ture de la course du soleil dans les
dieux hémisphères.
L'antiquité classique connut et con-
serva la tradition égyptienne relative
au jugement de l'ame séparée du corps
qu'elle anime ; et cette antiquité lit
plus encore à l'égard d'une partie de
cette tradition, la pesée des âmes ,
elle se l'appropria et l'introduisit dans
ses propres croyances. \j3Lpsychostasie
figure dans les écrits des Grecs, dans
ceux des Latins, et sur leurs monu-
ments. Homère décrit Jupiter sur le
sommet du mont Gargare , déployant
ses balances d'or pour y peser les
destinées des guerriers troyens et celles
des Grecs valeureux; il saisit le milieu
des balances , qu'il élève, et le jour
fatal aux Grecs est arrivé : leur des-
tin penche vers la terre, et celui des
Troyens vers les cieux. C'est dans ces
mêmes balances que Jupiter place en-
suite les destinées fatales d'Achille et
d'Hector; le destin cruel d'Hector em-
porte la balance, et le héros descend
dans les enfers. Virgile imita cette
belle image dans la description du
combat d'jEnée contre Turnus. Une
belle patère étrusque représente un
sujet analogue, et le nom d'Achille
se lit à côté d'un des deux bassins de
la balance, chargés de deux figures
humaines. Sur un vase grec on a peint
le combat d'Achille contre Memnon,
et au-dessus des combattants, Her-
mès , le Tboth des Grecs, pèse dans
une balance les âmes des héros, en
présence de Thétis et de l'Aurore.
Enfin, Plutarque rapporte que tel était
le sujet de la Psychostasie d'Eschyle ;
et Milton ne dédaigna pas d'imiter
cette riche fiction, reste difforme d'une
grande pensée et d'un dogme sublime,
désormais consacré par l'assentiment
des siècles, la conscience publique et
l'ordre nécessaire de l'univers.
Ce tableau très-expressif des terri-
bles châtiments réservés aux âmes
coupables, dément assez hautement
l'assertion de ceux qui, parmi les sa-
vants des temps modernes, ont avancé
qu'il n'y avait pas, dans l'enfer égyp-
tien, de peines physiques infligées aux
condamnés; la preuve du contraire
EGYPTE. 133
est écrite sur plusieurs monuments du
premier ordre. Il y avait dansl'Amen-
thi des Égyptiens, le séjour des bien-
heureux et celui des coupables. Ces
idées, d'origine égyptienne, passèrent
chez tous les peuples policés de l'anti-
quité ; elles n'ont pas encore vieilli, et il
est évident que l'idée de peines et de
récompenses éternelles fut inséparable
de celle de l'immortalité de l'ame.
Personne n'a refusé aux sages de l'E-
gypte la priorité de la connaissance de
ce dogme; Isis et Osiris, dit Héro-
dote , régnent dans l'enfer des Égyp-
tiens; ce peuple est le premier qui ait
dit que l'ame de l'homme est immor-
telle; ils croient qu'en quittant le
corps de l'homme, elle passe dans
celui d'un autre animal, successive-
ment dans le corps des êtres animés
de toute espèce, terrestres , marins
ou aériens ; de là elle occupe de nou-
veau le corps d'un homme, et ces
transmigrations s'opèrent dans un in-
tervalle de trois mille ans. C'est à
trois épreuves semblables que l'ame
aurait été soumise successivement,
idée recueillie aussi par Platon, qui
savait que l'ame qui, après ces trois
épreuves, restait innocente, retournait
aux dieux, d'où elle émanait ; les âmes
coupables, au contraire, animaient
d'autres corps durant des myriades
d'années avant de rentrer dans' le sein
delà divinité. Pindarenesemble-t-il pas
avoir eu présente la pensée de ce séjour
de joie et de plaisirs pour les âmes
pures, qui est décrit a une de nos
pages précédentes , lorsqu'il rappelle,
dans ses vers, que les âmes qui sor-
tent pures de ces trois épreuves, par-
viennent aux demeures Je Saturne et
aux îles des bienheureux que rafraî-
chissent les vents de l'Océan, où
brillent des fleurs qui ont l'éclat de
l'or, qui naissent de la terre, ornent
les arbres ou s'élèvent du sein des
eaux, et dont les habitants de ces lieux
fortunés se font des couronnes et des
colliers? Pindare imite ici l'inépui-
sable modèle des poètes, Homère dans
son Odyssée ; et comme pour conserver
à cette opinion son origine égyptienne,
c'est dans la bouche de "égyptien Protée
dieux hémisphères.
