La chronique des arts et de la curiosité (1922)

ET DE LA CURIOSITÉ

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— L’Union interalliée exposait, au profit d’une
œuvre de guerre, dans ses salons du faubourg Saint-
Honoré, cent cinquante-sept portraits de l’école fran-
çaise, depuis 1870.

Quelques-uns, si l’on songe à l’admirable floraison
de nos portraitistes du passé, font regretter singuliè-
rement l’éclat, l’esprit, la vie, la grâce ou l’ardeur qui .
animaient les artistes d’antan et peuvent faire craindre
pour notre époque. Le savoir-faire peut-il remplacer
la science, et on ne sait quelle apparente habileté
faire oublier le génie sobre ou familier, éloquent ou
fantasque, mais toujours sensible, des Le Nain, Lar-
gillière, Nattier, Watteau, La Tour, Perronneau,
David ou Prud’hon ?

Pour notre joie et notre fierté, d’autres pages conti-
nuent, par bonheur, la grande tradition. Sans doute
valent-elles par des qualités différentes, mais un mode
de sensibilité dissemblable distingue fatalement chaque
époque ; cependant, à l’émotion qu’elles font naître,
au plaisir qu’elles donnent, on peut deviner combien
elles recèlent d’art, « cette chose si idéale et si fugi-
tive, disait E. Delacroix, que les outils ne sont jamais
assez propres, ni les moyens assez expéditifs. »

Citons, parmi les plus beaux, le portrait de
Mme Sarah Bernhardt par Bastien-Lepage, qui de-
meure une œuvre parfaite de fraîcheur, de délicatesse
et d’inimitable grâce ; le magnifique portrait de Trévoux
par Puvis de Chavannes, si plein de science et de
simplicité ; ceux de Théodore de Banville par Renoir,
d’Edmond About par P. Baudry, de Mme Arnavon par
Ricard. La Brodeuse par Fantin-Latour ; Verlaine au
masque tourmenté par Carrière. Edmond de Concourt
par Bracquemont. L’esquisse du portrait de Duranty
par Degas. De charmants visages féminins par Hébert.
Un portrait de femme par Manet, un autre, vif et
spirituel de Réjane par James Tissot, la Famille de
M. Albert Besnard, Mme Alfred Stevens et son enfant
par Stevens ; par Chaplin, un portrait décoratif de la
comtesse Aymery de la Rochefoucauld, où se retrouvent,
subtilement alliées, les mises en page de grand apparat
des peintres anglais et français du xvme siècle ; enfin,
de M. J.-E. Blanche, le portrait de M. Gide.

— La 3 e exposition du Nouveau Salon, galerie Bar-
bazanges, groupe des œuvres d’intérêt assez divers.
Cependant, parmi ces cent vingt-six essais, bien peu
donnent l’idée d’une véritable originalité et de création
réelle. Aucun ne s’impose au regard, moins encore au
souvenir. Quelques toiles font cependant agréable-
ment exception à cette impression générale : de ce
nombre sont les Portraits de M. Tristan Klingsor, un
Paysage très étudié de M. H. Tavernier. De M. An-
toine Villard un Jardin et des Fruits, non sans qualité,
mais aux verts quelque peu acides. De M. Payret-
Dortail, des vues de Venise et d’Auvers-sur-Oise, fines,
déliées, et de plaisante tonalité ; de M. Ladislas
Medgyes, d’amusantes natures-mortes, un peu titu-
bantes ; des Souvenirs tunisiens de M. Lucien Mains-
sieux ; deux pastels, Fleurs, de Mme Henriette Damart,
frais et charmants. Enfin de Mme de Falvelly, deux
bronzes, cires perdues, Crapauds et Poussins, qui
•attestent d’heureux dons mis au service d’un esprit
plein de sagacité et d’humour.

— M. H. Ottmann a rapporté d’un séjour en Pro-

vence et expose, galerie Marcel Bernheim, de clairs
paysages aérés, sobres de lignes, florissants de tons,
d’une technique sans cesse plus expressive, plus syn-
thétique et plus franche. '

Les mêmes qualités de facture se retrouvent dans
ses portraits d’un art large et simple et dans ses.
natures mortes, d’une exécution savoureuse, où la brosse
saisit la forme, la détermine, pétrit joyeusement la
matière, l’anime d’apparences, et, enveloppant les
objets de vibrations lumineuses, jette sur le tout le
bouquet du plus frais coloris.

— A la galerie G. Petit, Mme Lucien Simon
réunit de gracieux portraits d’enfants et de grandes
compositions aquarellées inspirées de la Vie de la
Vierge. Elles ont une mystique suavité.

René-Claude Catroux

Les récompenses des Salons (Suite)

Société des Artistes Français
(Suite)

Prix Henner : MM. Fouqueray (D.-Ch.) et Etche-
verry (H.-D.).

Primes de la Société d'encouragement à l’ait et à l’in-
dustrie: MM. G. Réal, J. Leleu, Montagnac ; Mlle
J. Lévy.

Société nationale des Beaux-Arts

Sont élus à l’occasion du Salon de 1922 :

Architecture. Sociétaire: M. Chabal (G.-C.).

Sculpture. Sociétaires: Mme Bar (M.-L.), MM.
Bourgouin (E.), David (F.), Dunach (J.), Hernandez
(M.), Mme Mouriès (A.-M.), M. Popineau (F.). —
Associés: MM. Cazaux (E.), Cladel (M.), Droucker
(L.), Ganesco (C.), Guénot (A.), Mme Lepage (C.),
MM. Le Roux (H.), Soudbiriine (S.).

Peinture. Sociétaires : M. Antoni (L.-F.), MUe
Chaplin (E.), M. David (A.). Mme Davidson (B.),
MM. Déziré(H.), Van Dongen(K.), Inguimberty (J.),
Larrue (G.), Naudin(B.), Norselius (E.-P.), Rameau
(C.), Scott (E.), Zingg (J.-E). •— Associés: MM.
Barat-Levraux (G.), Mme Camax-Zœgger (M.-A.),
M. Castelucho (C.), MUes Darbour (M.-M.), Dawson
(M.), MM. Desurmont (E.), Edelmann (C.-A.),
Feder (A.), Gerber (P.), Hebert-Stevens (J.).- Ishi-
baski (K.), Mmes Marval (J.), Montigny (J.), MM.
Ramey (H.), Rapp (S.), Stival (A.-J.), Villard (A.).

Gravure. Sociétaires : MM. Boizot (E.), Léopold-
Lévy, Mac-Laughlan (D.), Naudin (B.). — Associés :
MM. Hourriez (G.), Latour (A.), Mars (E.),
Siméon (F.).

Gravure en médailles. Sociétaire: M. Rivaud(A.-
A.). — Associés : MM. Bruneau (P.-G.), Dusek (J.).

Arts décoratifs.. Sociétaires : MM. Brianchon (M.),
Inguimberty (J.), Legueult (R.), Linossier (C.),
Mrae O’Kin. — Associés : MM. Billard (P.), Cacan
(F.), Mme de Coster (G.), MM. Laurain (G.-H.),
Pompon (F.), Mme Rouget (G.-E.).

Prix Isidore Paquin: M. Legueult, a. d. et M1Ie
Reyre, p.

Prix Berton-Poussielgue (pour l’auteur du meilleur
nu) : M. Migonney, p.