I.E CHARIVARI
ver une autre formule d’illustration, et, comme
la réclame se fourre partout, une fusion s’est
opérée.
C’est pourquoi nous avons vu, depuis un certain
temps, des industriels de tout genre placer leurs
produits divers sous le patronage do quelques
noms connus.
Il y a eu le fard Sarah Bernhardt, succédant aux
plumes de fer Ilumboldt. Il y a eu des chapeaux
portant le nom de telle ou telle actrice. Je crois
même que les pilules purgatives se sont récla-
mées aussi de parrainages retentissants.
Doit-on rire? Doit-on se fâcher? La question
est là.
Une artiste du Palais-Royal s’est fâchée et a
fait un procès parce qu’on avait mis son image
sur des boîtes de biscuits. Le biscuit est pourtant
chose douce. J’aurais compris la colère si l’on
avait collé ladite artiste comme étiquette sur des
flacons d’huile de foie de morue. Mais la pâtisse-
rie, quoi de plus inoffensif ? -
Il s’est trouvé des poètes pour proclamer que
les yeux de leur Beauté étaient doux comme le
miel, et la Beauté en a été charmée.
Incontestablement, toutefois, nul n’a le droit
de disposer de vos traits sans autorisation.
Vous connaissez 1 histoire du monsieur qui
avait refusé de prendre livraison de sa photo-
graphie, sous prétexte de non ressemblance. Le
lendemain, lephotographe exposait ladite épreuve
à sa porte avec cette légende : « Le plus grand
âne de toute la ville. »
Le monsieur se fâcha et poursuivit. Le photo-
graphe fit plaider :
— Mais puisqu’il prétend que ce n’est pas res-
semblant, personne ne le reconnaîtra. Ce n’est
pas son portrait que j’exhibe.
Il y eut, nonobstant, condamnation légère.
Donc, la tête d’un individu lui appartient en
propre. Toute reproduction est illicite, voilà la
stricte vérité.
Mais, dans la pratique, on est si gourmand de
publicité aujourd’hui, qu’une foule de gens de-
manderaient comme une faveur qu’on reprodui-
sît leur image, non seulement sur des boîtes de
gâteaux, mais au besoin sur les papiers qu’on dis-
tribue dans les chalets de nécessité. C’est ce qui
explique comment les infortunés marchands de
biscuits s’y sont laissé prendre.
Voyant de toute part les murailles couvertes de
profils, ils ont cru faire une galanterie à une ai-
mable comédienne en sanctionnant sa popularité
par la chromo.
Que voulez-vous? Faute de s'entendre sera
toujours un titre d’actualité.
QUIVALA.
Al GlICHET, MESDEMOISELLES
Un journal annonce que les bureaux de poste
de Paris seront prochainement tenus par des
jeunes filles.
Les rapports actuels entre clients et employés
mâles ne sont généralement pas tout à la douce,
comme dit Boireau.
Il règne même dans les relations une aigreur
chronique qui rend bien pénible l’obtention d un
simple timbre-poste.
On espère que tout cela va changer.
Avec les dam’s faut toujours êtr’ galant.
Les ris et les grâces viendront s’installer der-
rière les guichets, où régnent jusqu’à présent en
souverains les grognements et les invectives.
Le sourire remplacera les grimaces, l’idylle va
détrôner l’engueulement.
Ce sera l’âge d’or.
On se figure sans peine l’aspect d’un bureau de
poste parisien après cette bienheureuse réforme.
Ces demoiselles sont derrière leur grillage.
Bandeaux plats et frisons encadrent les frais
visages administratifs.
Devant le guichet des chargements, s’allonge
une queue interminable.
On cause entre patients :
— Voici trois quarts d’heure que je suis ici.
— Vous êtes arrivé un peu avant moi...
— Mais je ne m’en plains pas!
— Ni moi!... Plus nous attendrons, plus nous
aurons le temps de contempler les traits de la
charmante blonde du guichet.
— Quelle grâce!... Voyez, elle a pris sa boîte à
poudre de riz et se passe la houppe sur le visage.
— Que ne suis-je cette houppe!
