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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1835 (Nr. 217-251)

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Numéro 237 (21 Mai 1835) Planches 492,493
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https://doi.org/10.11588/diglit.26559#0124

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S* ANNÉE.

Numéro 237.

RÉDACTION.

Tout ce qui concerne la re'daction doit être adressé, franco, à
M. Louis Desnoyers (Derville), rédacteur en chef, au bu-
reau de rédaction, rue du Croissant, n° 16. — 11 sera rendu
compte dans la Caricature et le Charivari de tout ouvrage et
objet d’art dont il aura été déposé trois cxemplaircsau bu-
reau ci-dessus, rue du Croissant, n° 16. (Affranchir.)
r j- r ..administration et dessins.

Tout ce qui a rapport aux dessins doit être adressé à M. Ch.
PlllLII’ON, directeur du journal, ainsi que les réclamations,
abonnemens et envois de fonds, au bureau de la Caricature,
galerie Véro-Dodat, maison Aubert. (Affranchir.)

21 mai 1835.

CONDITIONS D’ABONNEMENT.

On souscrit à Paris, au bureau du journal, galerie Véro-Dodat,
maison Aubert; et dans les de'partemens, ainsi qu’à l’étran-
ger, chez tous les libraires et directeurs des postes. — Prix,
franco pour toute la France : pour un an, 52 fr.; pour six
mois, 26 fr.; pour trois mois, 13 fr. — On s’abonne pour l’Al-
magne, chez M. Alexandre, à Strasbourg.

NOTA.

Les Messageries Notre-Damc-des-Victoires et les Messageries Laf-
fitte et Gaillard reçoivent les abonnemens sans frais.
ANNONCES.

Un franc la ligne.

POLITIQUE, MORALE, LITTÉRAIRE ET SCÉNIQUE.


ILS SE SERONT USÉ LES DENTS

SUR EE COURAGE DES PRÉVENUS

COMME LA VIPÈRE SLR LA LIME DE LA TABLE.

La pairie se sentait mal assise, depuis qit’en attendant mieux la
révolution de juillet avait ébranlé ses vieilles chaises percées. Ëfle’fut^'
donc ravie quand le Système paterne de la royauté de juillet lui offrit
deux cents hommes de juillet à juger.Elle pensa que quelques cëntai-
nesd’arrêtslui serviraient merveilleusement décales, etlui donneraient
un peu de celte solidité qui lui manque. Jugez donc de son désespoir
lorsque la protestation des prévenus contreTiniquité qui les privait de
leurs défenseurs, eut rendu impossiblela continuation des débats! C’est-
à-clire que.le caniche affamé qui se voit arracher des dents l’os promis à
sa voracité éprouve un moins cuisant déplaisir.

Quand ü s’agit d’un caniche, on appelle tout bonnement ce déplai-
sir une fureur, une rage. Quand il s’agit d’une chambre des pairs, on
dit poétiquement que les pères de la patrie sont pénétrés d’affliction,
non pas pour eux, mais pour le pays, en voyant conspuer dans leurs
personnes, tout ce qu’il y a de sacré sur la terre, la justice du roi.

Cette diversité d’expressions à propos de faits parfaitement identi-
ques, prouve bien toute la mauvaise foi des détracteurs de la langue
française , lorsqu’ils prétendent que cette langue n’est pas immensé-
ment riche en synonymes. Avis à feu l’abbé Girard.

Or, les vieux jugeurs , tenant essentiellement à un procès quelcon-
que, ce fut alors qu’à défaut du premier, qui ratait, M. Thiersleur pro-
posa d’en faire un second , aux défenseurs eux-mêmes, sous pré-
texte d’une lettre approbative adressée par eux à leurs cliens. La pro-
Ç°sition fut accueillie avec d’aqtant plus d’ivresse, qu’elle leur avait
ete faite entre la poire et le Tokai, chez M. Decazes, leur grand-réfé-
I endaire. M, Lannes se chargea de porter la première ruaae à ces pré-
V(-nus, au nombre de 112, parmi lesquels deux députés. Ainsi fut lait.

