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t
PREMIERE DISSERTATION
sur le
MEXIQUE,
m ^^iïS- I o u l a Sm¥>MS \ â.;
NOUVELLE ESPAGNE.
2lp*3î<î|p3aE Royaume, qui porte le'fîom de sa
M?y^^^^pC;\pita]e , Se que les Conqucrans
« ^Mrû^^^ont aPPe'^ Nouvelle Espagne , est
si ^^^^^^situé entre la Mer de Mexique &
^^^^^^W celle du Sud. Il s'étend du Sud-
•^^cïssll&frst au Nord-Ouest plus de six cens
lieues : mais sa largeur, qui est très-inégale , ne
répond point à sa longueur. Ses bornes sont à l'Est,
ïa Mer & le Golfe de Mexique; au Nord, la Flo-
ride & le Nouveau Mexique; au Midi & au Cou-
chant, la Mer du Sud.
Quoique ce Païs-là soit placé dans la Zone brû-
lante, il ne lailï'e pas d'être fort tempéré ; l'Air
y est très-bon ; & pour peu, dit un Géographe ,
qu'on se mette à l'ombre, on s'y trouve aussi
fraîchement qu'en France. Il est vrai que le vent
& la pluie, qui régnent là souvent, & même
quelquefois d'une grande force, contribuent beau-
coup à cette douce & saine température. Le
Mexique abonde en Froment^ en Maïs, en pâtu-
rages , & en productions dèlicieuses. L'Arbre
nommé Maquei, ou Muguei, n'a pas son sem-
blable ; & si on ne nous en impose point, il vaut
lui seul une petite métairie : imaginez-vous que
cet admirable végétatif fournit à la fois, de l'on
fonds,du Vin, du Vinaigre , du Miel,du Fil, des
Eguilles,des Etofes,& du Bois,voire propre à bâ-
tir : n'en cst-ce pas allez pour nourir & entre-
tenir son homme ? Il n'y manque que le pain.
Cette fertilité Mexiquaine s'étend sur bien d'au-
tres choses : le Coton , la Laine , la Soye, le Bau-
me , le Sucre , le Sel, & le Cacao , espèce d'a-
mande dont on fait le Chocolat. Il y a des Che-
vaux, de façon , & tous d'engeance Espagnole.
Les Vaches, les Brebis , les Truyes, û je ne me
trompe, & les Chèvres y multiplient deux fois
l'an ; & les quadrupèdes, ou bestiaux y foisonnent
en si grande quantité , qu'on est obligé d'en tuer
uniquement pour le Commerce des cuirs ; & on
laisse ces animaux écorchez aux Bêtes & aux Oi-
seaux de proye. Entre les volatiles le Cincon est
d'une espèce toute singuliére : moins gros qu'urï
hanneton : son plumage est d'une beauté surpre-
nante. Cette petite merveille de la Nature vit de
rosée & de l'odeur des fleurs ; & s'attachant à une
branche au mois d'Ostobre , il|y dort tranquille-
ment , & ne se reveille qu'au mois d'Avril. Ce
Païs-là est des plus riches : l'or & l'argent y sont
fort communs : on en tire des mines, qui sont
nombreuses ; on en pêche dans les Rivières ; &
néanmoins, quoi que ces métaux abondent, le Ca-
cao y sert ordinairement de monnoye courante:
tant il est vrai que la valeur de la matière con-
siste dans l'opinion ; & que les choses n'ont de
prix, que ce qui plait aux Hommes de leur en
donner.
En général, les Mexicains ont leurs bons &
leurs mauvais endroits. Ils sont, dit-on,
honnêtes & ' de bon commerce ; ils sont civils
& traitables avec les Etranges ; ils ont beaucoup
de franchise , d'amitié & de generosité. Mais on
les taxe de parestè , & d'un trop grand penchant
à la vangeance. Allez bien partagez du côté
de l'esprit, ils ont du génie pour la Musique Ins-
trumentale & pour la Peinture ; faisant aussi des
tableaux avec les plumes de leur admirable Cin-
con. Ils excellent en ciselure d'Orfèvrerie ; & ils font
dans ce genre-là des Ouvrages où l'or -se trouve si
bien raporté sur l'argent, ou l'argent sur l'or , que
les Connoilïèurs trouvent cela dans la dernière per ,
feèfion. Parlons à l'Histoire.
11 n'y avoit en Amérique , quand on la décou-
vrit , que deux Etats auxquels on pût donner le
Titre de Royaume, le Mexique & le Pérou ; le
premier Electif, & l'autre Héréditaire. Les In-
cas , moins magnifiques & moins superbes, mais
plus riches & plus anciens que la Monarchie Mexi-
quaine , montoient sur le Trône par droit de
Nailsance & de Succession ; & au lieu de Cou-
ronne , ils avoient sur la tête un bourelet rouge de
laine fine qui leur pendoit au milieu du front. Au
contraire les Mexiquains se ehoisillbient un Maï-
Cc i trej
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PREMIERE DISSERTATION
sur le
MEXIQUE,
m ^^iïS- I o u l a Sm¥>MS \ â.;
NOUVELLE ESPAGNE.
