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ET DE LA CURIOSITÉ

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décoratives qu’il avait exposées le mois dernier à Paris
au musée Galliera. Nous ne pouvons, dans un résumé
si rapide, nommer tous les envois intéressants, mais
nous tenons à signaler les toiles colorées et vigoureuses
de M. Riom et les sculptures de MM. Bonnetain et
Desmaré.

L'Esthétique Nouvelle nous accueille d'abord par une
exposition rétrospective du peintre Georges Lemmen
mort, jeune encore, pendant la guerre. Vues de jardin,
natures mortes, scènes d’intérieur aux tons roses, lilas,
dorés et chauds donnent une idée de cet artiste
charmant fait pour l’intimité. Puis, c’est tout un grou-
pement de nos compatriotes voisinant avec la jeune
école belge, et ce rapprochement est des plus instruc-
tif. On voit là nettement l’influence que la Erance a
exercée depuis vingt ans sur ses amis Belges et la
manière très particulière dont ils ont interprété avec
leur tempérament, avec leurs traditions, les enseigne-
ments qu’ils ont pu trouver chez .elle, pour créer un
art très original qui est bien de chez eux et bien de
leur pays.

Edouard Michel

REVUE DES REVUES

Revue des Deux Mondes (13 mai). — Notre
collaborateur M. Louis Gillet publie dans cette livrai-
son une étude excellente — où il faut louer surtout les
pages consacrées à Vermeer — sur l’admirable expo-
sition hollandaise du Jeu de Paume dont la Gazette
■entretient ce mois-ci" ses lecteurs.

Le Correspondant (10 mai). — A propos des
nouveaux projets de transformations et embellisse-
ments de Paris, M. Louis Dimier publie, sous le
titre Les Rues et Monuments de Paris et leur avenir, un
excellent article où il expose les fautes commises pré-
cédemment dans le plan de ces travaux, tant au point
de vue de la conservation des anciens-édifices, que de
l’esthétique ou même de la commodité, notamment
par le système de vastes percées de nouvelles rues et
avenues alors qu’il eût été préférable de se contenter
de l’élargissement des rues anciennes avoisinantes, et
par la création de places factices et sans beauté for-
mées simplement (comme la place Malesherbes) par
la rencontre de deux larges avenues, et il montre par
des exemples pris dans le quartier de la Montagne
Sainte-Geneviève, que les véritables embellissements,
respectueux des souvenirs du passé, auraient pu être
réalisés par une méthode différente qu’il conviendrait
de suivre.à l’avenir.

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BIBLIOGRAPHIE

Raphaël, by Félix Lavery. London, Sands, 1920.

In-8°, xii-161 p., illustré.

J’ai souvent rêvé d’un ouvrage digne de tenter un
éditeur entreprenant : un Vasari illustré où' seraient
reproduits tous les tableaux (mais ceux-là seulement)
que mentionne le biographe et qu’on a pu identifier.

L’ouvrage de M. F. Lavery est en apparence un
commencement de réalisation de ce rêve ; car la pre-
mière partie consiste en une analyse fidèle de la bio-
graphie de Raphaël par Vasari, décrivant autant que-
possible dans l’ordre chronologique toutes les œuvres
du maître (pourvues chacune d’un numéro) et repro-
duisantes principales en photographies passables.

J’ai dit en apparence, car in cauda venenum. En effet
la seconde et plus grande partie du livre est consacrée
à démontrer i° que la Grande sainte Famille de
François Ier au Louvre n’est qu’une copie due à Jules
Romain, .2° que l’original, peint de la main de Raphaël,
est en la possession de M. Lavery qui l’a acquis à la
vente Shipley (1914) après qu’il eut passé successive-
ment par les collections Mazarin(?), Pimodan, John
Trumbull, Benjamin West et Garland (vente de 1878) ;
30 que cet « original » n’est autre que le tableau (cru
perdu) de.la Nativité peint par Raphaël pour les comtes
de Canossa à Vérone et qui leur appartenait encore
lorsque Vasari écrivit sa biographie (IV, 331 éd.
Milanesi).

De ces trois propositions, la première seule mérite
quelque créance, entendue en ce sens que le tableau
du Louvre est, en majeure partie, de la main de Jules
Romain : mais là-dessus tout le monde est depuis
longtemps d’accord. Quant au tableau de M. Lavery,
c’est manifestement une copie (vendue d’ailleurs pour
telle en 1878 et 1914) et même, à en juger par la
photographie, une copie assez molle ; le copiste, en
reproduisant la signature de Raphaël, s’est d’ailleurs
trompé et a lu 1513 la date qui sur la toile du Louvre
est 1318. Par là même tombe naturellement l’iden-
tification, tentée par M. Lavery, du tableau Trumbull
avec la Nativité de Vérone. De cette Nativité tout ce
que nous savions encore récemment, par Vasari, c’est
qu’on y admirait la figure de sainte Anne et la repré-
sentation du jour levant, et que Taddeo Zucchero en
avait fait une copie pour le duc d’Urbin (Vasari VII,
80)(1). Tous les efforts pour retrouver soit l’original
soit les copies avaient échoué ; l’affirmation que la
Nativité se trouvait en 1829 chez le comte François de
Thurn à Vienne (Quatremère-Longhena, p. 138) a
été démontrée fausse: ce tableau, depuis au comte
Harras, est d’un Fiamingo (Passavant Lacroix, II,

133). Dans ces dernières années cependant, des docu-
ments d’archives publiés par le marquis Campori
(cf. Crowe et Cavalcaselle, Raffaello, III, 218)
semblent avoir établi i° qu’au début du xvnu siècle les
comtes de Canossa vendirent la Nativité au cardinal
Louis d’Este, qui en fit cadeau à la comtesse de Santa-
fiora (Caterina Sforza) ; 20 qu’ensuite le duc Vincent
de Mantoue l’acheta aux Sforza « pour un marquisat
de 30.000 écus » ; 30 que de là elle passa dans la
collection de Charles Ier d’Angleterre à qui 40 Alfonso
de Cardenas l’acheta pour le roi d’Espagne Philippe IV.
Et elle entra à l’Escurial puis au Musée de Madrid
sous le nom de « la Perle » qu’elle a gardé depuis.

Cette filiation, acceptée par Crowe et Cavalcaselle,
Müntz et d’autres érudits, dissipe du même coup
l’obscurité qui planait sur les destinées de la Nativité

(1) Autre copie par Véronèse : Ridolfi, le Vite,

L'286.
 
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