Les aspirations et ies espérances qui avaient amené ie duc de Lorraine
à se mettre au service des Vénitiens, n'étaient ignorées de personne. Or
ie testament de Charles du Maine, qui instituait la couronne de France sa
légataire universelle, assurait à Charles VIII non seulement la possession
de l'Anjou, du Maine et de la Provence, mais aussi l'héritage des droits
des Angevins au trône de Naples. Justifier l'exclusion du duc de Lorraine
par son grand-père maternel au profit de Charles du Maine, c'était prou-
ver du meme coup la validité des droits de la couronne de France.
Sous l'inspiration d'Etienne de Vesc, des clercs de Provence composè-
rent un mémoire pour démontrer que le roi René et Charles du Maine
n'avaient fait que se conformer à l'ordre de succession établi par ies testa-
ments de Charles I^ d'Anjou et de sa femme, qui n'appelaient leur descen-
dance féminine à hériter du royaume ou du comté qu'à défaut de tout hoir
mâle (i).
Madame de Beaujeu était présente lorsque Etienne de Vesc recomman-
dait aux membres du Conseil de tenir la main à ce que la Provence n'é-
chappât plus au roi; elle approuvait certainement ces démarches. Trop
fidèle aux traditions paternelles pour jamais rechercher ce qui pourrait
entraîner des expéditions lointaines, si elle consentait à faire affirmer les
droits du roi sur Naples à un moment où elle avait à tenir tète en France
aux princes mécontents, c'est qu'elle pensait trouver ainsi un moyen de
faire ajourner les réclamations de René II et d'acheter son alliance en lui
offrant en échange la cession tacite des droits de Charles VIII. Cela sem-
ble résulter de la simple succession des faits : le mémoire des clercs de
Provence est apporté à la Chambre des Comptes en juillet iq8q; le y août,
le Conseil statue sur les demandes du duc de Lorraine; le 2q septembre
un traité d'alliance est signé entre le duc et Madame, et, à partir de cette
époque, les agents politiques français en Italie soutiennent ouvertement
les prétentions de René au trône de Naples.
Outre la démonstration théorique des droits du roi, Anne aurait pu
se faire également une arme des offres qui lui étaient venues d'Italie.
Louis XI avait été, jusqu'au bout, considéré comme le médiateur de
la péninsule, dont les habitants avaient compté sur lui pour mettre un
terme à la guerre de Ferrare. Tandis que le duc de Milan lui écrivait
(i) Godefroy, ZZfsZofre de C/z^rJe.? FZ7Z, Preuves, p.
à se mettre au service des Vénitiens, n'étaient ignorées de personne. Or
ie testament de Charles du Maine, qui instituait la couronne de France sa
légataire universelle, assurait à Charles VIII non seulement la possession
de l'Anjou, du Maine et de la Provence, mais aussi l'héritage des droits
des Angevins au trône de Naples. Justifier l'exclusion du duc de Lorraine
par son grand-père maternel au profit de Charles du Maine, c'était prou-
ver du meme coup la validité des droits de la couronne de France.
Sous l'inspiration d'Etienne de Vesc, des clercs de Provence composè-
rent un mémoire pour démontrer que le roi René et Charles du Maine
n'avaient fait que se conformer à l'ordre de succession établi par ies testa-
ments de Charles I^ d'Anjou et de sa femme, qui n'appelaient leur descen-
dance féminine à hériter du royaume ou du comté qu'à défaut de tout hoir
mâle (i).
Madame de Beaujeu était présente lorsque Etienne de Vesc recomman-
dait aux membres du Conseil de tenir la main à ce que la Provence n'é-
chappât plus au roi; elle approuvait certainement ces démarches. Trop
fidèle aux traditions paternelles pour jamais rechercher ce qui pourrait
entraîner des expéditions lointaines, si elle consentait à faire affirmer les
droits du roi sur Naples à un moment où elle avait à tenir tète en France
aux princes mécontents, c'est qu'elle pensait trouver ainsi un moyen de
faire ajourner les réclamations de René II et d'acheter son alliance en lui
offrant en échange la cession tacite des droits de Charles VIII. Cela sem-
ble résulter de la simple succession des faits : le mémoire des clercs de
Provence est apporté à la Chambre des Comptes en juillet iq8q; le y août,
le Conseil statue sur les demandes du duc de Lorraine; le 2q septembre
un traité d'alliance est signé entre le duc et Madame, et, à partir de cette
époque, les agents politiques français en Italie soutiennent ouvertement
les prétentions de René au trône de Naples.
Outre la démonstration théorique des droits du roi, Anne aurait pu
se faire également une arme des offres qui lui étaient venues d'Italie.
Louis XI avait été, jusqu'au bout, considéré comme le médiateur de
la péninsule, dont les habitants avaient compté sur lui pour mettre un
terme à la guerre de Ferrare. Tandis que le duc de Milan lui écrivait
(i) Godefroy, ZZfsZofre de C/z^rJe.? FZ7Z, Preuves, p.