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Cahier, Charles; Martin, Arthur
Mélanges d'archéologie, d'histoire et de littérature (Band 1,1): Collection de mémoires sur l'orfévrerie ... : 1 — Paris, 1849

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https://doi.org/10.11588/diglit.33560#0240
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220

MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.

Le serpent du crucifix de Lothaire offre une particularité assez rare dans les monuments :
sa tête est surmontée de deux cornes qui n'ont certainement pas été tracées sans intention.
Il est clair qu'on a voulu représenter un serpent redoutable qui n'est point du tout
imaginaire, et dont parle l'Écriture* dans la prophétie adressée par Jacob mourant à chacun
de ses fils les patriarches d'Israël. Or, comme la plupart des docteurs chrétiens voient dans
ce verset une indication relative à l'Antéchrist, il y a tout lieu de conjecturer que l'artiste
du neuvième siècle a voulu donner ainsi au serpent infernal la forme qui rappelait le mieux
ses dernières guerres et sa lutte acharnée contre le Christ et ceux qui lui appartiennent.


IV.
LES DEUX ASTRES.

10. J'ai dit qu'une sorte de pragmatique inviolable exigeait au moyen âge la représentation
du soleil et de la lune près de la croix. Pour deux monuments, sans plus, que nous avons à
étudier aujourd'hui, ce n'est point le lieu de dire par quelle variété de formes les artistes ont
fait passer ces deux astres ; mais il nous faut observer, ce que nous verrons confirmer à
peu près en toute occasion, que la place de chacun de ces astres auprès du Crucifié paraît
avoir été invariablement fixée par une prescription impérieuse. De quelque façon qu'on les
retrace, le soleil est à droite de Jésus-Christ (représenté ou non), et la lune à sa gauche.
Cette exactitude constante pourrait déjà faire soupçonner qu'il ne s'agissait pas seulement de
rappeler l'éclipse du vendredi-saint s ; il semble que, pour le moins, un certain parti pris sur
l'orientation de la croix venait se joindre à l'intention de montrer le ciel proclamant son
maître dans celui qui expire sur le gibet entre deux voleurs. Or, si nous recherchons ce que
disent nombre d'anciens auteurs, Jésus-Christ crucifié aurait étendu la main droite vers le

Per mare hoc sæcuhtm insinuatur
Quod voiuminibus adversitatum jugiter eievatur.
In hoc diabolos ut Leviathan circumnatat,
Muititudinem animarnin dévorât.
Deus autem... hamum in hoc mare porrexit,
Dum Filium suum... in mundum direxii.
Hujus harni linea
Est Christi geneaiogia
Ab evangelistis contexta.
Aculeus est Christi divinitas ;
Edulium vero, ejus humanitas.
Porro virga per quam hami linea in undas protenditur,
Est crux sancta in qua Christus ad decipiendum diabolum suspenditur.
Cujus carnis edulium dum hic Leviathan, avido dente mortis, lacerare
nititur,
A latente aculeo transügitur ;

Atque tortuosus coluber de lluctibus protrahitur,
Dum per Christi lidem in omnibus gentibus cultus ejus dilabitur,
Ac de cordibus fidelium, per Christi nomen confusus, quotidie
educitur.
Etc., etc. n
^ Gen., xLix, 17.
2 On sait que la mort de notre Seigneur Jésus-Christ eut
lieu à l'époque de la pleine lune, lorsque cette planète est si
directement opposée au soleil relativement à nous, qu'elie
montre entièrement à la terre son disque éciairé par les rayons
solaires ; en sorte qu'une éclipse natureüe du soleil était im-
possible à ce moment de l'année. (Cf. Levit., xxm, 5, 6.) De
quelque façon que l'on plaçât chacun des deux astres relati-
vement à la croix, le prodige de l'éclipse était sulUsamnient
rappelé dès qu'on les représentait opposés l'un à l'autre.
 
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