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Le charivari — 59.1890

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Décembre
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CINQUANTE-NEUVIÈME ANNÉE

Prix du Knméro : SS centimes

JEUDI -18 DECEMBRE 1890

ABONNEMENTS

PARIS

Trois mois... 18 fr.

Six mois. 36 —

Un an.. 72 —

'les abonnements parlent des i" et 16 de chaque mon

DIRECTION

Politique- Littéraire et Artistique

PIERRE VÉRON

Rédacteur en Chef

BUREAUX

OB LA RÉDACTION ET DE L’ADMINISTRATION

ïlue de la Victoire, 20

'Rnal

ABONNEMENTS

DÉPARTEMENTS

Trois mois. 20 fl?.

Six mois. 40 —

Un an. 80

L’abonnement d’un an donne droit à la prime graciai

DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique

PIERRE VÉRON

Rédacteur en Chef

ANNONCES

ADOLPHE EWIG, fermier de la publîCîtîi

92, Rue Richelieu

CHARIVARI

BULLETIN POLITIQUE

II m’est impossible d’admirer la façon dont vient
encore de procéder la justice dans cette affaire
Padltwski- Labruyère qui a si vivement passionné
la curiosité publique.

Je laisse toutes les dissertations à côté; je ne
prends que le fait matériel.

La justice ne vient-elle pas de donner une nou-
velle preuve de ses hésitations et de ses incohéren-
ces en tergiversant comme elle l’a fait depuis plu-
sieurs jours ?

Chaque matin, on nous racontait qu’il y avait eu
des conciliabules auxquels assistaient des magistrats
de tout grade, qu’IIippocrate avait dit oui quand
Gallien disait non, que M. Quesnay de Beaurepaire
s'élait empoigné avecM. Banaston parce que l’un
voulait poursuivre et que l’autre ne le voulait pa=,
que certains casuistes avaient invoqué tel article
imposant incontestablement le devoir de sévir,
mais que certains juristes avaient riposté en op-
posant un autre article du Code qui dit absolument
le contraire.

Encore une fois, je n’ai pas à formuler ici d’opi-
nion sur l’affaire elle-même. Je prends le cas comme
quelconque et je dis, avec le public :

— Est-ii possible que les choses judiciaires soient,
dans un pays, réglées et gérées de telle façon que la
magistrature ne puisse pas elle-même s’y reconnaî -
tre, qu’il y ait deux poids et deux mesures, que le
pour et le contre s'y appuient également sur la pré-
tendue loi ?

Si tel est véritablement l’état des choses, il faut
absolument le faire cesser. Si les textes ne sont
pas clairs, il faut les éclaircir. Si les magistrats ne
sont pas lucides, il fautles remplacer.

Un Code sagace et équitable doit tout prévoir et
ne pas laisser place à de pareils tâtonnements.

Qu’il y ait, dans l’application d’une peine, des
difficultés et des controverses, c’est une autre affaire,
parce qu’ici on entre dans le domaine de la cons-
cience ; mais, pour tout ce qui n’est que formalité
préalable, les textes ne devraient-ils pas avoir une
clarté immuable et indiscutable?

Telles sont les réflexions qu’ont fait naître dans
tous les esprits impartiaux les titubations bizarres
du Parquet.

Il fallait, dès la première heure, savoir ce qu’on
voulait, et il n’aurait pas dû être possible de .vouloir
autre chose que ce que prescrivait une légalité as-
sise.

Je déclarerai maintenant, pour dire toute ma pen-
sée, qu’au discrédit produit par ces oscillations on
a ajouté, je crois, une énorme bévue en poursui-
vant M. de Labruyère.

Vos incertitudes seules attestent qu’il y a au moins
autant de raisons pour l’acquitter que pour le con-
damner. Vous avez de fortes chances, par consé-
quent, d’aboutir à un avortement grotesque.

C'est ce dont on aurait dû se rendre compte tout

de suite, c’est ce dont on aurait dû prendre son
parti carrément en se disant :

— Nous sommes roulés. Tant pis pour nous, c’est
notre faute ! Ça nous apprendra à avoir une police
aussi ridiculement faite.

Pierre Véron.

LA COMÉDIE DD PUBLIC

THEATRE DU PALAIS DE JUSTICE

L’affiche annpnee : Eyrau i-èt GabpieHe, d/ame.

A la queue.

Mondains, mondaines.Toilettes à tapage. On bat la
semelle sur les marches glacées, en attendant l'ou-
verture du sanctuaire et tandis que le commandant
Lunel court fiévreusement, harcelé, sollicité, écar-
telé.

Une blonde grasse. —J’ai les pieds gelés, ma
chère.

