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Chatelain, Henri Abraham; Gueudeville, Nicolas [Hrsg.]
Atlas Historique, Ou Nouvelle Introduction A l'Histoire, à la Chronologie & à la Géographie Ancienne & Moderne: Représentée dans de Nouvelles Cartes, Où l'on remarque l'établissement des Etats & empires du Monde, leur durée, leur chûte, & leurs differens Gouvernemens ... (Band 1): Contenant la Grèce, l'Histoire Romaine, Rome Moderne, Naples, la France, l'Espagne, & les Provinces Unies — Amsterdam, 1739

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https://doi.org/10.11588/diglit.9886#0069

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DISSERTATION

SUR

L'HISTOIRE ROMAINE.


N ne peut guère trouver de sujet
plus vafte ni plus sécond. Si Ton
sait attention à rétendue de cet-
te matière, l'efprit fe perd ; si Ton
en contemple la prodigieufe va-
rieté,l'abondance accaDle,&l'on
ne fait par où s'y prendre. L'His-
toire Romaine eft un Ocean,où la
vue ne rencontre point de bornes ; c'eft un païs qui
par fa fertilité univerfellc fournit à la curioiité tout
ce que l'on peut concevoir de plus grand & déplus
beau. Pour nous fixer dans ce large & riche elpace,
nous donnerons à cette reslexion trois objets, ou
plutôt le même objet consideré sous des raports dis-
sérons. Rome dans là naissance & dans ses pro-
grès , Rome dans son lustre & dans fa iplendeur,
Rome dans fa chute & dans son éclipse. C'est sous
ces trois idées que nous allons racourcir cet immen-
se tableau , en quoi Ton aura moins égard à la di-
gnité du sujet qu'à la patience du Le&eur.
L'Auteur de l'Univers n'est jamais plus admira-
ble que quand, avec très peu de matière, il sorme
de grands ouvrages, & les conduit insensiblement
au degré de perseclion qu'ils doivent avoir. Pour
peu qu'on aime à résléchir, on ne fe lasse point de
voir fortir d'un petit germe dévelopé ces grottes
masTes d'animaux dont la force nous étonne, & ces
arbres dont la hauteur femble menacer le Ciel. Il en
eft dans la Société des hommes comme dans la Natu-
re. Quelqu'un s'avifè de s'établir dans un endroit qu'il
juge propre à lui procurer une vie plus douce &plus
commode : d'autres informez de cette découverte
accourent pour y prendre part. Ce n'est d'abord
qu'un amas d'avanturiers, qu'un affemblage d'hom-
mes de rien ; mais que fait le Tems ? Avec le secours
de la multiplication, & celui de l'induftrie, ce lieu
s'accroit, & devient par une suite d'années toujours
plus heureuse, une célèbre & opulente Cité. Ceft
ainfi que ce qui n'étoit, il y a quelques fiecles ,
qu'un défert affreux, qu'une terre inculte , qu'un
marais fterile & infructueux, eft à préfent une ville
qui par le nombre de fes habitans, par la fagefse de
ses Loix, par l'étendue de fon commerce, par fes
richefles & par ses tréfors, par la magnificence de
fes édifices, tient l'un des premiers rangs parmi les
plus florilTantes villes de la Terre.
Voulez-vous une preuve bien sensible de ce que
je viens d'avancer ? contemplons Rome, & remon-
tons jusqu'à son berceau. Jamais peut-être un com-
mencement fi léger & fi bizarre ne sut suivi d'unsuc-
cès plus merveilleux. Sans nous arrêter à ces miracles
prétendus que l'ancienne Légende de Rome a inventé
pour donner le relief du surnaturel à la fondation
de cette sameuse Capitale, tenons-nous en au fen-
timent le plus probable & le plus commun.
Un Prince ambitieux se révolte contre son srère &
le culbute du trône. L'usurpateur, pour s'alïïirer
la Couronne, oblige la sille de l'opprimé à se saire
Religieuse; elle prend le voile, elle sait ses vœux à

la manière de ce tems-là, forcée à conferver la pre-
cieufe mais fragile fleur de la virginité, ou a louftrir
une infâme & cruelle mort. Notre Nonne éprou-
ve dans le fond de fa retraite la foibleflè de la Na-
ture, ou, pour parler plus jufte , la vigueur & la
bonté du tempérament ; elle cède aux douces & cha-
touilleuses piquures de l'écharde , & prenant la
slamme de l'amour au feu facré qu'elle gardoit, elle
accoucha, dit-on, de deux Gémeaux. La Théolo-
gie de ces fiecles aveuglez lui fut savorable ; les
Dieux s'humànifoient jusqu'à la propagation de no-
tre Efpece,une beauté mortelle les attendrifToit, &
les mettoit dans ses chaines ; l'un des beaux privi-
lèges de la Divinité, c'étoit d'épurer de iionte & de
crime ces amours dérobez ; tout le sol du mystere y
étoit làns îa moindre tache du blâme ; la conquête
d'un Dieu étoit tout autrement glorieufe que n'est à
présent celle d'un Monarque, & laMaitreffe d'un
Dieu jouïssoit d'un encens incomparablement plus
pur que n'est celui dont jouïsTent les Maitresses de
nos Princes & de nos Rois. La Vestale Rhea Sil-
via se met donc à l'ombre du casque de Mars ; elle
déclara que ce Dieu étoit le'père des deux garçons;
& comme il avoit la réputation, en quoi les Héros
qui combattent fous ses aulpices ne l'imitent point
trop mal, de déposer souvent le harnois de la guer-
re aux pieds de Vénus,on n'eut point de peine à
croire la bonne Religieufe, & les ensans furent crus
deux bâtards divins. Si Amulius, fans craindre la fu-
reur de Mars,le plus bilieux de toute la Nation immor-
telle , fi Amulius, dis-je, sit jetter fes petits-neveux
dans le Tibre; fi ce fleuve refpechntleur naidance
les rejetta sur le rivage, & les rendit à la Terre;
s'ils ont fucé le lait d'une Louve;s'ils ont été nour-
ris parmi des bergers; s'ils ont vengé Numitor leur
Grand-pere, je renvoyé tous ces faits auPyrrhonis-
me hiltorique ; ils lui apartiennent de droit, aiuTi-bien
qu'une insinité d'autres contes dont les hommes font
infatuez, & qu'ils croyent aufli fermement que les Ro-
mains croyoient cette tradition. Voilà donc les al-
lures préliminaires du Deftin , parlons plus chré-
tiennement, voilà les premiers pas de la Providence
pour faire naitre cette Rome fur qui le Ciel avoit de
fi grands & de fi vaftes deffeins. Voyons comment
cette fameuse ville fortit du néant ,& comment elle
entra dans l'être des chofes.
Romulus en eft le fondateur, & lui donne le pre-
mier commencement. A peine a-t-il tracé l'encein-
te & le circuit de ses murailles, qu'il arrose ce plan
du sang de son srère, & l'auteur du plus glorieux
ouvrage qui sut jamais elt un exécrable aualîin. Si
bien que cette Rome destinée à troubler le Monde y
& quidevoit porter par-tout les horreurs de la guer-
re , est sormée dans le soin de la diseorde, & doit
ses premiers jours à la rupture du lien sacré de la
tendresse fraternelle. Mais à quoi cette ville est-elle
redevable de ses premiers habitans-3Arinjustice&

I

l'impunité. Romulus ayant fait de la nouvelle pi
un lieu de refuge & d'afyle?les criminels, vvienn

a
ace
y viennent
en
 
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