FOIE
[FOGIER v.intr.
[Verbe à l’historique discuté. Le FEW 3,665a
donne sous FÔDÏCARE “fouiller” en premier lieu
le verbe fouger “fouiller le sol avec le boutoir (du
porc, du sanglier)” qui serait attesté depuis le 14e
siècle. La source en est prob. DC 3,537b sous FO-
GERARE qui mentionne le mot d’après les Cous-
tumes de Niveniois qui datent cependant de 1534
et où l’on lit: Si pourceaux sont trouvez fougeans
enestangsvuydes... (CoutGén32,1140b, chap. XV,
art. 6; ib. 1141a, art. 8 trois autres att.(1)). — Gdf
4,109a cite sous FOUCHIER “creuser” un passage de
GastPhébChasse d’après un ms. du 15es. : L'autre
maniéré est quant Hz sont a fouchie[r], c 'est quant
Hz (les sangliers) font granz fosses. Le même pas-
sage se lit dans Lac 1,209a (repris d’ailleurs dans
Gdf 1,151a) d’après le ms. copié pour La Cume:
Hz sont afouchiez... quant ils font granz fosses et
vont quérir les racines de la fouchiere et de 1 ’es-
parge dedans terre. Le sanglier afouchié y est
considéré comme celui qui est «porté et appli-
qué, la saison venue, à fouiller et paitre la racine
de fougère (Monet, Dict.)» (ib. 1,208b). Le verbe
est classé comme pronominal et comme terme de
chasse, et au lieu d’une définition on a un com-
mentaire («il se disoit du sanglier, quand il arrache
les racines de la fougère, de l’épurge, etc.» ib.)
qui rapproche le mot de FEUCHIERE (DEAF F
307,1). L’emploi du mot est illustré par une cita-
tion de GastPhébChasse: (Les sangliers) vont en
leur amour aux truyes environ la Saint Andrieu (30
novembre); et durent en leur grant chaleur trois
sepmaines, et pourquant que les truyes soient re-
froidies, le sanglier ne se trait pas de elles, comme
fait l’ours, ainçoys demeure en leur compaignie
et s’afouche, et sont ensemble jusques a l’Epi-
phanie (6 janvier). Ce passage correspond à 1389
GastPhébChasseT 9,7-8 et Tilander définit à juste
titre “se mettre en troupe” avec note: «verbe qui
dérive de x.ü.folc,fouc “troupeau”» (ib. p. 295);
afoucher est traité ici sous FOUC (DEAFpré),
l’article FOUCHIER dans Gdf est à supprimer. —
Dans un article intitulé “Mots se rapportant au san-
glier dans les livres de chasse au moyen âge”, R
51,253-265, Tilander reprend la question étymo-
logique de fouger. Il se demande si fogerare, cité
par DC, est vraiment la forme latinisée de fou-
ger ou si le mot «n’est pas plutôt fait sur fou-
gère au sens “chercher des fougères”» (ib. 259),
et un peu plus loin il conclut: «Le sens de fou-
(1) Passage cité aussi par Lac 6,283a qui donne
en plus un commentaire de Laur 1704 concernant
le mot.
ger aurait donc été à l’origine “être aux fouges”,
c’est-à-dire “manger les racines des fougères”. Du
fait que le sanglier a à creuser des fosses pour at-
teindre les racines des fougères, le vb. fouger en
est venu à signifier “fouiller” et d’autant plus faci-
lement qu’on a peu à peu oublié le sens originaire
“fougère” defange» (ib. 260). S’il en est ainsi, on
se demande d’où vient, trois quarts de siècle plus
tôt, fougier au sens de “fouiller, creuser (en par-
lant d’un homme)” dans un doc. Paris 1459 cité
dans DC 3,579a FOSSARE2 “creuser”: Le suppliant
print... son foussouer et en parti de son hostel pour
aler houyer ou fougier en ung mailhol ou vigne
nouvellement plantée, repris dans Lac 6,283a avec
la déf. “labourer une vigne”. A comparer aocc./o-
tyar (14es.), fagar (14es.), fougar (1415) “creu-
ser, bêcher” (Lv 3,576a FOTJAR), et occ. fauja,
foutja, faucha “fouger, fouir, piocher, bêcher, culti-
ver” (Mistral 1,1158a «en Dauphiné et en Langue-
doc»), sans restriction au sanglier. Le TLF 8,1143a
entrevoit la possibilité d’une «contamination réci-
proque» des verbes français et occitan.
