Chatelain, Henri Abraham; Gueudeville, Nicolas [Hrsg.]: Atlas Historique, Ou Nouvelle Introduction A l'Histoire, à la Chronologie & à la Géographie Ancienne & Moderne: Représentée dans de Nouvelles Cartes, Où l'on remarque l'établissement des Etats & empires du Monde, leur durée, leur chûte, & leurs differens Gouvernemens ... (Band 6): Qui comprend l'Afrique & l'Amerique Septentrionale & Meridionale, tant en général qu'en particulier; l'Egypte, la Barbarie, la Nigritie, la Guinée, l'Ethiopie, le Congo, la Cafrerie & le Cap de Bonne Esperance; la Canada ou la Nouvelle France, la Louisiane ou le Mississipi, la Virginie, la Floride, le Mexique, le Perou, le Chili & le Bresil; avec les Iles de Madagascar, les Philippines, les Moluques, les Antilles & l'Ile de Ceylan (Amsterdam, 1732)

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DISSERTATION GENERALE

SUR

LAFRIQUE.


jEs trois Parties de l'ancien Mon-
de , l'Afrique est celle dont l'in-
térieur eit le moins connu. Les
deserts steriles qui s'y trouvent,
& qui ne sont habitez que par
des monstres affreux,l'ont rendue
inaccessible aux hommes. Non
que quelques Voyageurs curieux
n'aient pénétré dans ces Régions arides ; mais par-
ce que le manque d'eau & le sable brûlant qui les
couvre, ont fait juger que les Bêtes féroces en étoient
les seuls habitans. Il y a même des Auteurs qui font
venir de là l'origine du mot Afrique, parce, di-
scnt-ils, que cette Partie du Monde eit assreuse&c
qu'on ne peut y voyager sans effroi; comme si en
esfet l'Afrique étoit également rude par-tout ; &
comme si les François, qui ont trouvé ce raport de
noms dans notre Langue, euiîent fait la découverte
de ce Païs-là. Il eit donc plus naturel de suivre sur
cela le célèbre Bochart, qui dérive le mot iïJsrique
du mot Arabe Therik qui signifie un épi, parce que
ce Pais a toûjours été très-fertile en grains. D'au-
tres veulent qu'elle ait pris son nom d'un Roi de
l'Arabie Hcureusc, appelle Mefec-Tsenqui. Joseph
dit qu'il vient d'Afer, petit-fils du Patriarche Abra-
ham. D'autres enfin prétendent qu'il vient de Fa-
racha, qui veut dire en Arabe, détaché ou divisé,
parce qu' effectivement l'Afrique est separée de l'Eu-
rope par la Mer, & de l'Ane par le Golfe d'Arabie
& le Détroit qui elt entre la Mer Rouge & la Mé-
diterranée.
Ainsi l'Afrique est une Presqu'Ile qui ne tient à
l'Asie que par l'isthme de Suez, & la plus grande
qu'il y ait dans tout le relie du Monde. Quoique cet
Isthme n'ait pas plus de dix-neuf lieues, cependant
les Ptoîemées & les Sultans n'ont jamais pu venir
à bout de le creuser. Ils ont souvent entrepris de le
faire; mais leurs efforts ont été sans succès. La
Reine Cleopatre voulut aussi ouvrir cet Isthme, sé-
lon Plutarque, mais elle ne fit que des efforts inuti-
les , aussi bien que ceux qui l'avoient tenté aupara-
vant. Le desîëin des uns& des autres étoit de faire
palier les navires de la Mer Méditerranée dans la
Mer Rouge, & delà dans la Mer des Indes ; ce qui
auroit épargné un grand circuit aux Voyageurs.
Mais il est certaines bornes placées par l'Auteur de
la Nature, qu'aucun art humain ne peut sranchir.
Preuve de la puhTance éternelle de ce grand Maître
qu'il faut révérer dans ses ouvrages, & du pouvoir
limité des hommes mortels, que des obstacles peu
considerables en aparence , arrêtent pourtant dans
Tom. VI.

leurs plus vastes desTeins. Strabon & Pomponius
Mêla ont semblé borner l'Afrique par le Nil ; &
quelques Géographes Arabes l'ont voulu reslérrer
entre la Mer Méditerranée, l'Océan, & les Riviè-
res du Zaire & du Nil. Mais ces divisions sont peu
exactes, & il n'y en a point de plus naturelle que
celle des Mers.L'Afrique a du côté du Septentrion la
Méditerranée, à l'Occident la Mer Atlantique, au
Midi l'Océan Ethiopique , & la Mer Rouge à l'O-
rient. Sa largeur s'étend du Couchant au Levant,
depuis les Iles du Cap-VertjusquesauCapdeGuar-
dafu ou de Guardafui vis-à-vis de l'Ile de Zocotora,
& près du Détroit de Babelmandel, ou l'entrée du
Golfe Arabique; & cette étendue est, dit-on, de
douze cens grandes lieues d'AUemagne.Sa longueur
du Septentrion au Midi est depuis le Détroit de Gi-
braltar en palpant par le Roiaume de Fez & la Lybie
jusques à la pointe de la Côte des Cafres , ou
Cap de Bonne Esperance. Ce n'est que depuis la Na-
vigation des Portugais, lorsque Vasquès de Gama
doubla ce Cap en 1499. que cette Partie du Monde
a été bien connue * sur-tout du côté du Midi.
Elle a été habitée anciennement par les Descen-
dans de Mezraim, Fils de Cham , qui peuplèrent
l'Egypte , la Lybie, & qui peu à peu s'étendirent
1 jusques aux extremitez de ce Continent. Les Des-
cendans de Phut, autre fils de Cham , s'établi-
rent aussi, à ce qu'on croit, en Lybie & en Mauri-
tanie; car pour Chut, premier fils de Cham, il est
Auteur des Ethiopiens de l'Arabie. Non seulement
l'intérieur de ce Pais, mais aussi l'Egypte & les Cô-
tes d'Afrique ont été habitez dès les premiers tems
par differens peuples, dont les noms se peuvent voir
dans Hérodote » dans Pline, & dans les anciens
Geographesi Les Phéniciens & les Grecs établirent
des Colonies en divers endroits, le long des Cô-*
tes de la Mer Méditerranée. La plus fameufe est
celle de Carthage, bâtie par Didon venue de Tyr
en Afrique. Les peuples qui l'habitent aujourd'hui
sont mêlez d'Africains & d'Arabes. Ils sont en gé-
néral d'un naturel farouche & cruel, & d'un tempé-
rament fort robuite. On les acculé d'être de grands
fourbes , & de s'adonner aux vices les plus gros-
siers. Un Auteur dit qu'à peine peut-on trouver en
eux quelque chose de bon ; & Pline raporte que
quelques-uns de ces Peuples sont ii féroces qu'ils ne
parlent pas plus que des Bêtes. Cependant,s'ils sont
barbares généralement, il y en a d'autres qui peu-
vent palier pour de très-beaux esprits. Tels sont les
Egyptiens, gens agréables , plaisans, enjouez, &
tout-à-fait ingénieux, excepté dans les choses delà
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