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N° 19. — 1920.

BUREAUX: m6. BD SAINT-GERMAIN (6«)

30 novembre.

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

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PROPOS DU JOUR

^ question de l’apprentissage et de
l’enseignement professionnel est à
l’ordre du jour. Du moins, la mise
en vigueur si laborieuse de la loi
Astier-Yerlot. les innombrables décrets, les
nominations, les élections auxquels elle donne
lieu et qui nous assureront, à défaut d’apprentis
bien préparés et de techniciens capables, une
nouvelle armée de fonctionnaires, cette mise en
vigueur ranime une attention volontiers dis-
traite à l’égard des problèmes essentiels de
l'heure présente. Mais voici un heureux symp-
tôme: la Mlle de Paris songe à.ses écoles pro-
fessionnelles, si peu faites jusqu’ici pour les
métiers qu’elles prétendaient enseigner ; elle se
rend compte du faible résultat obtenu, de l’in-
suffisante préparation des élèvesq elle entend
réformer tout cela.

Nous avons sous les yeux un rapport de
M. A. Deville, président de la quatrième com-
mission du Conseil municipal, qui va droit au
but. Déjà des nominations de professeurs et des
créations de cours indiquent un esprit nouveau,
une orientation vers la technique qui ne peut
être que grandement salutaire.

On ne s’en tiendra pas là. C’est aux profes-
sionnels qu’il appartiendra d’assumer l’ensei-
gnement professionnel, etsans doute ne verrons-
nous plus les directions d’écoles échéant à des
conseillers municipaux non réélus. L’art sera
enseigné en vue de la réalisation, doctrine qui
fut celle des grandes périodes où l’art n’était
point en dehors de la vie comme il l est main-
tenant. Et, sorte de révolution, administrati-
vement parlant tout au moins, on s’efforcera
d’intéresser l’élève à celte réalisation, c’est-à-
dire à la bonne exécution du travail, et pour
celaon produira. M. Deville, qui traduit ces vues
excellentes en propositions précises, estimant
avec une franchise du meilleur aloi que nous
sommes dans une période d’arrêt et même de
recul, n’hésite pas à demander que les écoles
professionnelles de la Ville fabriquent le plus
possible d’objets utiles à ses services; il recom-

mande aussi la,cession aux élèves d’objets exé-
cutés par eux, la vente aux personnes touchant
aux écoles et à l’administration municipale, la
réception de commandes, et enfin l’emploi des
fonds provenant des ventes au remboursement
des matières premières et à la rémunération
des élèves.

Mesure digne des- plus grands éloges, ces
professionnels devenus professeurs ne devront
pas être des épaves de leur métier ou de médio-
cres praticiens à la recherche de sinécures. Ce
serontdcs professionnels en exercice, continuant
à travailler à l’atelier.

Sans entrer ici dans le détail des dispositions
préconisées par M. Deville (et dont plusieurs,
nous le savons, sont déjà en vigueur), nous ne
pouvons nous empêcher d’y voir l’annonce d’un
renouveau certain. Ces écoles, Bernard-Palissy,
Germain-Pilon, Estienne, Boulle, etc., dont on
s’est longtemps. vanté avec une satisfaction
béate, et qui ont fort peu répondu, en somme,
aux besoins pour lesquels on les créa (n’est-ce
pas à Bernard-Palissy, faite pour la formation
des céramistes, qu’il n’y avait pas de tour à
potier ni de four?), ces écoles devaient périr ou
se transformer. Gomme il est possible d’y trou-
ver des éléments utiles, que des améliorations
notables ont été apportées déjà à certaines
d’entre elles, c’est la transformation qui l’em-
porte. Nous-y applaudissons. La ville de Paris
donne un exemple salutaire à l’Etat, dont les
écoles de beaux-arts et d’art décoratif auraient
grand besoin de réformes semblables.

Nos industries d’art réclament des artistes,
des artisans, des ouvriers capables. Celte popu-
lation de praticiens se formait jadis dans les
ateliers. Comme il ne semble pas qu’il puisse
en être de nouveau et complètement ainsi —
du moins tant que les industriels, méconnais-
sant leurs intérêts mêmes, n’auront pas modifié
leurs habitudes — force est de demander cette
formation à l’école. Les mesures de logique et
de raison que nous venons de signaler la met-
tront à même de remplir ce rôle, qui équi-
vaut en somme à une conception nouvelle et
dont on ne doit pas retarder d’une heure la mise
‘ en pratique.
 
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