L'antiquité classique connut et con-
serva la tradition égyptienne relative
au jugement de l'ame séparée du corps
qu'elle anime ; et cette antiquité lit
plus encore à l'égard d'une partie de
cette tradition, la pesée des âmes ,
elle se l'appropria et l'introduisit dans
ses propres croyances. \j3Lpsychostasie
figure dans les écrits des Grecs, dans
ceux des Latins, et sur leurs monu-
ments. Homère décrit Jupiter sur le
sommet du mont Gargare , déployant
ses balances d'or pour y peser les
destinées des guerriers troyens et celles
des Grecs valeureux; il saisit le milieu
des balances , qu'il élève, et le jour
fatal aux Grecs est arrivé : leur des-
tin penche vers la terre, et celui des
Troyens vers les cieux. C'est dans ces
mêmes balances que Jupiter place en-
suite les destinées fatales d'Achille et
d'Hector; le destin cruel d'Hector em-
porte la balance, et le héros descend
dans les enfers. Virgile imita cette
belle image dans la description du
combat d'jEnée contre Turnus. Une
belle patère étrusque représente un
sujet analogue, et le nom d'Achille
se lit à côté d'un des deux bassins de
la balance, chargés de deux figures
humaines. Sur un vase grec on a peint
le combat d'Achille contre Memnon,
et au-dessus des combattants, Her-
mès , le Tboth des Grecs, pèse dans
une balance les âmes des héros, en
présence de Thétis et de l'Aurore.
Enfin, Plutarque rapporte que tel était
le sujet de la Psychostasie d'Eschyle ;
et Milton ne dédaigna pas d'imiter
cette riche fiction, reste difforme d'une
grande pensée et d'un dogme sublime,
désormais consacré par l'assentiment
des siècles, la conscience publique et
l'ordre nécessaire de l'univers.
Ce tableau très-expressif des terri-
bles châtiments réservés aux âmes
coupables, dément assez hautement
l'assertion de ceux qui, parmi les sa-
vants des temps modernes, ont avancé
qu'il n'y avait pas, dans l'enfer égyp-
tien, de peines physiques infligées aux
condamnés; la preuve du contraire
EGYPTE. 133
est écrite sur plusieurs monuments du
premier ordre. Il y avait dansl'Amen-
thi des Égyptiens, le séjour des bien-
heureux et celui des coupables. Ces
idées, d'origine égyptienne, passèrent
chez tous les peuples policés de l'anti-
quité ; elles n'ont pas encore vieilli, et il
est évident que l'idée de peines et de
récompenses éternelles fut inséparable
de celle de l'immortalité de l'ame.
Personne n'a refusé aux sages de l'E-
gypte la priorité de la connaissance de
ce dogme; Isis et Osiris, dit Héro-
dote , régnent dans l'enfer des Égyp-
tiens; ce peuple est le premier qui ait
dit que l'ame de l'homme est immor-
telle; ils croient qu'en quittant le
corps de l'homme, elle passe dans
celui d'un autre animal, successive-
ment dans le corps des êtres animés
de toute espèce, terrestres , marins
ou aériens ; de là elle occupe de nou-
veau le corps d'un homme, et ces
transmigrations s'opèrent dans un in-
tervalle de trois mille ans. C'est à
trois épreuves semblables que l'ame
aurait été soumise successivement,
idée recueillie aussi par Platon, qui
savait que l'ame qui, après ces trois
épreuves, restait innocente, retournait
aux dieux, d'où elle émanait ; les âmes
coupables, au contraire, animaient
d'autres corps durant des myriades
d'années avant de rentrer dans' le sein
delà divinité. Pindarenesemble-t-il pas
avoir eu présente la pensée de ce séjour
de joie et de plaisirs pour les âmes
pures, qui est décrit a une de nos
pages précédentes , lorsqu'il rappelle,
dans ses vers, que les âmes qui sor-
tent pures de ces trois épreuves, par-
viennent aux demeures Je Saturne et
aux îles des bienheureux que rafraî-
chissent les vents de l'Océan, où
brillent des fleurs qui ont l'éclat de
l'or, qui naissent de la terre, ornent
les arbres ou s'élèvent du sein des
eaux, et dont les habitants de ces lieux
fortunés se font des couronnes et des
colliers? Pindare imite ici l'inépui-
sable modèle des poètes, Homère dans
son Odyssée ; et comme pour conserver
à cette opinion son origine égyptienne,
c'est dans la bouche de "égyptien Protée