Le monsieur qui est au guichet :
— Mademoiselle, c’est en tremblant que je vous
fais passer cette lettre.
— Recommandée?
— Oh ! oui, je vous la recommande !... Elle vous
est destinée... J’ai essayé de vous dépeindre en
termes émus le trouble de mon âme!... depuis
que je vous ai vue, ô blonde idéale'...
La conversation continue.
Au guichet des affranchissements, un monsieur
s’avance.
— Qu’est-ce que vous voulez?
— Ce que je veux?... Ah! mademoiselle, c’est
bien difficile à expliquer comme ça... Je veux un
timbre-poste de cinq centimes... en attendant
mieux. C’est le cent quatre-vingt-quinzième de-
puis deux jours... Ça me permet de vous voir...
J’encombre le guichet, mais je suis heureux!...
Ce» timbres-poste, je ne les consomme pas, je les
porte sur mon cœur en souvenir de vous... Ils y
sont tous!... Mais j’ai beau faire, rien ne peut
“m’affranchir de mon amour!
La jeune personne, du bout de ses doigts fuse-
lés, fait passer le timbre à l’amoureux transi.
— Merci! Oh! merci !... Que vous êtes bonne!
Il embrasse son timbre-poste avec passion.
Un monsieur se présente à un guichet, l’air
efïaré.
— Mademoiselle, je viens pour une réclamation
urgente...
— De quoi s’agit-il?
— Voici : ce matin, je reçois une lettre de Pi-
touffard, un ami à moi, qui m’écrit : « Mon vieux,
tu n’as pas répondu à ma dernière lettre ; ce n’est
pas chic de ta part."» Or, j’avais parfaitement ré-
pondu il y a huit jours... Qu’est-ce que l’adminis-
tration a fait de ma lettre?... Voilà ce que je vou-
drais savoir. • * >
— Alors, c’est, une enquête à ouvrir...
— Tout ce que vous voudrez, ça m’est égal !
— Ça durera au moins deux mois.
— Rien que deux mois!... A quoi bon se pres-
ser?... Nous ferons l’enquête ensemble... nous
avons le temps.
Charmant, tout ça! Mais je crains bien que ce
ne soit un canard.
Jules Demolliens.
ALCOOL nv/1At C'A contre les moindres malaises
de M EN T H E de^\ïv» IlE SJ8 0 ** S/?a fraie A Siurte
Eau deToiLKTTE et Dentifrice: excujis.Exioerle nom l>k RICQ.L.È»
SUC
BOURGUIGNON. puissant dlaestir
A base d’alcool vieux pur de vin
SIMON aîné, OHALON -sur-SAONK
AUL_US~L>ES-E3AI£4@(Anège).EAijii>£i'[!mTlYESDCsnr,
par TOULOUSE et St-GIRONS I Maladies héréditaires, Eczémas. etc.
Casino.Concert.Théâtre,Hôtel» de Ordre I Prop"* CHABAUD.GAMPREDON & C"
CHRONIQUE DU JOUR
Les hommes font assez bien les choses. Seule-
ment, ils les font parfois trop tard.
Un jeune artiste meurt de faim dans sa mansarde.
Ce décès cause, comme de juste, un certain tapage.
Les journaux y trouvent un sujet de chronique, les
grincheux un sujet de mécontentement, les curieux
et les bavards un simple sujet de conversation. Bref,
l’opinion publique s’émeut... pendant quarante-huit
heures.
Cela n’empêche pas, bien entendu, d’enterrer le
pauvre garçon. On lui fait des obsèques relative-
ment magnifiques. Le vivant avait manqué de tout,
mais le mort ne manque de rien. Sur le cercueil,
disent les comptes rendus, on dépose des couron-
nes superbes.
Dos couronnes, le lendemain, hélas !
Alors que la veille il aurait suffi, pour sauver le
malheureux, d’une simple flûte... de pain.
Un cadavre plus « rigolo », s’il est permis d’em-
ployer un mot aussi sans-façon en matière aussi
macabre, c’est ce bon ivrogne qui, l’autre jour, est
mort d’un verre d’eau.
