ALMANACH DU CHARIVARI.
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GRANDES MANŒUVRES, par HENRIOT.
— Pardon... C’est la vue générale du champ de bataille ? — La troisième nuit que vous découchez !
Je'ne vois aucun soldat! — Pas ma faute, chère amie ; c’est le colonel qui nous en-
— La nouvelle lactique!... Ils sont tous cachés! traîne par des alertes pour la prochaine mobilisation!
NOUVELLES A DEUX MAINS
La colonie anglaise à Paris a été quelque
peu émue, ces jours derniers, par l’aventure
d’une jeune mobilisée, encore plus mobile,
qui a lâché brusquement le baronnet dont
elle était la maîtresse, pour se jeter à la tète,
— et à la poche, — du fils d’un riche meu-
nier.
— Voilà, s’est écrié lord Z... en appre-
nant l’aventure, ce qu’on peut appeler faire
sauter son baronnet par-dessus les moulins.
*
* *
Personne n’ignore la peine qu’on a à
trouver et surtout à garder de bons domes-
tiques.
Valets de chambre, cuisinières, servantes
à tout faire ne font surtout qu’entrer et sor-
tir. C’est à peine s’ils ou elles restent
chez nous pendant les huit jours réglemen-
taires.
Aussi est-ce sans trop d’élonnement que
j’ai pu lire, dans les offres et demandes
d’emploi d’un grand journal :
« Seconde femme de chambre ou bonne
à tout faire demande place. Agée de 25 ans.
Est restée trois semaines dans la même
maison, r
Trois semaines dans la même maison !
La fidélité d’Héloïse à Abélard n’est plus
rien à côté de ça.
*
% ^
Il suffit d’avoir eu l’imprudence ou la
naïveté d’essayer de dîner, un dimanche ou
un jour de fête, dans un des prétendus res-
taurants de la banlieue de Paris, pour com-
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GRANDES MANŒUVRES, par HENRIOT.
— Pardon... C’est la vue générale du champ de bataille ? — La troisième nuit que vous découchez !
Je'ne vois aucun soldat! — Pas ma faute, chère amie ; c’est le colonel qui nous en-
— La nouvelle lactique!... Ils sont tous cachés! traîne par des alertes pour la prochaine mobilisation!
NOUVELLES A DEUX MAINS
La colonie anglaise à Paris a été quelque
peu émue, ces jours derniers, par l’aventure
d’une jeune mobilisée, encore plus mobile,
qui a lâché brusquement le baronnet dont
elle était la maîtresse, pour se jeter à la tète,
— et à la poche, — du fils d’un riche meu-
nier.
— Voilà, s’est écrié lord Z... en appre-
nant l’aventure, ce qu’on peut appeler faire
sauter son baronnet par-dessus les moulins.
*
* *
Personne n’ignore la peine qu’on a à
trouver et surtout à garder de bons domes-
tiques.
Valets de chambre, cuisinières, servantes
à tout faire ne font surtout qu’entrer et sor-
tir. C’est à peine s’ils ou elles restent
chez nous pendant les huit jours réglemen-
taires.
Aussi est-ce sans trop d’élonnement que
j’ai pu lire, dans les offres et demandes
d’emploi d’un grand journal :
« Seconde femme de chambre ou bonne
à tout faire demande place. Agée de 25 ans.
Est restée trois semaines dans la même
maison, r
Trois semaines dans la même maison !
La fidélité d’Héloïse à Abélard n’est plus
rien à côté de ça.
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Il suffit d’avoir eu l’imprudence ou la
naïveté d’essayer de dîner, un dimanche ou
un jour de fête, dans un des prétendus res-
taurants de la banlieue de Paris, pour com-