Rem.: Mr.feuge “racines que le sanglier tire du
sol en fougeant”, rattaché dans FEW 3,665a à la
famille de FÔDÏCARE, est rangé ici à juste titre sous
FEUGE (DEAF F 312,47).]
♦ “creuser et fouiller le sol (en général en parlant
d’un sanglier, mais aussi en parlant d’un homme)”
(dep. 1459, doc. Paris 1459 DC 3,579a [v. le
contexte ci-dessus]; CoutGén 32,1140b, chap. XV,
art. 6. [v. le contexte ci-dessus]; 32,114la, art. 8
[trois att.], DC 3,579a [FOSSARE2]; Lac 6,283a;
GdfC 9,648b; TLF 8,1142b; FEW 3,665a).
• norm. *fogage m.
(foulgage doc. Eure 1343/44 Delisle 385, feu-
gage doc. Eure 1311 Gdf)
♦ “redevance payée pour obtenir le droit de faire
paître les porcs dans la forêt” (1311; 1343/44, doc.
Eure 1311 [Un pain a noel,fengage s de ses pors se
il les a Gdf]; doc. Eure 1343/44 Delisle 385 [Se il
a pors, il paiera pasnaige etfoulgage], Gdf 4,107c
[à tort sous “droit qui était exigé pour chaque feu
sur les biens roturiers et qui avait des applications
diverses”]; FEW 3,665a).] — Stâdtler.
FOI f “foi” -> DEAFpré
FOIBLE adj. “faible” DEAFpré.
FOIE m. “foie” DEAFpré.
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[Verbe à l’historique discuté. Le FEW 3,665a
donne sous FÔDÏCARE “fouiller” en premier lieu
le verbe fouger “fouiller le sol avec le boutoir (du
porc, du sanglier)” qui serait attesté depuis le 14e
siècle. La source en est prob. DC 3,537b sous FO-
GERARE qui mentionne le mot d’après les Cous-
tumes de Niveniois qui datent cependant de 1534
et où l’on lit: Si pourceaux sont trouvez fougeans
enestangsvuydes... (CoutGén32,1140b, chap. XV,
art. 6; ib. 1141a, art. 8 trois autres att.(1)). — Gdf
4,109a cite sous FOUCHIER “creuser” un passage de
GastPhébChasse d’après un ms. du 15es. : L'autre
maniéré est quant Hz sont a fouchie[r], c 'est quant
Hz (les sangliers) font granz fosses. Le même pas-
sage se lit dans Lac 1,209a (repris d’ailleurs dans
Gdf 1,151a) d’après le ms. copié pour La Cume:
Hz sont afouchiez... quant ils font granz fosses et
vont quérir les racines de la fouchiere et de 1 ’es-
parge dedans terre. Le sanglier afouchié y est
considéré comme celui qui est «porté et appli-
qué, la saison venue, à fouiller et paitre la racine
de fougère (Monet, Dict.)» (ib. 1,208b). Le verbe
est classé comme pronominal et comme terme de
chasse, et au lieu d’une définition on a un com-
mentaire («il se disoit du sanglier, quand il arrache
les racines de la fougère, de l’épurge, etc.» ib.)