Ne croyez pas que je blague ; c’est à la lettre. No-
tre pochard ennuyait de ses « propositions » une
honnête femme qui était venue chercher de l’eau à
la fontaine Wallace.
Exaspérée, la vertu récalcitrante jeta une partie
du contenu de sa carafe à la tête de son persécuteur.
Celui-ci en a été tué raide.
Les médecins ont assuré que c’était d’une conges-
tion.
Je croirais plutôt que ça provint du manque d’ha-
bitude.
— L’avenir est aux lies d Hyères, s’écrient volon-
tiers les enthousiastes du Midi et de la nature médi-
terranéenne.
Et ils nous en font, en effet, des descriptions qui
donnent envie d’y aller voir.
Les îles d’Hyères ont tous les charmes, tous les
agréments; c’est un vrai pays de Cocagne... Seule-
ment, un de leurs panégyristes avoue, à la fin de son
article, in cauda venenum, que les îles d’Hyères
sont peuplées de serpents.
Il peut y avoir des couleuvres sans Paradis ter-
restre, mais il n'y a pas de Paradis terrestre sans
couleuvres.
A propos de serpents, les fameuses vipères de la
forêt de Fontainebleau doivent passer, depuis plu-
sieurs semaines, un vilain quart d'heure Elles sont
littéralement sur le gril. La forêt est en feu. Je ne
sais combien d’hectares ont déjà flambé, et il paraît
que ce n’est pas fini.
Calino, qui est un utilitaire déterminé, constatait
avec chagrin, une fois de plus, à ce sujet, qu’il n’y a
aucune justice distributive en ce bas monde.
— Une forêt qui brûle en été, s’est-il écrié, ça fait
double emploi. Passe encore si c'eût été en hiver, ça
aurait quelque peu réchauffé l’atmosphère.
On a donné à Bébé un singe superbe. Chaque soir,
Bébé le met dans son litàcôté de lui, l'embrasse, et
s’endort en lui disant quelques paroles désagréa-
bles.
— Ah ! çà, lui demande sa mère, qu'cst-ce que c’est
que ce besoin de dormir à côté d’un singe?
Et Bébé, très simple :
— C’est pour faire comme toi avec papa.
Un de nos lecteurs nous envoie un extrait assez
curieux d'un journal « de sa localité ».
Ce sont deux annonces qui, évidemment, auraient
dû être séparées, mais qui, ayant été, par erreur,
placées l’un après l’autre sans le moindre tiret, ont
l’air de n’en faire qu’une ;
MESDAMES X. Y. Z.
INSTITUTION DE JEUNES DEMOISELLES
Fournitures pour militaires de toutes armes
et de tous grades
!!!
Un monsieur, dont le fils est en âge de s’établir,
demande à un ami une consultation sur le choix
d’une profession.
— Votre fils a-t-il une vocation, une aptitude quel-
conque? interroge l’ami.
— Ma foi, réplique le père, je n’en sais trop rien.
Tout ce que je peux dire, c’est qu’il nage parfaite-
ment. Il est dans l’eau comme en son élément...
— Alors, conclut le conseilleur après une demi-
minute de profonde méditation, faites-en un mar-
chand de vins !
Henri Second.
BOURSE-EXPRESS
Berlin agite tellement le rouble, que l’abstention
s’impose à la spéculation à la hausse. La spécula-
tion à la baisse ne faisant pas d’affaires, elle non
plus, — il y a plus de bruit que de transactions réel-
les,,— je vous laisse à penser la tête, la triste tête
que'font les intermédiaires.
Quant au comptant, c’est à peine s’il donne signe
de vie. Il est de plus en plus évident qu’il attend,
pour travailler, l’heure où on lancera les affaires
qui sont à l'ordre du jour.
On parle en Bourse, pour la prochaine liquida-
tion, de nouvelles... défaillances de spéculateurs
trop engagés sur certaines valeurs étrangères. Ça
leur-z-y apprendra à. faire joujou avec des titres
aussi dangereux. Je ne vous parle de cela que parce
que les préoccupations de ce genre ne sont pas
sans exercer une influence fâcheuse sur les allures
du personnel. „
Castorine
ver une autre formule d’illustration, et, comme
la réclame se fourre partout, une fusion s’est
opérée.