Une brune maigre. — Pourquoi yas tu mis delà
coquetterie ? On ne voit pas les extrémités ici 1 Moi
qui la connais, j’ai pincé des chaussons fourrés.

Une cocotte. — Il n’a pis l’air d’y avoir beau-
coup d'hommes chics. Je crois qu’on ne fera pas
ses frais.

Une femme mariée. — Je ne vois pas encore Gon-
tran... Moi qui ne suis venue que pour lui et qui ai
eu tant de peine pour décider mon mari à me per-
mettre. ..

L’amie. — Est-ce que vous filerez tout de suite
sans entrer ?

La femme mariée. —Non, mais à la première sus-
pension d’au lience.

Voix diverses. — Dieu ! que c’est long !... Il faut
tout de même être bien bête pour pousser labadau-
derie jusqu’à la fluxion de poitrine... Bien sûr, on
a déjà fait entrer des privilégiés... L’ouverture!
L’ouverture ! L’ouverture ! !...

Avant le lever du rideau.

La blonde grasse. — Enfin nous y v’ià !

La brune maigre.—Ne nous mettons pas à droite;
nous ne verrions que le jury, et ce n’est pas gai.
Glisse-toi à gauche pour être en face du banc des
accusés.

La blonde grasse. — Mais tu es ici comme chez
toi !

La brune maigre. — Dame ! ma chère, quand on
a un substitut qui vous... (Elle n’achève pas sa
phrase.)

Un monsieur bien renseigné. — Celui-là, c’est
RémyLauné, l’homme d’affaires de Sèvres.

Une grosse dame. — Vous êtes sûr?

Le monsieur bien renseigné. — Parfaitement.

Son voisin. — Vous devez vous tromper. C’est.
Garanger.

Le monsieur bien renseigné.

La grosse dame. — Et celui >e lève en

tournant le dos, le connaissez-voi

Le monsieur bien renseigné Parfaitement ;
c’est le docteur Charcot.

Le voisin. — Pas du tout; c’e T. Goron.

Le monsieur bien renseigné. 'Test possible...
Mais voilà Alexandre Dumas, là-b ...

Le voisin. — Pas du tout; c’est .un acteur du
Gymnase.

La cocotte, à un vieux monsieur. — Es 'e que
vous ne pourriez pas vous reculer un peu ( un
sourire phosphorescent.) Sans cela, je vais êtr
gée de m’asseoir sur vos genoux.

Le vieux. — Avec plaisir.

La cocotte, à part — Il a l’air d’avoir le sac.

La femme mariée. — Gontran ne vient toujours
pas... Quand je pense que pour avoir ma carte j’ai
été obligée d’être plus qu’aimable pour un avocat
influent... Si c’est comme cela que Gontran m’en est
reconnaissant...

L’amie. — Je ne te conseille pas de lui formuler
- les reproches sur ce ton-là.

Premier acte.

L’huissier a prononcé le sacramentel La cour,
messieurs ! Le jury et les avocats prennent place. On
introduit les accusés. Immense brouhaha.

La cocotte. — Je vous demande pardon si je
m’appuie sur voire épaule pour la voir, la coquine.

Le vieux. — Appuyez-vous.

La cocotte, à part. — Il m’a l’air d’être encore
assez solide.

La blonde grasse. — Comme il a bien la figure
d’un scélérat, cet Eyraud !

La brune maigre. — Ça te fait cet effet-là parce
que tu n’as encore jamais vu d’assassin. Moi, je lui
trouve l’air bon enfant.

La femme mariée. — Tiens! M. de Sédillac... un
ami de Gontran... un garçon très bien.

L’amie. — Il pourrait peut-être le remplacer.

La cocotte. — Pas chouette, la Gabrielle. Je
comprends qu’elle ait eu besoin de tuer les gens
pour avoir leur argent.

Le vieux, frétillant. — 11 est des femmes à qui
l’on serait heureux de l’offrir spontanément. (Il roule
de l’œil.)

La cocotte. — Je crois que je le tiens, celui-là.

Un Prudhomme.— Dans ma jeunesse, les avocats
n’auraient jamais osé porter la toque sur le coin de
l’oreille. Ils ont l’air de casseurs d’assiettes.

Un grincheux. — De drôles de bobines, MM. les
jurés ! Quand on les a vus, on ne peut plus s’étonner
des verdicts qu’ils rendent.

Un sportsman. — Cinq contre un qu’Eyraud sera
condamné à mort I

Un autre. — Moi, je donne à six les circonstan-
ces atténuantes pour la Bompard.

L’huissier. — Silence !

Pendant la suspension.

La blonde grasse. — Ma chère, j’avais des gâ-
teaux. Je me suis assise sur mes éclairs, et ça fait
une marmelade J à-dessous!

La brune maigre. — Il ne faut rien apporter de
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