. °dt allait donc pour le mieux, etcette nouvelle fournée promettait à
a pairie de la dédommager suffisamment de la perte de l’autre, lors-
que par malheur deux des défenseurs réclamèrent consciencieusement

Four eux seuls l’honorable responsabilité de la lettreen question, comme
ayant redire seuls, ct seuls publiée.

. ?c(]npe bulle de sayon qui. crevait entre les grifles judiciaires de la
pairie. as J?°.0yen, en effet, de donner sérieusement suite à cette
burlesque a aire. Que fajre cependant ? car la pairie ne peut pas plus
se passer a un procès, qu’après avoir tendu toute la journée sa ligne en
eau trouble, un pécheur ne peut se passer de goujon. Le pêcheur en
erait plutôt un que de rentrer au logis sans une capture quelconque.

La pairie , voyant ses seconds prévenus lui glisser entre les doigts,
s est donc retournée du côté des premiers, et a cru devoir employer

tous les moyens de séduction possibles pour les ramènera elle. Des mes-
sagers leur ontété adressés dans, leurs cachots, avec de tendres porolcs
et de séduisantes promesses: « Laissez-vous juger, » leur disait-on ;
« laissez-vous condamnera mort. Qu’est-ce que ce}a vous fait? 11 ne
r> vous sera fait aucun mal. Ce seront des condamnations à mort pour
» rire. Tout ce que le gouvernement désire, c’est qu’un arrêt ait lieu,
» afin que force reste à Justice ; car vous savez qu’il faut que force
» reste à Justice : M. Chegarayvous l’a répété assez souvent. Sitôt donc
;> le jugement prononcé, amnistie pleine et entière, et récompenses de
» toutes sortes. Ét en attendant, bonnes prisons, bons lits, bon air, et
» confitures à discrétion, en témoignage de la douceur des intentions
-» de la cour. »

Ainsi parlaient-à-peu près les messagers.

11 n’est pas jusqu’aux gardes municipaux quelle n’eût chargés d’em-
ployer sur l’esprit des prévenus tous les charmes qui résultaient
de ieur élocution et de leurs tabatières. Quand l’un des 23 prévenus
que, durant ces pourparlers, on ne cessait de trimballer pour échantillon
aux audiences devenues désertes, voulait se lever et protester à son
tour, on voyait, dit-on,' les gardes municipaux, obéissant à l’impérieuse
consigne, s’empresser amicalementde prendre les mains du récalcitrant,
lui frapper affectueusement sur l’épaule, et pour comble d'adresse, lui
offrir une prise de tabac : «Allons, voyons,! mon accusé, tenez-vous
» tranquille. A quoique, ça sert de faire du train comme ça ! Allons,
» voyons, prenons la vieille prise de tabac, et laissons-nous juger. »

C’était pas moins un spectacle assez drôle, convenez-en, que de
voir la noble cour réduite à solliciter ainsi la complaisance des préve-
nus; réduite aies supplier, comme d’une grâce, de se laisser condamner
à mort; réduite, à demander à la chambre des députés elle-même l’au-
inône de deux prévenus, comme un pauvre demande un liard à la pitié

du passant! ' V,!'/'* sumimw7'Wb'p atianaleo'b

Quoi qu’il en soit, lès prévenus d’avril ont résisté à toutes les séduc-
tions; ils ont résisté à ses promesses, à ses prières, à ses confitures, à
son éloquence et à son tabac.

C’est alors que la cour a imaginé, en désespoir de cause, de les ré-
duire par l’isolement, par le dégoût, par les plus dures privations, et
même par la fringale ; en les séquestrant entièrement de leurs
amis, de leurs familles et de leurs défenseurs ; en les enfermant dans ce
qu’il y a de plus sales cabanons à la Conciergerie et ailleurs ; et enfin,
enbeleur distribuant qu’une détestable nourriture. Elle semblait sur-
tout compter sur ses potages à l’eau, sur son pain de son, et sur ses ha-
ricots au suif, beaucoup plus même qu’elle n’avait compté sur ses con-
fitures, pour mater les prévenus. Elle espérait débiliter leur moral en
même temps que leur physique.

Hé bien! si tout cela est vrai, comme on me l’a conté, les vieux
jugeurs ont pu se convaincre de l’inanité de leurs efforts. Us y ont
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