien Scevagen,
un paysage et des hortensias bleus et roses, et ce
bouquet de feuilles d’automne est peint avec beau-
coup de simplicité par M. Paul Planas. 11 faut s’ar-
rêter devant la toile de M. Auguste Clergé, vigou-
reuse et colorée, et retenir le nom de M. Falter qui
a su peindre le repos vigilant de deux lions, et l’atti-
tude méditative et sournoise d’une jeune panthère
noire. De Mrae Andrée Munch signalons une nature
morte où voisinent harmonieusement deux poteries
bleues et vertes et un vieux livre ouvert; des eaux-
fortes de M. Dalleniagne, les paysages d’une jolie
coloration de M- Maurice Guénot, les barques enso-
leillées de M. Raymond Tbiollière, des papiers peints
de Mmc Mariette Richard, et la vitrine de céramiques
de M. Elisée Veillard.

M. Daniel Dourouze (1), qui exposera la galerie
Druet quelques peintures et des aquarelles, est avant
tout, me semble-t-il, un aquarelliste. L’émotion qu’il
éprouve devant les aspects sans nombre des arbres,
des champs et des pierres, il sait l’exprimer claire-
ment, avec une simplicité qui n’exclut pas l’adresse.
Dans les salles du premier étage de la même galerie
on peut voir de solides dessins et d’intéressantes
aquarelles de M. P.-E. Gernez.

A la galerie Haussmann voici encore des aqua-
relles, de M. Franck-Roggs, celles-ci, et vous pour-
rez faire avec cet artiste très minutieux un voyage
un peu monotone à travers la France. M. Adam
Styka(2) qui expose une cinquantaine de toiles à la
galerie Gérard vous invite au voyage vers le pays de
la lumière et du soleil, d’Alger à Tunis, et vous
apprécierez les dons de coloriste et d’illustrateur de
ce jeune peintre. Entrons, pour varier notre pro-
menade, à la galerie Simonson où M. Vivian Guy (3)

(1) Du 23 octobre au o novembre. — (2) Du 5 au
30 novembre. — (3) Du 3 au 20 novembre.

a réuni des aquarelles et quelques pastels, des vues
de Riskra, de Tougourt et de Tunis, des notations
prises à Versailles et surtout des paysages du midi
de la France, Vence enveloppé d’un brouillard
mauve, la mer bleue à Villefrancbe, le cap Martin,
les montagnes de l’Esterel, toutes roses, les mimosas
en fleurs, tout cela traité avec une grande jus-
tesse, de la franchise et une vigueur un peu rude.

M. Marius Rorgeaud (1) expose à la galerie Druet
des vues d’intérieurs bretons, d’un dessin souvent
trop schématique et d’une peinture un peu froide,
mais qui témoignent de ses dons d’observateur. U
est entré dans la chambre de la tireuse de cartes,
dans la salle où sur la table, un peu de guingois,
fume la soupe chaude, il s’est assis dans le petit
café où s’attardent deux buveurs près du billard
abandonné ; par la fenêtre d’une chambre vide, il a
vu les murs peints en gris, le tapis rouge sur la
table, le broc bleu à côté de la cheminée, il a noté
avec exactitude les mouvements des joueurs de
boules sur la place du village.

M. Altmann(2) montre à la galerie Rernheim des
vues du midi, de Cannes à Saint-Jean-de-Luz, peintes
avec une fougue à laquelle je préfère les tons plus
doux des études récentes qu’il a faites à Nemours,
au bord du Loing.

Les aquarelles exposées par M. Lukomski à la
galerie Le Goupy sont de précieux documents archéo-
logiques ; elles aideront les visiteurs à mieux con-
naître les vieux palais aux façades mélancoliques,
les jardins, les églises, les demeures seigneuriales,
toutes les richesses architecturales de la Pologne, de
la Galicie et de l’Ukraine.

Henri Genet

Les jardins de France et la guerre

Nous avons eu autrefois l’occasion de signaler la
constitution de la Société des amateurs de jardins (3),
d’enregistrer les marques de son activité, somptueu-
sement employée à remettre en honneur la discipline
du grand siècle. Dispersés par fa guerre, ses membres
contribuèrent à faire connaître à l’étranger, notam-
ment lors des expositions de Chicago, Rome et
Milan, çe qui leur paraissait être les tendances du
goût français. Rétabli en mai 1919, le groupe a
travaillé depuis à l’élaboration d’un nouveau fasci-
cule de son luxueux organe, dont notre Revue des
Revues détaille d’autre part le contenu.

Pour ces privilégiés, propriétaires de châteaux à
jardins réguliers, il ne saurait y avoir de dieu que
Le Nôtre, de qui M. Lucien Gorpechot s’est fait le
prophète. Au nom de l’Intelligence, cet écrivain
prône le retour à la géométrie. Tout suit, tout
; approuve, ducliessses et financiers, poétesses exo-
tiques aux vers éblouissants, rois d’autres tapis verts
et maîtres de râteaux moins innocents. On voudrait
espérer que même pour ces mainteneurs, inattendus
parfois, de telles traditions nationales, Ermenonville
et Trianon sont aussi en France, et qu’il y aura
place, quelque prochain jour, dans leur magnifique
recueil, pour les jardins encore que notre époque
rend accessibles à tous, du moins quant aux allées.
On aimerait à connaître l’avis d’un Plumet, d’un
Le Sidaner, d’un Claude Monet, tous membres de la

(1) Du 8 au 19 novembre. — (2) Du 8 au 20 no-
vembre

(3) V. notre article L’Evolution du jardin (Gazette
des Beaux-Arts, 1913, t. II, p. 218).
 
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