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ENTRÉE DE CHARLES VIII A FLORENCE.

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Le roi mit pied à terre devant le portail de Sainte-Marie-des-Fleurs,
où l'attendaient l'évêque ainsi que la Seigneurie, venue de la porte
San-Frediano par des rues détournées. L'intérieur de l'église était
tout illuminé : sur chacune des colonnes du chœur, un ange se dressait
portant un chandelier. Au milieu de la foule qui encombrait la nef,
deux lignes de torches bordaient un étroit passage réservé pour le roi :
K Ce fut par là, raconte Landucci, qu'il se rendit au maître-autel,
avec ses barons et les gens de son pays, au milieu d'un tel tumulte
de cris de F2A2 Frmzcm / qu'il n'y en a jamais eu plus grand
au monde. Songez qu'il y avait là tout Florence, tant dans l'église
que dehors. Tout le monde criait, petits et grands, vieux et jeunes,
tous d'un vrai courage, sans adulation. Lorsqu'on le vit à pied, il
perdit un peu de son prestige aux yeux du peuple; car, en vérité,
c'était un très petit homme. Néanmoins, il n'y avait personne qui ne
l'aimât de bon cœur et comme on le devait. De la sorte, il aurait été
facile de lui faire entendre que tout le monde a des lis plein le corps
et que tout le monde est vraiment porté pour lui([); si bien qu'il
devrait nous aimer singulièrement et se fier à nous en toute chose;
et c'est la vérité,, et il verra par la suite la grande fidélité des Flo-
rentins. Sorti de l'église, il remonta à cheval et alla descendre au
palais de Pierre deMédicis, toujours aux cris de LzLtzTz^zzcm/ Jamais
il n'y eut si grande allégresse, ni tant d'honneurs rendus de bon cœur
et sans rien affecter; nous mettions en lui toutes nos espérances
de paix et de repos. Finalement, il n'en fut pas ainsi,, puisqu'il nous
enleva Pise et la donna aux Pisans, ce qu'il ne pouvait et ne devait
faire, car il donna ce qui n'était pas à lui (2). ))
La nuit était tombée, mais la ville entière était illuminée (3),
Charles se fit remettre à cheval, car sa petite taille ne lui permettait
pas d'y remonter seul, et, par la Via de' Martelli, il franchit le court
espace qui le séparait du palais Médicis. La rue était couverte de
tentures bleues fleurdelisées ; une frise chargée des armoiries du roi
et de celles de la Commune régnait au-dessus de la porte décorée

(1) « ... Che ogniuno ha el corpo pieno de gigli e che ogniuno gli va in verità. 0.
(2) Landucci, p. 80.
(3) Une ordonnance de la Seigneurie avait prescrit à tous les citoyens de tenir cinq chan-
delles allumées aux fenêtres de leurs maisons. (Parenti, fol. yo r°.)
 
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