LA PEINTURE
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deux personnages, homme et femme, dont les physionomies par-
lent si haut que l’artiste a jugé inutile de nous faire connaître leurs
sentiments intimes dans les vers délicieusement rimés qui lui ont
été inspirés par son tableau. Il est évident qu’en peignant cette
toile blanche et rose, M. Breton était surtout préoccupé d’ex-
primer avec vérité les valeurs d’un paysage neigeux que les
rayons du soleil ont cessé d’éclairer et que caressent déjà les pre-
mières clartés de la lune d’hiver. Il fallait être maître dans l’art
de peindre pour rendre avec une aussi grande délicatesse de tou-
che les justes couleurs des objets sous la lumière indécise qui
succède au jour et que le soleil de minuit ne baigne encore que
timidement de ses premiers rayons.
A notre avis, la toile représentant les communiantes doit
occuper une des premières places dans l’œuvre importante de
M. Jules Breton, œuvre si séduisante par le choix poétique des
sujets, si grande par la dignité du style, si puissante par la solidité
de la facture et toujours si noble d’inspiration, bien que l’artiste
se soit toujours contenté de décrire les scènes les plus simples
de la vie des campagnes. On a pu dire avec raison que M. Bre-
ton était un réaliste tempéré par un poète. Jamais peintre n'in-
terpréta avec plus d’élévation et de sincérité la vérité des choses.
Nous voudrions pouvoir citer ici tout au long l’admirable
petit poème dans lequel il chante la grâce innocente de ses com-
muniantes. Ceux qui n’ont pas eu le bonheur d’admirer sa toile
verraient resplendir dans ces quelques vers frappés comme des
médailles la composition tout entière avec son blanc proces-
sionnement de vierges, son cadre de verdure où palpite le prin-
temps, son frais village blotti sous les feuilles, et parfumé par
les sureaux, les lilas et les aubépines, le tendre azur du ciel de
mai, la joie tranquille .et souriante des parents, les vieux chaumes
moussus sur lesquels les pigeons, moins blancs et bien moins
innocents que les jeunes communiantes, roucoulent en battant
des ailes
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deux personnages, homme et femme, dont les physionomies par-
lent si haut que l’artiste a jugé inutile de nous faire connaître leurs
sentiments intimes dans les vers délicieusement rimés qui lui ont
été inspirés par son tableau. Il est évident qu’en peignant cette
toile blanche et rose, M. Breton était surtout préoccupé d’ex-
primer avec vérité les valeurs d’un paysage neigeux que les
rayons du soleil ont cessé d’éclairer et que caressent déjà les pre-
mières clartés de la lune d’hiver. Il fallait être maître dans l’art
de peindre pour rendre avec une aussi grande délicatesse de tou-
che les justes couleurs des objets sous la lumière indécise qui
succède au jour et que le soleil de minuit ne baigne encore que
timidement de ses premiers rayons.
A notre avis, la toile représentant les communiantes doit
occuper une des premières places dans l’œuvre importante de
M. Jules Breton, œuvre si séduisante par le choix poétique des
sujets, si grande par la dignité du style, si puissante par la solidité
de la facture et toujours si noble d’inspiration, bien que l’artiste
se soit toujours contenté de décrire les scènes les plus simples
de la vie des campagnes. On a pu dire avec raison que M. Bre-
ton était un réaliste tempéré par un poète. Jamais peintre n'in-
terpréta avec plus d’élévation et de sincérité la vérité des choses.
Nous voudrions pouvoir citer ici tout au long l’admirable
petit poème dans lequel il chante la grâce innocente de ses com-
muniantes. Ceux qui n’ont pas eu le bonheur d’admirer sa toile
verraient resplendir dans ces quelques vers frappés comme des
médailles la composition tout entière avec son blanc proces-
sionnement de vierges, son cadre de verdure où palpite le prin-
temps, son frais village blotti sous les feuilles, et parfumé par
les sureaux, les lilas et les aubépines, le tendre azur du ciel de
mai, la joie tranquille .et souriante des parents, les vieux chaumes
moussus sur lesquels les pigeons, moins blancs et bien moins
innocents que les jeunes communiantes, roucoulent en battant
des ailes
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