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MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.
IV. Le texte de ce recueil, dont M. Pottier, conservateur de la Bibliothèque de
Rouen, est l'auteur, contient la notice jusqu'ici la plus étendue et la plus complète qui ait été
donnée sur le fauteuil de Dagobert. Nous commençons par rapporter les observations de
M. Pottier, en premier lieu parcequ'elles sont généralement exactes et judicieuses, et ensuite
afin de bien fixer l'état dans lequel nous avons trouvé la question.
((Ce trône... faisait partie, depuis un temps immémorial^ du Trésor de Saint-Denis. La
tradition voulait qu'il eût été fabriqué, vers le commencement du septième siècle, par S. Éloi,
pour Dagobert I". Quoi qu'il en soit de cette tradition, probablement fondée sur le souvenir
des deux trônes d'or enrichis de pierreries que S. Éloi exécuta pour Clotaire 11, il est certain
que l'opinion que ce siège avait appartenu à Dagobert était pleinement établie au douzième
siècle, puisque l'abbé Suger, dans le livre 30?% MdfmmMfyWùm qu'on suppose dicté par lui-
même, la mentionne positivement, en rappelant qu'il avait fait réparer ce siège, que les in-
jures du temps avaient fortement endommagé.
« On est généralement d'accord que la partie inférieure de ce trône, celle qui constitue le
siège proprement diR est fort ancienne et pourrait bien être une chaise curule antique ; la
ressemblance de ses profils avec ceux qu'on remarque aux trônes consulaires dans les dipty-
ques de Bourges, de Liège, et dans un troisième qui représente Stilicon, autorisent tout à fait
cette supposition. Quant à la galerie à jour qui forme le dossier et les bras du siège, on la
regarde comme plus moderne. Il n'y aurait point d'inconvénient à supposer que ce fût dans
l'adjonction de cette partie au siège antique que consista principalement la restauration
ordonnée par Suger, et au moyen de laquelle ce siège, disposé auparavant en pliant, devint
fixe et solide comme un fauteuil.
a Une remarque qui ne saurait échapper à quiconque étudie attentivement la série des
sceaux des rois de France, c'est que ce sont précisément Louis-le-Gros et son successeur
Louis-le-Jeune, sous le règne desquels Suger faisait exécuter la restauration du trône de
Dagobert, qui, les premiers, se firent représenter sur leurs sceaux assis sur une espèce de
chaise curule antique, dont le profil est très analogue à celui du siège que nous examinons.
N'y a-t-il pas là plus qu'une fortuite coïncidence, et n'est-il pas raisonnable de supposer que
Suger ayant remis en honneur le trône de Dagobert, les deux rois dont il fut le ministre
voulurent être représentés sur leurs sceaux assis sur ce siège auguste, qui symbolisait en
quelque sorte l'antiquité de leur race? *
Reprenant donc les choses au point où M. Pottier les a laissées, je m'efforcerai de prouver
U que la tradition de Saint-Denis était fidèle, et que le siège en question était précisément
MM & CPMJ7 </MC N. ËÛM MVCMfCS 7i.
2° Je démontrerai qu'en effet la partie inférieure du monument remonte seule jusqu'aux
^ fi tau! mentionner aussi un dessin sur bois et une courte notice publiée dans ic 1833, p. 38S.
MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.
IV. Le texte de ce recueil, dont M. Pottier, conservateur de la Bibliothèque de
Rouen, est l'auteur, contient la notice jusqu'ici la plus étendue et la plus complète qui ait été
donnée sur le fauteuil de Dagobert. Nous commençons par rapporter les observations de
M. Pottier, en premier lieu parcequ'elles sont généralement exactes et judicieuses, et ensuite
afin de bien fixer l'état dans lequel nous avons trouvé la question.
((Ce trône... faisait partie, depuis un temps immémorial^ du Trésor de Saint-Denis. La
tradition voulait qu'il eût été fabriqué, vers le commencement du septième siècle, par S. Éloi,
pour Dagobert I". Quoi qu'il en soit de cette tradition, probablement fondée sur le souvenir
des deux trônes d'or enrichis de pierreries que S. Éloi exécuta pour Clotaire 11, il est certain
que l'opinion que ce siège avait appartenu à Dagobert était pleinement établie au douzième
siècle, puisque l'abbé Suger, dans le livre 30?% MdfmmMfyWùm qu'on suppose dicté par lui-
même, la mentionne positivement, en rappelant qu'il avait fait réparer ce siège, que les in-
jures du temps avaient fortement endommagé.
« On est généralement d'accord que la partie inférieure de ce trône, celle qui constitue le
siège proprement diR est fort ancienne et pourrait bien être une chaise curule antique ; la
ressemblance de ses profils avec ceux qu'on remarque aux trônes consulaires dans les dipty-
ques de Bourges, de Liège, et dans un troisième qui représente Stilicon, autorisent tout à fait
cette supposition. Quant à la galerie à jour qui forme le dossier et les bras du siège, on la
regarde comme plus moderne. Il n'y aurait point d'inconvénient à supposer que ce fût dans
l'adjonction de cette partie au siège antique que consista principalement la restauration
ordonnée par Suger, et au moyen de laquelle ce siège, disposé auparavant en pliant, devint
fixe et solide comme un fauteuil.
a Une remarque qui ne saurait échapper à quiconque étudie attentivement la série des
sceaux des rois de France, c'est que ce sont précisément Louis-le-Gros et son successeur
Louis-le-Jeune, sous le règne desquels Suger faisait exécuter la restauration du trône de
Dagobert, qui, les premiers, se firent représenter sur leurs sceaux assis sur une espèce de
chaise curule antique, dont le profil est très analogue à celui du siège que nous examinons.
N'y a-t-il pas là plus qu'une fortuite coïncidence, et n'est-il pas raisonnable de supposer que
Suger ayant remis en honneur le trône de Dagobert, les deux rois dont il fut le ministre
voulurent être représentés sur leurs sceaux assis sur ce siège auguste, qui symbolisait en
quelque sorte l'antiquité de leur race? *
Reprenant donc les choses au point où M. Pottier les a laissées, je m'efforcerai de prouver
U que la tradition de Saint-Denis était fidèle, et que le siège en question était précisément
MM & CPMJ7 </MC N. ËÛM MVCMfCS 7i.
2° Je démontrerai qu'en effet la partie inférieure du monument remonte seule jusqu'aux
^ fi tau! mentionner aussi un dessin sur bois et une courte notice publiée dans ic 1833, p. 38S.