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Cahier, Charles; Martin, Arthur
Mélanges d'archéologie, d'histoire et de littérature (Band 3,2): Nouveaux mélanges ... sur l'moyen âge : ivoires, miniature, émaux — Paris, 1874

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https://doi.org/10.11588/diglit.33621#0135
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ÉVANGÉLISTES A TÊTES D'ANIMAUX.

ni
appartiennent à l'auréole du Fils de Dieu. Tout leur corps est humain, si ce n'est les ailes et
les têtes de bœuf ou d'aigde qui surmontent leurs épaules. Ils sont accompagnés de la per-
sonnification des fleuves du paradis, et deux autres fleuves se voient sans doute du côté
opposé, avec les deux autres évangélistes. Voilà un symbolisme avec lequel nous sommes
très-suffisamment familiarisés depuis les détails donnés dans ce même volume (p. 29-33)
et dans le premier, au sujet du manuscrit de l'abbesse Uota.
Un motif de plus pour penser que ce vase était exécuté en ivoire, c'est la bande infé-
rieure consacrée à des animaux qui se poursuivent sous bois, comme nous en avons pu
observer souvent sur les cors d'oliphant expliqués par les pages précédentes. Il était proba-
blement de bon usage que cette matière, venue de loin, fut traitée par les sculpteurs avec
un genre d'ornementation qui rappelât le pays des grandes bêtes fauves. Quand ce n'était
pas l'Asie elle-même qui nous expédiait ses bas-reliefs, les ateliers européens jugeaient
sans doute convenable de se conformer aux modèles envoyés par la Syrie, pour conserver
aux ouvrages d'ivoire une certaine couleur locale. Libre ensuite aux mystiques d'y ratta-
cher du symbolisme selon le goût de chacun, et d cé? '.

Décidément, et toute excuse cessante, je n'ai pas cru devoir clore ce chapitre sur les re-
présentations des évangélistes dans le haut moyen âge, sans mettre à profit pour mes lec-
teurs l'obligeance de M. de Longmemar (Cf. yi/pra, p. 99, note 1). Le frontispice d'un vieil
évangéliaire à Poitiers est ici réduit d'un tiers; et dans l'absence de l'or ou des couleurs qui
relèvent cette page sur le manuscrit original, le dessin prend un air assez farouche. Qu'eût-
ce été si je l'avais donnée en grand, avec toute sa tournure antique dépouillée des ornements
primitifs! Cet évangéliaire, estimé pour être des commencements du ix" siècle, ne m'est
connu d'autre façon que par un travail de M. l'abbé Cousseau (évêque d'Angoulême, depuis
lors) qui le considérait comme document utile pour l'ancienne liturgie de Poitiers^. Je n'ai
pas à discuter la science paléographique de M. Cousseau, dont j'ai toujours entendu parler
avec beaucoup de respect; mais je n'ai jamais vu le manuscrit lui-même, et ne me donne
pas non plus comme un connaisseur expert.
Ce qui est mon unique affaire, c'est de présenter (p. 112) cette curiosité carlovingienne
aux gens de notre âge, qui viennent d'en voir bien d'autres dans le chapitre actuel et. ci-
dessus p. 44. Ils ne seront donc pas très-épouvantés de ce qu'ils verront là de bien primitif
pour leurs yeux accoutumés à des spectacles plus délicats.
L'auréole de Notre-Seigneur, qui s'arrête au siège de son trône, pourra guider quelque
archéologue plus spécial que moi, dans l'histoire de la tiayaca jiMCM (ci-dessus, p. 89, sv.). Les
étoiles, au nombre de quatre, que l'on voit autour du buste de Jésus-Christ, sont un peu de
I. Le docte et pieux cardinal Bona, tout disciple de saint d'un tel aveu et ce qu'elle implique de mortification ou de
Bernard qu'il était, se permet de dire qu'on a fait bien du recueillement personnel, remplace suffisamment l'apprentis-
symbolisme après coup; et que ces belles intentions prêtées sage d'une jeunesse occupée dans le cloître à transcrire saint
aux fondateurs doivent être acceptées sous 5ëwéjlce d'Mwew- Augustin, saint Isidore et leurs imitateurs? Aussi, sauf ce
iuirc. Grande et importante concession de la part d'un cis- qui s'apprenait par la tradition dès les premières études, le
tercien, car saint Bernard ne se gênait guère pour interpré- mysticisme de Pierre le Vénérable vaut bien fréquemment
ter u priori maint emblème puisé dans la bible ou dans la celui de saint Bernard; malgré les philippiques de Glairvaux
nature. 11 est vrai que le docteur do Citeaux déclare fran- contre Cluny. Je me borne, bien entendu, au xu° siècle,
chement avoir eu pour seuls maîtres les chênes et les hêtres 2. Cf. Mémoires de la Société des Antiquaires de l'Ouest,
des forêts. Est-ce que cette éducation, si ce n'est l'humilité t. 111 (1837), p. 323, sw.
 
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