CHARLES VIII QUITTE FLORENCE.
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la ville. Le traité était à peine signé, qu'ils envoyèrent encore Savo-
narole à Charles VIII, pour le supplier de partir, a Tu perds ton
temps, lui dit le dominicain, au préjudice de ton salut spirituel et de
ta gloire mondaine; tu oublies le devoir que la Providence t'a imposé.
Écoute maintenant la voix du serviteur de Dieu : poursuis ta route
sans retard. Ne cause pas la ruine de cette cité, et n'excite pas
contre toi la colère du Seigneur (1). )) Les reproches de Savonarole
peuvent cependant paraître prématurés ; on ne voit guère, en effet,
que le roi ait pu s'attarder beaucoup depuis la conclusion officielle
du traité, puisqu'il partit le 28 novembre, deux jours après la céré-
monie de Sainte-Marie-des-Fleurs. Conformément au traité, Charles
laissait à Florence deux commissaires, M. de la Motte et le prési-
dent de Dauphiné, Jean Matheron (2). Celui-ci remplissait déjà depuis
plusieurs mois les fonctions d'ambassadeur à Florence, et il s'en était
acquitté avec tant de modération et de bienveillance envers les Flo-
rentins, que plusieurs, parmi les Français, l'accusaient de s'étre laissé
corrompre. De son côté, la Seigneurie désigna, pour aller rejoindre
le roi et l'accompagner dans sa marche vers Naples, l'évèque de Vol-
terra, Soderini, et Neri Capponi (3).
Avant son départ, Charles ht commander à ses soldats de payer
tout ce qu'on leur avait fourni, et chargea des commissaires spéciaux
de veiller à ce que cet ordre fût exécuté (4). Il semble, d'ailleurs, que
si les troupes s'étaient assez bien comportées dans la ville, où elles
étaient sous les yeux du roi, il n'en avait pas été de meme dans les
campagnes. La Seigneurie s'était déjà plainte des excès commis par
les soldats de Montpensier dans le val d'Eisa; le roi, du reste, avait
ordonné que ces excès fussent sévèrement punis, et il avait chargé les
autorités florentines de lui désigner les coupables (5). Cependant,
tout en déplorant en général les maux qui résultèrent de la présence
des Français pendant un mois sur le territoire Rorentim, tant dans
les campagnes que dans les villes, le chroniqueur Parenti est contraint de
(1) Villari, Jérôme .S4ro?;<3ro?c, I, 285. — Landucci, p. 87.
(2) Sanuto, 141. — La Motte, envoyé bientôt en ambassade à Miian, fut remplacé par le
général de Bretagne, le catalan Jean Francès.
(3) Guasti, p. 64.
(4) Parenti, fol. 75 v".
(5) Guasti, p. 62.
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la ville. Le traité était à peine signé, qu'ils envoyèrent encore Savo-
narole à Charles VIII, pour le supplier de partir, a Tu perds ton
temps, lui dit le dominicain, au préjudice de ton salut spirituel et de
ta gloire mondaine; tu oublies le devoir que la Providence t'a imposé.
Écoute maintenant la voix du serviteur de Dieu : poursuis ta route
sans retard. Ne cause pas la ruine de cette cité, et n'excite pas
contre toi la colère du Seigneur (1). )) Les reproches de Savonarole
peuvent cependant paraître prématurés ; on ne voit guère, en effet,
que le roi ait pu s'attarder beaucoup depuis la conclusion officielle
du traité, puisqu'il partit le 28 novembre, deux jours après la céré-
monie de Sainte-Marie-des-Fleurs. Conformément au traité, Charles
laissait à Florence deux commissaires, M. de la Motte et le prési-
dent de Dauphiné, Jean Matheron (2). Celui-ci remplissait déjà depuis
plusieurs mois les fonctions d'ambassadeur à Florence, et il s'en était
acquitté avec tant de modération et de bienveillance envers les Flo-
rentins, que plusieurs, parmi les Français, l'accusaient de s'étre laissé
corrompre. De son côté, la Seigneurie désigna, pour aller rejoindre
le roi et l'accompagner dans sa marche vers Naples, l'évèque de Vol-
terra, Soderini, et Neri Capponi (3).
Avant son départ, Charles ht commander à ses soldats de payer
tout ce qu'on leur avait fourni, et chargea des commissaires spéciaux
de veiller à ce que cet ordre fût exécuté (4). Il semble, d'ailleurs, que
si les troupes s'étaient assez bien comportées dans la ville, où elles
étaient sous les yeux du roi, il n'en avait pas été de meme dans les
campagnes. La Seigneurie s'était déjà plainte des excès commis par
les soldats de Montpensier dans le val d'Eisa; le roi, du reste, avait
ordonné que ces excès fussent sévèrement punis, et il avait chargé les
autorités florentines de lui désigner les coupables (5). Cependant,
tout en déplorant en général les maux qui résultèrent de la présence
des Français pendant un mois sur le territoire Rorentim, tant dans
les campagnes que dans les villes, le chroniqueur Parenti est contraint de
(1) Villari, Jérôme .S4ro?;<3ro?c, I, 285. — Landucci, p. 87.
(2) Sanuto, 141. — La Motte, envoyé bientôt en ambassade à Miian, fut remplacé par le
général de Bretagne, le catalan Jean Francès.
(3) Guasti, p. 64.
(4) Parenti, fol. 75 v".
(5) Guasti, p. 62.