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1È CHARIVARI o

pour en faire une tragédie. Qu'en pensez-vous ? —
Je n'y pense jamais. »

Je laissai là M. Ponsard. Le soir, dans un salon,
je rencontrai Mme Louise Collet.

« Avez-vous lu, me demanda-t-elle, ma lettre au
Constitutionnel ? ma lettre où je réclame mon droit
de priorité au sujet de Charlotte Corday. Tous mes
amis vous diront qu'il y a quelques années je pu-
bliai une étude dramatique sur la petite fille du
grand Corneille ; tous les théâtres la refusèrent, sous
prétexte que ce n'était pas une pièce, et que d'ail-
leurs le sujet ne convenait pas à la scène. Maintenant
il s'agit d'une tragédie de M. Ponsard sur Charlotte
Corday, mais nous verrons, Monsieur! On jouera ma
pièce avant celle de M.rPonsard,'Monsieur ! On n'a-
buse pas ainsi de la simplicité d'une pauvre femme,
Monsieur ! J'égratignerai M. Ponsard, M. Berryer,
M. Clairville et tout le monde ; on verra ce qu'il en
coûte pour dérober un sujet de tragédie à un sexe
faible, à un sexe qui n'a d'autre moyen de défense
que ses larmes et ses ciseaux ! »

En rentrant le soir, je rencontrai mon ami Tar-
tempion qui me montra une réclamation qu'il adres-
sait à la Presse pour prendre^date au sujet d'un
drame sur CharlottefCorday, refusé depuis dix ans
à la Comédie-Française. Dans ce drame, Charlotte
amoureuse de Marat, l'assassinait par jalousie. Tar-
ternpion m'avoua, du reste, qu'il s'indignait des pré-
tendues tragédies de Mme Collet, de M. Ponsard, de
M. Berryer et de M. Clairville.

Au moment où je levais le marteau de ma porte,
Falempin me saisit par le bras et me dit beaucoup de
mal du drame de Tàrtempion. « Il a supposé, me
dit-il, que Charlotte aimait Marat : quel contre-sens
historique ! Moi je prouve clair comme lejour, dans
une trilogie dont je vous ferai lecture demain, que
Charlotte était amoureuse de Robespierre, et qu'elle
voulait le débarrasser d'un rival politique... Bonsoir,
il faut que je vous quitte pour aller écrire une lettre
au Commerce, relativement à ma trilogie. »

Quand je passai devant la loge du portier, je vis ce
fidèle gardien qui serrait un manuscrit dans sa sou-
pente, mais j'eus le temps de lire sur la couverture:
Charlotte Corday, tragédie en cinq actes.

Je me couchai exaspéré, et je rêvai que je volais
la tragédie de mon portier... Il est capable d'écrire à
ce sujet une lettre au Journal des Débats.

|ous trouvons l'article suivant dans le Libé-
ral du iSord, et nous penserions manquer à
Inos devoirs d'historiens, si nous ne l'insé-
rions pas dans les archives du Charivari :

« saint-pol, 25 juillet.—On s'entretient beau-
coup dans la ville de Saint-Pol des démêlés du doc-
teur Danvin avec M. le président Fourdinier et sa
servante.

»Un premier épisode a déjà été vidé en police cor-
rectionnelle et la plainte en diffamation du cordon-
bleu a été suivie d'un jugement d'acquittement en
faveur de M. Danvin.

» Un nouveau débat devra, dit-on, bientôt s'éle-
ver au sujet d'un fait assez désopilant dont la place
publique de Saint-Pol a été le théâtre.

» Au milieu des feux croisés d'une polémique as-
sez vive engagée entre lui et le docteur Dauvin, M.
le président, dont la plume est métaphorique et quel-
que peu orientale, avait fait imprimer dans Y Abeille,
le 12 juin dernier, ces lignes : « Je ne me fâche ja-
» mais contre les roquets qui, dans la rue, s'accro-
» chent à mes jambes, et je ne suis pas en colère
» contre Dieu parce qu'il a créé les limaçons, les rats
» et les crapauds. »

Le lendemain de cette publication, c'est-à-dire le
13 juin, vers sept heures du matin, à l'issue delà
messe qui se dit dans la chapelle du Saint-Esprit, on
vit M. le président sortir de sa maison suivi de sa
servante portant la ratière renfermant un captif de
haute taille et de son chien de Terre-Neuve de taille

plus haute encore... on ne pouvait guère deviner où
allait ce cortège drolatique, quand,arrivé sur la place
de Saint-Pol, à l'endroit où se pratique l'exécution
des condamnés à mort, M. le président donna ordre
à sa servante d'ouvrir la ratière au milieu d'un cer-
cle nombreux qu'avait formé la curiosité et fit un si-
gne à son Terre-Neuve de courir sus à l'animal im-
monde. L'exécuteur quadrupède manqua malheu-
reusement son coup, et toute la gloire de l'action re-
vint à un bouledogue qui, plus adroit que le chien
haut justicier, atteignit d'un coup de dent le fugitif
et l'étendit mort sur le pavé aux grands éclats de rire
des spectateurs.

» Nous ne trouvons, pour notre compte, que très
comique cette concurrence que daigne faire en place
publique M. le président aux débitans de mort aux
rats.

» Mais il n'en est pas de même, à ce qu'on dit, de
M. Danvin qui, rapprochant le fait des termes de la
polémique, croit que M. le président a eu l'intention
de prononcer contre lui une condamnation allégori-
que et de lui donner sur la place publique une exé-
cution en effigie.

