igo
PERGAME
formée entièrement sous ces influences, et c'est là un fait digne d'attention. Per-
game est une ville hellénistique, et n'a jamais été autre chose. Il n'est pas para-
doxal de dire que l'hellénisme y est, pour ainsi dire, plus pur qu'à Alexandrie. Les
Attalides n'ont pas, comme les Ptolémées, à concilier les mœurs nouvelles avec
les traditions d'une civilisation étrangère et séculaire. Ils représentent la culture
grecque de leur temps, en se réclamant de l'ancienne Grèce, pour laquelle ils pro-
fessent une sorte de piété filiale. Les dieux grecs régnent seuls sur l'Acropole
pergaménienne. La patronne de la ville est Athéna; un Athénien ne serait pas
dépaysé aux fêtes de la déesse, qui s'appellent les Panathénées.
La cour des Attalides. Si l'on voulait prendre un terme de rapprochement
dans l'histoire moderne, on pourrait comparer les rois de Pergame aux Médicis.
Comme celle des Médicis, leur dynastie compte de vaillants soldats et d'habiles
diplomates; ils ont une cour brillante; ils emploient leur richesse à édifier de beaux
monuments; ils attirent à eux les savants et les artistes; ce sont les Florentins de
l'hellénisme. Mais une simple comparaison ne suffit pas à caractériser la civilisa-
tion pergaménienne. Il y faut plus de précision. Nous examinerons d'abord ce
qu'était la royauté à Pergame, et de quel prestige elle était entourée.
Les premiers dynastes avaient laissé subsister une apparence de liberté démo-
cratique. Il y avait une assemblée du peuple, un collège de cinq stratèges qui s'oc-
cupaient des finances, des choses profanes et des choses sacrées; il y avait un
collège de nomophy laques, magistrats gardiens des lois. La royauté ne supprima
pas ces fonctions; elle réussit à établir, au moins dans les formes extérieures, un
compromis entre les institutions d'une cité grecque et celles d'une monarchie
militaire, si bien qu'à la mort d'Attale III, Pergame put se croire une ville libre.
En réalité, le pouvoir royal s'exerçait sans aucun contrôle. Suivant l'exemple
donné parles monarchies de Macédoine, de Syrie et d'Egypte, les Attalides avaient
créé une hiérarchie savante et compliquée de fonctionnaires royaux. Nous ne la
connaissons pas dans le détail; mais les inscriptions mentionnent quelques titres
qui en laissent supposer beaucoup d'autres. Le premier ministre, le chancelier du
royaume, s'appelle « ô 1*1 tôv irpay^Tuv », titre qui se retrouve à la cour des Séleucides '.
Un autre titre fort honorifique, usité également en Syrie et en Egypte, est celui
de « parent du roi » (suyysvfo ou cVrpoçoç toO {iamiho;)2; il est porté par les fonctionnaires
les plus élevés de la hiérarchie. Peut-être les Attalides avaient-ils emprunté à la
cour des Lagides quelques-uns des noms sonores dont étaient décorées certaines
i. Inschriften von Pergamon, VIII ', n0s 171-176. Cf. Bulletin de corresp. hellénique, I, p. 285; inscrip-
tion de Délos publiée par M. Homolle.
2. Inschriften von Pergamon, VIII ', nos 179, 224 A, 248 ; VIII *, nos 176 a, p: 504.
PERGAME
formée entièrement sous ces influences, et c'est là un fait digne d'attention. Per-
game est une ville hellénistique, et n'a jamais été autre chose. Il n'est pas para-
doxal de dire que l'hellénisme y est, pour ainsi dire, plus pur qu'à Alexandrie. Les
Attalides n'ont pas, comme les Ptolémées, à concilier les mœurs nouvelles avec
les traditions d'une civilisation étrangère et séculaire. Ils représentent la culture
grecque de leur temps, en se réclamant de l'ancienne Grèce, pour laquelle ils pro-
fessent une sorte de piété filiale. Les dieux grecs régnent seuls sur l'Acropole
pergaménienne. La patronne de la ville est Athéna; un Athénien ne serait pas
dépaysé aux fêtes de la déesse, qui s'appellent les Panathénées.
La cour des Attalides. Si l'on voulait prendre un terme de rapprochement
dans l'histoire moderne, on pourrait comparer les rois de Pergame aux Médicis.
Comme celle des Médicis, leur dynastie compte de vaillants soldats et d'habiles
diplomates; ils ont une cour brillante; ils emploient leur richesse à édifier de beaux
monuments; ils attirent à eux les savants et les artistes; ce sont les Florentins de
l'hellénisme. Mais une simple comparaison ne suffit pas à caractériser la civilisa-
tion pergaménienne. Il y faut plus de précision. Nous examinerons d'abord ce
qu'était la royauté à Pergame, et de quel prestige elle était entourée.
Les premiers dynastes avaient laissé subsister une apparence de liberté démo-
cratique. Il y avait une assemblée du peuple, un collège de cinq stratèges qui s'oc-
cupaient des finances, des choses profanes et des choses sacrées; il y avait un
collège de nomophy laques, magistrats gardiens des lois. La royauté ne supprima
pas ces fonctions; elle réussit à établir, au moins dans les formes extérieures, un
compromis entre les institutions d'une cité grecque et celles d'une monarchie
militaire, si bien qu'à la mort d'Attale III, Pergame put se croire une ville libre.
En réalité, le pouvoir royal s'exerçait sans aucun contrôle. Suivant l'exemple
donné parles monarchies de Macédoine, de Syrie et d'Egypte, les Attalides avaient
créé une hiérarchie savante et compliquée de fonctionnaires royaux. Nous ne la
connaissons pas dans le détail; mais les inscriptions mentionnent quelques titres
qui en laissent supposer beaucoup d'autres. Le premier ministre, le chancelier du
royaume, s'appelle « ô 1*1 tôv irpay^Tuv », titre qui se retrouve à la cour des Séleucides '.
Un autre titre fort honorifique, usité également en Syrie et en Egypte, est celui
de « parent du roi » (suyysvfo ou cVrpoçoç toO {iamiho;)2; il est porté par les fonctionnaires
les plus élevés de la hiérarchie. Peut-être les Attalides avaient-ils emprunté à la
cour des Lagides quelques-uns des noms sonores dont étaient décorées certaines
i. Inschriften von Pergamon, VIII ', n0s 171-176. Cf. Bulletin de corresp. hellénique, I, p. 285; inscrip-
tion de Délos publiée par M. Homolle.
2. Inschriften von Pergamon, VIII ', nos 179, 224 A, 248 ; VIII *, nos 176 a, p: 504.