C’est pourquoi nous avons vu, depuis un certain
temps, des industriels de tout genre placer leurs
produits divers sous le patronage do quelques
noms connus.
Il y a eu le fard Sarah Bernhardt, succédant aux
plumes de fer Ilumboldt. Il y a eu des chapeaux
portant le nom de telle ou telle actrice. Je crois
même que les pilules purgatives se sont récla-
mées aussi de parrainages retentissants.
Doit-on rire? Doit-on se fâcher? La question
est là.
Une artiste du Palais-Royal s’est fâchée et a
fait un procès parce qu’on avait mis son image
sur des boîtes de biscuits. Le biscuit est pourtant
chose douce. J’aurais compris la colère si l’on
avait collé ladite artiste comme étiquette sur des
flacons d’huile de foie de morue. Mais la pâtisse-
rie, quoi de plus inoffensif ? -
Il s’est trouvé des poètes pour proclamer que
les yeux de leur Beauté étaient doux comme le
miel, et la Beauté en a été charmée.
Incontestablement, toutefois, nul n’a le droit
de disposer de vos traits sans autorisation.
Vous connaissez 1 histoire du monsieur qui
avait refusé de prendre livraison de sa photo-
graphie, sous prétexte de non ressemblance. Le
lendemain, lephotographe exposait ladite épreuve
à sa porte avec cette légende : « Le plus grand
âne de toute la ville. »
Le monsieur se fâcha et poursuivit. Le photo-
graphe fit plaider :
— Mais puisqu’il prétend que ce n’est pas res-
semblant, personne ne le reconnaîtra. Ce n’est
pas son portrait que j’exhibe.
Il y eut, nonobstant, condamnation légère.
Donc, la tête d’un individu lui appartient en
propre. Toute reproduction est illicite, voilà la
stricte vérité.
Mais, dans la pratique, on est si gourmand de
publicité aujourd’hui, qu’une foule de gens de-
manderaient comme une faveur qu’on reprodui-
sît leur image, non seulement sur des boîtes de
gâteaux, mais au besoin sur les papiers qu’on dis-
tribue dans les chalets de nécessité. C’est ce qui
explique comment les infortunés marchands de
biscuits s’y sont laissé prendre.
Voyant de toute part les murailles couvertes de
profils, ils ont cru faire une galanterie à une ai-
mable comédienne en sanctionnant sa popularité
par la chromo.
Que voulez-vous? Faute de s'entendre sera
toujours un titre d’actualité.
QUIVALA.
Al GlICHET, MESDEMOISELLES
Un journal annonce que les bureaux de poste
de Paris seront prochainement tenus par des
jeunes filles.
Les rapports actuels entre clients et employés
mâles ne sont généralement pas tout à la douce,
comme dit Boireau.
Il règne même dans les relations une aigreur
chronique qui rend bien pénible l’obtention d un
simple timbre-poste.
On espère que tout cela va changer.
Avec les dam’s faut toujours êtr’ galant.
Les ris et les grâces viendront s’installer der-
rière les guichets, où régnent jusqu’à présent en
souverains les grognements et les invectives.
Le sourire remplacera les grimaces, l’idylle va
détrôner l’engueulement.
Ce sera l’âge d’or.
On se figure sans peine l’aspect d’un bureau de
poste parisien après cette bienheureuse réforme.
Ces demoiselles sont derrière leur grillage.
Bandeaux plats et frisons encadrent les frais
visages administratifs.
Devant le guichet des chargements, s’allonge
une queue interminable.
On cause entre patients :
— Voici trois quarts d’heure que je suis ici.
— Vous êtes arrivé un peu avant moi...
— Mais je ne m’en plains pas!
— Ni moi!... Plus nous attendrons, plus nous
aurons le temps de contempler les traits de la
charmante blonde du guichet.
— Quelle grâce!... Voyez, elle a pris sa boîte à
poudre de riz et se passe la houppe sur le visage.
— Que ne suis-je cette houppe!