qui rapproche le mot de FEUCHIERE (DEAF F
307,1). L’emploi du mot est illustré par une cita-
tion de GastPhébChasse: (Les sangliers) vont en
leur amour aux truyes environ la Saint Andrieu (30
novembre); et durent en leur grant chaleur trois
sepmaines, et pourquant que les truyes soient re-
froidies, le sanglier ne se trait pas de elles, comme
fait l’ours, ainçoys demeure en leur compaignie
et s’afouche, et sont ensemble jusques a l’Epi-
phanie (6 janvier). Ce passage correspond à 1389
GastPhébChasseT 9,7-8 et Tilander définit à juste
titre “se mettre en troupe” avec note: «verbe qui
dérive de x.ü.folc,fouc “troupeau”» (ib. p. 295);
afoucher est traité ici sous FOUC (DEAFpré),
l’article FOUCHIER dans Gdf est à supprimer. —
Dans un article intitulé “Mots se rapportant au san-
glier dans les livres de chasse au moyen âge”, R
51,253-265, Tilander reprend la question étymo-
logique de fouger. Il se demande si fogerare, cité
par DC, est vraiment la forme latinisée de fou-
ger ou si le mot «n’est pas plutôt fait sur fou-
gère au sens “chercher des fougères”» (ib. 259),
et un peu plus loin il conclut: «Le sens de fou-
(1) Passage cité aussi par Lac 6,283a qui donne
en plus un commentaire de Laur 1704 concernant
le mot.
ger aurait donc été à l’origine “être aux fouges”,
c’est-à-dire “manger les racines des fougères”. Du
fait que le sanglier a à creuser des fosses pour at-
teindre les racines des fougères, le vb. fouger en
est venu à signifier “fouiller” et d’autant plus faci-
lement qu’on a peu à peu oublié le sens originaire
“fougère” defange» (ib. 260). S’il en est ainsi, on
se demande d’où vient, trois quarts de siècle plus
tôt, fougier au sens de “fouiller, creuser (en par-
lant d’un homme)” dans un doc. Paris 1459 cité
dans DC 3,579a FOSSARE2 “creuser”: Le suppliant
print... son foussouer et en parti de son hostel pour
aler houyer ou fougier en ung mailhol ou vigne
nouvellement plantée, repris dans Lac 6,283a avec
la déf. “labourer une vigne”. A comparer aocc./o-
tyar (14es.), fagar (14es.), fougar (1415) “creu-
ser, bêcher” (Lv 3,576a FOTJAR), et occ. fauja,
foutja, faucha “fouger, fouir, piocher, bêcher, culti-
ver” (Mistral 1,1158a «en Dauphiné et en Langue-
doc»), sans restriction au sanglier. Le TLF 8,1143a
entrevoit la possibilité d’une «contamination réci-
proque» des verbes français et occitan.
Rem.: Mr.feuge “racines que le sanglier tire du
sol en fougeant”, rattaché dans FEW 3,665a à la
famille de FÔDÏCARE, est rangé ici à juste titre sous
FEUGE (DEAF F 312,47).]
♦ “creuser et fouiller le sol (en général en parlant
d’un sanglier, mais aussi en parlant d’un homme)”
(dep. 1459, doc. Paris 1459 DC 3,579a [v. le
contexte ci-dessus]; CoutGén 32,1140b, chap. XV,
art. 6. [v. le contexte ci-dessus]; 32,114la, art. 8
[trois att.], DC 3,579a [FOSSARE2]; Lac 6,283a;
GdfC 9,648b; TLF 8,1142b; FEW 3,665a).
• norm. *fogage m.
(foulgage doc. Eure 1343/44 Delisle 385, feu-
gage doc. Eure 1311 Gdf)
♦ “redevance payée pour obtenir le droit de faire
paître les porcs dans la forêt” (1311; 1343/44, doc.
Eure 1311 [Un pain a noel,fengage s de ses pors se
il les a Gdf]; doc. Eure 1343/44 Delisle 385 [Se il
a pors, il paiera pasnaige etfoulgage], Gdf 4,107c
[à tort sous “droit qui était exigé pour chaque feu
sur les biens roturiers et qui avait des applications
diverses”]; FEW 3,665a).] — Stâdtler.
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