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Claretie, Jules
Histoire de la Rev́olution de 1870-71 (Band 1): Chute de l'empire, la guerre, le gouvernement de la défense nationale, la paix, le siège de Paris, la Commune de Paris, le gouvernement de M. Thiers — Paris, 1872

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https://doi.org/10.11588/diglit.13402#0250
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238

HISTOIRE DE LA RÉVOLUTION DE 1870-71.

m. le président. — M. Garnier-Pages a la pa-
role.

m. garnier-pagès. — La situation doit d'abord
être nettement examinée. Quelle est-elle ? Je ne
veux pas l'assombrir par des récriminations inu-
tiles et intempestives. Cependant, il me sera bien
permis de dire que les députés de la gauche ont
fait tout ce qui dépendait d'eux pour éloigner de
nous les malheurs immérités delà patrie.

En ce moment la Chambre est envahie. Quelle en
est la cause? Qui doit en subir la responsabilité ?

L'empereur est prisonnier ; son fils est réfugié
en Belgique ; le trône est vacant.

Dans la nuit du 3 au 4, le Corps législatif est
convoqué. Il est dit aux députés de la gauche que
le pouvoir exécutif, dont Fimpératrice-régente et
les ministres sont délégués, n'existant plus de fait,
l'impératrice va déposer son abdication et les mi-
nistres leur démission entre les mains des repré-
sentants de la nation, pour rendre au pays le droit
de se gouverner lui-môme.

En présence de cette démarche solennelle, l'op-
position était résolue à prendre acte de ce fait, et
ajournait la demande delà déchéance.

La séance ouverte à minuit, l'attente est vaine.
Rien de ce qui a été annoncé ne se réalise. L'impé-
ratrice et les ministres gardent le silence, ne pou-
vant plus se résoudre à déposer des pouvoirs qui,
logiquement, ne sont plus.

Le président du conseil se plaint même d'avoir
été dérangé de son sommeil, et réclame l'ajourne-
ment de toute délibération au lendemain, ou, pour
mieux dire, au jour même, vers midi.

Les promesses d'abdication et de démission cir-
culent de nouveau dans la matinée. Se réaliseront-
elles ? Les membres de la gauche, accourus dès la
première heure, rédigent un projet de déclaration
de déchéance.

Pendant leurs délibérations, l'honorable M. Thiers
intervient, et leur déclare qu'une proposition a été
rédigée par quelques députés du centre gauche et
adoptée par un certain nombre de membres de la
majorité. Cette proposition, suivant lui, doit donner
satisfaction à l'opposition, puisqu'elle prononce la
vacance du trône.

Pour obtenir un vote unanime et l'union de tous
en face de nos désastres, la réunion de la gauche
s'était déterminée à accepter, en dernier lieu, cette
proposition, tout en se réservant de présenter d'a-
bord son projet de déchéance.

Au début de la séance, l'abdication de l'impéra-
trice et la démission des ministres ne furent pas dé-
posées, ainsi qu'on était autorisé à le penser. Loin
de là, se retenant avec âpreté au pouvoir qui lui
échappait, le président du conseil eut l'audace de
lire un projet de loi par lequel il réclamait pour lui

son maintien comme lieutenant-général, en con-
servant le gouvernement impérial.

Cette proposition ayant été accueillie par une
réprobation presque générale, M. Thiers lut la pro-
position de ses collègues et de lui. Mais la consta-
tation de la vacance au trône y avait été rempla-
cée par ces mots : a Vu les circonstances. »

Ainsi donc, l'opposition voyait échouer toutes
ses tentatives de conciliation.

En présence de l'ennemi, elle avait multiplié ses
efforts pour exhorter l'assemblée élue par la nation
à se saisir du pouvoir exécutif que les événements
lui imposaient le devoir de recueillir, et elle n'avait
pu convaincre ni décider la majorité.

Et pourtant, le Corps législatif ne devrait-il pas
se soulever indigné, lorsque le ministre delà guerre,
le général Cousin-Montauban, qui avait commis la
faute impardonnable, le crime de livrer à l'en-
nemi le dernier corps d'armée qui pouvait rendre
Paris imprenable, d'après l'avis de tous les hommes
compétents et de l'honorable M. Thiers lui-même,
reconnaissant la responsabilité qu'il avait encou-
rue, venait réclamer pour lui une sorte de lieute-
nance générale de l'empire ? N'y avait-il pas là, tout
à la fois, audace et incapacité ?

Eh bien ! le matin encore, le peuple, accouru
devant la Chambre des députés, apprenant l'abdi-
cation ou la déchéance, ou même la vacance du
trône, se fût arrêté devant la représentation du
pays. Mais, en apprenant la résistance inattendue
à la proclamation de faits accomplis, exaspéré par
la défaite et le traité de Sedan, se livrant à un acte
de désespérance, il a envahi l'assemblée.

mm. thiers et grévy. — Concluez ! (Sensation
prolongée.)

m. martel. — M. Garnier-Pagès ne conclut pas.
îl doit avoir une proposition à nous faire.

m. garnier-pagès.— Je n'ai pas de proposition
formelle à vous soumettre; néanmoins, puisque
nos collègues semblent m'y inviter, je leur ferai
part de mes sentiments. Trois propositions ont été
faites à la Chambre : celle de M. Jules Favre ;
celle de M. le comte cle Palikao, au nom du gou-
vernement; enfin, celle de M. Thiers. Je n'oublie
pas qu'une commission a dû être nommée pour
vous faire un rapport.

m. gaudin.—Le rapport est prêt; on peut en don-
ner lecture.

m. garnier-pagès.—Quoi qu'il en soit, à l'heure
présente, les propositions de M. Jules Favre, de
l'honorable M. Thiers, me semblent seules sérieu-
ses et peuvent seules faire l'objet d'un examen sé-
rieux. En adoptant celle de M. Thiers vous substi-
tuerez sans aucun doute ces mots : la vacance du
trône au lieu de : vu les circonstances.

Mais pour faire œuvre utile, il importe avant j
tout que nous nous mettions en communication l^
 
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