Le monsieur qui est au guichet :
— Mademoiselle, c’est en tremblant que je vous
fais passer cette lettre.
— Recommandée?
— Oh ! oui, je vous la recommande !... Elle vous
est destinée... J’ai essayé de vous dépeindre en
termes émus le trouble de mon âme!... depuis
que je vous ai vue, ô blonde idéale'...
La conversation continue.
Au guichet des affranchissements, un monsieur
s’avance.
— Qu’est-ce que vous voulez?
— Ce que je veux?... Ah! mademoiselle, c’est
bien difficile à expliquer comme ça... Je veux un
timbre-poste de cinq centimes... en attendant
mieux. C’est le cent quatre-vingt-quinzième de-
puis deux jours... Ça me permet de vous voir...
J’encombre le guichet, mais je suis heureux!...
Ce» timbres-poste, je ne les consomme pas, je les
porte sur mon cœur en souvenir de vous... Ils y
sont tous!... Mais j’ai beau faire, rien ne peut
“m’affranchir de mon amour!
La jeune personne, du bout de ses doigts fuse-
lés, fait passer le timbre à l’amoureux transi.
— Merci! Oh! merci !... Que vous êtes bonne!
Il embrasse son timbre-poste avec passion.
Un monsieur se présente à un guichet, l’air
efïaré.
— Mademoiselle, je viens pour une réclamation
urgente...
— De quoi s’agit-il?
— Voici : ce matin, je reçois une lettre de Pi-
touffard, un ami à moi, qui m’écrit : « Mon vieux,
tu n’as pas répondu à ma dernière lettre ; ce n’est
pas chic de ta part."» Or, j’avais parfaitement ré-
pondu il y a huit jours... Qu’est-ce que l’adminis-
tration a fait de ma lettre?... Voilà ce que je vou-
drais savoir. • * >
— Alors, c’est, une enquête à ouvrir...
— Tout ce que vous voudrez, ça m’est égal !
— Ça durera au moins deux mois.
— Rien que deux mois!... A quoi bon se pres-
ser?... Nous ferons l’enquête ensemble... nous
avons le temps.
Charmant, tout ça! Mais je crains bien que ce
ne soit un canard.
Jules Demolliens.
ALCOOL nv/1At C'A contre les moindres malaises
de M EN T H E de^\ïv» IlE SJ8 0 ** S/?a fraie A Siurte
Eau deToiLKTTE et Dentifrice: excujis.Exioerle nom l>k RICQ.L.È»
SUC
BOURGUIGNON. puissant dlaestir
A base d’alcool vieux pur de vin
SIMON aîné, OHALON -sur-SAONK
AUL_US~L>ES-E3AI£4@(Anège).EAijii>£i'[!mTlYESDCsnr,
par TOULOUSE et St-GIRONS I Maladies héréditaires, Eczémas. etc.
Casino.Concert.Théâtre,Hôtel» de Ordre I Prop"* CHABAUD.GAMPREDON & C"
CHRONIQUE DU JOUR
Les hommes font assez bien les choses. Seule-
ment, ils les font parfois trop tard.
Un jeune artiste meurt de faim dans sa mansarde.
Ce décès cause, comme de juste, un certain tapage.
Les journaux y trouvent un sujet de chronique, les
grincheux un sujet de mécontentement, les curieux
et les bavards un simple sujet de conversation. Bref,
l’opinion publique s’émeut... pendant quarante-huit
heures.
Cela n’empêche pas, bien entendu, d’enterrer le
pauvre garçon. On lui fait des obsèques relative-
ment magnifiques. Le vivant avait manqué de tout,
mais le mort ne manque de rien. Sur le cercueil,
disent les comptes rendus, on dépose des couron-
nes superbes.
Dos couronnes, le lendemain, hélas !
Alors que la veille il aurait suffi, pour sauver le
malheureux, d’une simple flûte... de pain.
Un cadavre plus « rigolo », s’il est permis d’em-
ployer un mot aussi sans-façon en matière aussi
macabre, c’est ce bon ivrogne qui, l’autre jour, est
mort d’un verre d’eau.