» Certaines personnes morales et d'un front par
trop rembruni se permettent aussi de trouver que
cette parade ne se concilie que médiocrement avec la
dignité du magistrat. »

ÇA FUME'

Il existe,
pour le bud-
get munici-
pal de la ville
de Paris, un
malheur ana
logue à celui
de la gre-
nouille pla-
cée en face
du bœuf:
c'est d'avoir
de très près'
sous les yeux
le budget du

Système à bon marché, si bien que le petit, jaloux et
humilié, de la comparaison, est sans cesse ténté de
s'enfler à l'instar de son hippopotamique voisin.

Le budget municipal se nourrit, comme l'autre,
de crédits supplémentaires, de déficits, d'emprunts
et autres moyens d'engraisser qui sont le racahout
des budgets.

Il va sans dire qu'il ne néglige pas non plus les
aggravations d'impôts anciens et les inventions d'im-
pôts nouveaux. Sous ce rapport également il y a
émulation entre les deux rivaux ; à chaque instant
partent du ministère des finances et de l'hôtel-de-
ville des Christophe Colomb fiscaux qui cherchent à
découvrir quelque coin encore inexploré dans les po-
ches publiques.

Un de ces explorateurs municipes vient de faire
une découverte qui certainement donnera la jaunisse
à ses émules du grand budget. Il a trouvé une nou-
velle ouverture àimpôts:Où?,.. dans l'orifice des che-
minées.

Vous me direz peut-être que cette découverte est
plutôt d'un Savoyard que d'un Christophe Colomb.

Quoi qu'il en soit, dans une récente réunion du
conseil, la proposition a été faite de frapper chaque
cheminée parisienne d'un impôt de dix francs, rien
que cela. Ce serait un ingénieux moyen de faire fu-
mer les contribuables concurremment avec les che-
minées.

Cette proposition n'a pas été adoptée, mais elle ne
tombera certainement pas dans les cendres. Le fisc
ne saurait négliger une pareille occasion de venir
s'asseoir familièrement à notre foyer,les pieds sur les
chenets. Dieu sait cependant que les budgets sont
déjà bien assez chauds !

Et bientôt, quand on verra de la fumée par des-
sus les toits, on pourra dire : « C'est la fortune pu_
blique qui flambe. »

PARIS PLAQUÉ.

Un touriste anglais qui est possédé, comme M,
Alexandre Dumas, de la manie d'émettre ses impres-
sions de voyage, a écrit sur ses tablettes : « Paris,
ville construite en pierres de taille doublées de tôles.»
Ce voyageur pittoresque fesait sans doute allusion
aux plaques de toutes formes et de toutes couleurs
dont la plupart des maisons sont illustrées du haut
en bas.

Illustrées est bien le mot ; car un grand nombre
de ces plaques sont revêtues d'attributs relatifs au
titre des compagnies d'assurance qu'elles représen-
tent.

Si la compagnie Royale, la Générale et le Sau-
veur se contentent d'inscrire leur nom sur leur en-
seigne avec la modestie qui caractérise les grands ta-
lens, leurs émules s'efforcent de parler aux yeux
par un langage qu'on peut littéralement appeler fi-
guré.

Ce long oiseau efflanqué et panaché qui voltige
froidement au-dessus des flammes, vous désigne le
Phénix.

Cet autre, qu'on pourrait prendre pour un din-
don au repos, si l'artiste n'eût pas gravé son acte de
naissance sous ses pattes, figure la compagnie de
l'Aigle. Ce volatile se tient immobile et l'œil fixe à
une distance peu respectueuse'des rayons cuivrés du
Soleil, qui s'efforce de luire pour tout le monde.

Ce triangle peu lumineux, barriolé de caractères
hiéroglyphiques, est le portrait de la Providence d'a-
près les Hébreux. A voir la couleur de cette image»
il semblerait que l'artiste a voulu passer la providen-
ce au bleu.

Cette triple couronne de tours qu'on prendrait pou
un moule à pâtisserie, représente l'Ufbaine, compa-
gnie qui, pour faire niche à son titre, travaille surtout
dans les campagnes.

La statuette de Pallas, dont l'or se détache sur i»1
fond rouge, sert d'étiquette au Palladium-
Ce vieillard à barbe blanche, qui nage dans la"'1
travers les flots d'un manteau bleu pour lequel on
n'a pas ménagé l'étoffe, personnifie la Paternelle

Naguère encore les compagnies d'assurances avaien'
le monopole des plaques, et, si nombreuses quelle
fussent, on pouvait apercevoir çà et là quelque cotf
de pierre non plaqué ; mais voici venir les cornp3
gnies des eaux plus ou moins filtrées, des vidangeS
plus ou moins inodores et de l'éclairage au gaz p'uS
ou moins clair qui s'avisent aussi de marquer à une
plaque les immeubles où elles possèdent un ou p'u
sieurs cliens. D'où il résulte qu'il y a des pla<îue"
partout, comme des scandales.

ILa suite à la 4e page.)
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Werk/Gegenstand/Objekt

Titel

Titel/Objekt
Le charivari
Sachbegriff/Objekttyp
Grafik

Inschrift/Wasserzeichen

Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Inv. Nr./Signatur
R 1609 Folio RES

Objektbeschreibung

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Traviès de Villers, Charles Joseph
Entstehungsdatum
um 1847
Entstehungsdatum (normiert)
1842 - 1852
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Satirische Zeitschrift
Karikatur

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
Le charivari, 16.1847, Août (No. 213-243), S. 834
 
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