2lp*3î<î|p3aE Royaume, qui porte le'fîom de sa
M?y^^^^pC;\pita]e , Se que les Conqucrans
« ^Mrû^^^ont aPPe'^ Nouvelle Espagne , est
si ^^^^^^situé entre la Mer de Mexique &
^^^^^^W celle du Sud. Il s'étend du Sud-
•^^cïssll&frst au Nord-Ouest plus de six cens
lieues : mais sa largeur, qui est très-inégale , ne
répond point à sa longueur. Ses bornes sont à l'Est,
ïa Mer & le Golfe de Mexique; au Nord, la Flo-
ride & le Nouveau Mexique; au Midi & au Cou-
chant, la Mer du Sud.
Quoique ce Païs-là soit placé dans la Zone brû-
lante, il ne lailï'e pas d'être fort tempéré ; l'Air
y est très-bon ; & pour peu, dit un Géographe ,
qu'on se mette à l'ombre, on s'y trouve aussi
fraîchement qu'en France. Il est vrai que le vent
& la pluie, qui régnent là souvent, & même
quelquefois d'une grande force, contribuent beau-
coup à cette douce & saine température. Le
Mexique abonde en Froment^ en Maïs, en pâtu-
rages , & en productions dèlicieuses. L'Arbre
nommé Maquei, ou Muguei, n'a pas son sem-
blable ; & si on ne nous en impose point, il vaut
lui seul une petite métairie : imaginez-vous que
cet admirable végétatif fournit à la fois, de l'on
fonds,du Vin, du Vinaigre , du Miel,du Fil, des
Eguilles,des Etofes,& du Bois,voire propre à bâ-
tir : n'en cst-ce pas allez pour nourir & entre-
tenir son homme ? Il n'y manque que le pain.
Cette fertilité Mexiquaine s'étend sur bien d'au-
tres choses : le Coton , la Laine , la Soye, le Bau-
me , le Sucre , le Sel, & le Cacao , espèce d'a-
mande dont on fait le Chocolat. Il y a des Che-
vaux, de façon , & tous d'engeance Espagnole.
Les Vaches, les Brebis , les Truyes, û je ne me
trompe, & les Chèvres y multiplient deux fois
l'an ; & les quadrupèdes, ou bestiaux y foisonnent
en si grande quantité , qu'on est obligé d'en tuer
uniquement pour le Commerce des cuirs ; & on
laisse ces animaux écorchez aux Bêtes & aux Oi-
seaux de proye. Entre les volatiles le Cincon est
d'une espèce toute singuliére : moins gros qu'urï
hanneton : son plumage est d'une beauté surpre-
nante. Cette petite merveille de la Nature vit de
rosée & de l'odeur des fleurs ; & s'attachant à une
branche au mois d'Ostobre , il|y dort tranquille-
ment , & ne se reveille qu'au mois d'Avril. Ce
Païs-là est des plus riches : l'or & l'argent y sont
fort communs : on en tire des mines, qui sont
nombreuses ; on en pêche dans les Rivières ; &
néanmoins, quoi que ces métaux abondent, le Ca-
cao y sert ordinairement de monnoye courante:
tant il est vrai que la valeur de la matière con-
siste dans l'opinion ; & que les choses n'ont de
prix, que ce qui plait aux Hommes de leur en
donner.
En général, les Mexicains ont leurs bons &
leurs mauvais endroits. Ils sont, dit-on,
honnêtes & ' de bon commerce ; ils sont civils
& traitables avec les Etranges ; ils ont beaucoup
de franchise , d'amitié & de generosité. Mais on
les taxe de parestè , & d'un trop grand penchant
à la vangeance. Allez bien partagez du côté
de l'esprit, ils ont du génie pour la Musique Ins-
trumentale & pour la Peinture ; faisant aussi des
tableaux avec les plumes de leur admirable Cin-
con. Ils excellent en ciselure d'Orfèvrerie ; & ils font
dans ce genre-là des Ouvrages où l'or -se trouve si
bien raporté sur l'argent, ou l'argent sur l'or , que
les Connoilïèurs trouvent cela dans la dernière per ,
feèfion. Parlons à l'Histoire.
11 n'y avoit en Amérique , quand on la décou-
vrit , que deux Etats auxquels on pût donner le
Titre de Royaume, le Mexique & le Pérou ; le
premier Electif, & l'autre Héréditaire. Les In-
cas , moins magnifiques & moins superbes, mais
plus riches & plus anciens que la Monarchie Mexi-
quaine , montoient sur le Trône par droit de
Nailsance & de Succession ; & au lieu de Cou-
ronne , ils avoient sur la tête un bourelet rouge de
laine fine qui leur pendoit au milieu du front. Au
contraire les Mexiquains se ehoisillbient un Maï-
Cc i trej