Ne croyez pas que je blague ; c’est à la lettre. No-
tre pochard ennuyait de ses « propositions » une
honnête femme qui était venue chercher de l’eau à
la fontaine Wallace.
Exaspérée, la vertu récalcitrante jeta une partie
du contenu de sa carafe à la tête de son persécuteur.
Celui-ci en a été tué raide.
Les médecins ont assuré que c’était d’une conges-
tion.
Je croirais plutôt que ça provint du manque d’ha-
bitude.
— L’avenir est aux lies d Hyères, s’écrient volon-
tiers les enthousiastes du Midi et de la nature médi-
terranéenne.
Et ils nous en font, en effet, des descriptions qui
donnent envie d’y aller voir.
Les îles d’Hyères ont tous les charmes, tous les
agréments; c’est un vrai pays de Cocagne... Seule-
ment, un de leurs panégyristes avoue, à la fin de son
article, in cauda venenum, que les îles d’Hyères
sont peuplées de serpents.
Il peut y avoir des couleuvres sans Paradis ter-
restre, mais il n'y a pas de Paradis terrestre sans
couleuvres.
A propos de serpents, les fameuses vipères de la
forêt de Fontainebleau doivent passer, depuis plu-
sieurs semaines, un vilain quart d'heure Elles sont
littéralement sur le gril. La forêt est en feu. Je ne
sais combien d’hectares ont déjà flambé, et il paraît
que ce n’est pas fini.
Calino, qui est un utilitaire déterminé, constatait
avec chagrin, une fois de plus, à ce sujet, qu’il n’y a
aucune justice distributive en ce bas monde.
— Une forêt qui brûle en été, s’est-il écrié, ça fait
double emploi. Passe encore si c'eût été en hiver, ça
aurait quelque peu réchauffé l’atmosphère.
On a donné à Bébé un singe superbe. Chaque soir,
Bébé le met dans son litàcôté de lui, l'embrasse, et
s’endort en lui disant quelques paroles désagréa-
bles.
— Ah ! çà, lui demande sa mère, qu'cst-ce que c’est
que ce besoin de dormir à côté d’un singe?
Et Bébé, très simple :
— C’est pour faire comme toi avec papa.
Un de nos lecteurs nous envoie un extrait assez
curieux d'un journal « de sa localité ».
Ce sont deux annonces qui, évidemment, auraient
dû être séparées, mais qui, ayant été, par erreur,
placées l’un après l’autre sans le moindre tiret, ont
l’air de n’en faire qu’une ;
MESDAMES X. Y. Z.
INSTITUTION DE JEUNES DEMOISELLES
Fournitures pour militaires de toutes armes
et de tous grades
!!!
Un monsieur, dont le fils est en âge de s’établir,
demande à un ami une consultation sur le choix
d’une profession.
— Votre fils a-t-il une vocation, une aptitude quel-
conque? interroge l’ami.
— Ma foi, réplique le père, je n’en sais trop rien.
Tout ce que je peux dire, c’est qu’il nage parfaite-
ment. Il est dans l’eau comme en son élément...
— Alors, conclut le conseilleur après une demi-
minute de profonde méditation, faites-en un mar-
chand de vins !
Henri Second.
BOURSE-EXPRESS
Berlin agite tellement le rouble, que l’abstention
s’impose à la spéculation à la hausse. La spécula-
tion à la baisse ne faisant pas d’affaires, elle non
plus, — il y a plus de bruit que de transactions réel-
les,,— je vous laisse à penser la tête, la triste tête
que'font les intermédiaires.
Quant au comptant, c’est à peine s’il donne signe
de vie. Il est de plus en plus évident qu’il attend,
pour travailler, l’heure où on lancera les affaires
qui sont à l'ordre du jour.
On parle en Bourse, pour la prochaine liquida-
tion, de nouvelles... défaillances de spéculateurs
trop engagés sur certaines valeurs étrangères. Ça
leur-z-y apprendra à. faire joujou avec des titres
aussi dangereux. Je ne vous parle de cela que parce
que les préoccupations de ce genre ne sont pas
sans exercer une influence fâcheuse sur les allures
du personnel. „
Castorine