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Cahier, Charles; Martin, Arthur
Mélanges d'archéologie, d'histoire et de littérature (Band 1,2): Collection de mémoires sur l'orfévrerie ...: 2 — Paris, 1851

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https://doi.org/10.11588/diglit.33561#0080
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70

MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.

dit la même chose par sa fidélité à faire contraster ces deux personnages en plaçant à droite
du crucifix le soldat armé de la pique, et à gauche l'homme qui élève l'éponge. De sorte que
là où l'Église et la Synagogue ne se voient point (comme sur l'ivoire du roi de Bavière), on
peut les tenir pour remplacées exactement par ces deux hommes.
20. S. Jean et les saintes femmes, les anges même et les évangélistes qui surmontent la
croix, donneraient lieu à des remarques utiles; cependant, comme ces sujets pourront se
rencontrer ailleurs, il est plus expédient aujourd'hui de gagner avec une certaine hâte le terme
de ce long mémoire en écourtant même un peu la matière. C'est pourquoi nous passerons
outre après avoir seulement consacré à peine deux pages à la très sainte Vierge, qui doit bien
trouver quelque place ici.
L'Evangile dit en propres termes ' que la Mère de Dieu se tenait debout près de la croix ;
et jusqu'au quatorzième siècle l'art prit ces paroles à la lettre, sans s'écarter en rien d'une
attitude si mâle dont l'austérité semble même avoir été un peu exagérée par S. Ambroise s.
Il faut bien convenir du reste que les Pères et les grands théologiens, sans entendre adou-
cir en rien l'expression et la pensée des cruelles angoisses éprouvées par cette éfcs mar-
repoussent assez unanimement tout ce qui pourrait faire croire que tant de souffrance
dans une telle mère ait été suspendu par la faiblesse des sens ou soulagé par quelqu'une de
ces effusions qui trahiraient bien plutôt la délicatesse de la complexion que la profondeur de
l'atteinte. Que si l'Eglise romaine, dans la personne du grand Innocent 111 (à ce qu'il semble),
offre aux méditations des fidèles, avec le une mère baignée de larmes et
frémissant de douleur, il y a loin de là à ces exclamations que lui prête l'Eglise grecque dans
des chants presque quotidiens ^ ; et l'office de la dans le Bréviaire romain prend
quelque chose du langage de S. Ambroise, quand la très sainte Vierge nous y est montrée
comme goûtant en quelque sorte dans le spectacle du Calvaire l'amère consolation de voir
le monde réconcilié avec Dieu h

malitiæ porrigunt ; quia vinum sapientiæ, quod a Deo acce-
perant, peccando corruperunt. w
Cf. Rulin, m Ai/môoL (ed. Vaiiarsi, t. i, 88). —Etc. (Vi-
traux de Bourges, n° 62; p. 118, note 2).
* Joann., xix, 25.
^ De E%/e?UÙ!. 39 (t. n, p. 1185) : K Stantem iiiam
iego, ilcntem non lego. a Cf. De niry. 7 (t. ii,
261) ; etc.
3 Hapax)-., ç-KupoOïo-roxtK, passim. Ilyabien aussi quel-
chose de cette ùnpofenfia dans i'oiïicé syriaque
que j'ai indiqué plusieurs fois précédemment.
4 Fest. doiorum B. V. M., ad medMfm., responsor. 1 :
« Piis, o Virgo, spectas cum ocuiis : contemplans in eo non tam
vuincrum iivorem quant rnundi salutem. n S. Ambroise avait
dit (ùt Lac, xxm; t. i, 1185) : « Scd nec Mariaminor quam

matrem Dei decebat, fugientibus apostoiis ante crucem sta-
bat et piis spectabat ocuiis fiiii vuinera ; quia exspectabat non
pignoris mortem, sed mundi saiutem. « Et ii ne faudrait pas
imaginer que ce fut chez i'évèque de Miian queique empreinte
de la viciiie lierté romaine ; ie tendre S. Bonavcnture ne croit
pas devoir rapetisser !a mère de Dieu pour lui gagner quel-
ques larmes de ce que l'on appelle les cœurs sensibles : il
enchérit plutôt (m i senfenC, distinct. ô8, qniMC 2) sur l'aus-
tère portrait qu'avait tracé S. Ambroise : ".Nullotanien
modo est dubitandum quin virilis ejus (Maidn?) animus et ra-
tio constantissima vellet etiam tradere filium suum pro salute
humani generis, ut mater per omnia conformis esset Patri. Et
in hoc miro modo debet laudari et amari, quod placuit ci quod
unigenitus suus pro salute generis humani olferretur. Et tan-
tum etiam compassa est ut, si tieri potuisset, omnia tormenta
quælilius pertulit, ipsamulto libentiussustinuisset. Vere ergo
 
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