68 La Vie des Peintres
agréable. D’abord fon deffein fut dans le goût dé
l'on Maître , mais il changea cette maniéré, lorf-
qu’il vit des Ouvrages de Scboorcel : Il imita celle
de Hemskerck: dans l’Architeélure, dont il a joint
les ornements à les Ouvrages ; ce qui rendit fes
c'ompofitions grandes & fçavantes : Ce jugement
efl de Franc-F love même, qui, ayant été mandé pour
faire un Crucifix dans une des principales Eglifes
de Delft, s’écarta de fa route pour voir Aertgen ;
& ayant demandé fa demeure, il fut fort furpris
qu’un fi bon Peintre fût logé dans une petite mai-
fon proche les remparts. Le Maître n’y étoit
point , mais fes Eleves l’introduifirent dans fon
Attelier , qui‘étoit un grenier. F loris prit un char-
bon , & traça, fur un bout de muraille blanchie,
la Tête de Saint Luc , une Tête de Bœuf, & les
Armes de la Peinture. Si-tôt qu’il eut fini fon Def-
fein, il retourna à fon Auberge* Aertgen de re-
tour , fut averti, par les traits hardis du charbon,
qu’un'Etranger étoit venu. Cette avanture ell fem-
blable à celle d’Apelles ôc de Protogènes. Aertgen
n’eut pas plutôt confideré le Deffein qu’il s’écria ,
c’eft Franc- Flore, ce ne peut être que lui ; ce grand
Maître s’eft donné la peine de me venir voir. Il
ne put fe déterminer à lui rendre fa vifite : il étoit
fi timide qu’il n’étoit jamais à fon aife qu’avec fes
Eleves. 11 paiToit avec eux tous les Lundis au Ca-
baret , lion pas comme Yvrogne , mais par habi-
tude. Il s’efHmoit peu ; il avoit grande opinion
des autres. Floris l’invita à l’aller voir ; il s’en dé-
fendit toujours, difant qu’il ne méritoit pas de Je
trouver avec un fi grand homme. Le hazard les
fit rencontrer, & Floris profita de ce moment pour
attirer Aertven, dans l’intention de lui faire.ven-
agréable. D’abord fon deffein fut dans le goût dé
l'on Maître , mais il changea cette maniéré, lorf-
qu’il vit des Ouvrages de Scboorcel : Il imita celle
de Hemskerck: dans l’Architeélure, dont il a joint
les ornements à les Ouvrages ; ce qui rendit fes
c'ompofitions grandes & fçavantes : Ce jugement
efl de Franc-F love même, qui, ayant été mandé pour
faire un Crucifix dans une des principales Eglifes
de Delft, s’écarta de fa route pour voir Aertgen ;
& ayant demandé fa demeure, il fut fort furpris
qu’un fi bon Peintre fût logé dans une petite mai-
fon proche les remparts. Le Maître n’y étoit
point , mais fes Eleves l’introduifirent dans fon
Attelier , qui‘étoit un grenier. F loris prit un char-
bon , & traça, fur un bout de muraille blanchie,
la Tête de Saint Luc , une Tête de Bœuf, & les
Armes de la Peinture. Si-tôt qu’il eut fini fon Def-
fein, il retourna à fon Auberge* Aertgen de re-
tour , fut averti, par les traits hardis du charbon,
qu’un'Etranger étoit venu. Cette avanture ell fem-
blable à celle d’Apelles ôc de Protogènes. Aertgen
n’eut pas plutôt confideré le Deffein qu’il s’écria ,
c’eft Franc- Flore, ce ne peut être que lui ; ce grand
Maître s’eft donné la peine de me venir voir. Il
ne put fe déterminer à lui rendre fa vifite : il étoit
fi timide qu’il n’étoit jamais à fon aife qu’avec fes
Eleves. 11 paiToit avec eux tous les Lundis au Ca-
baret , lion pas comme Yvrogne , mais par habi-
tude. Il s’efHmoit peu ; il avoit grande opinion
des autres. Floris l’invita à l’aller voir ; il s’en dé-
fendit toujours, difant qu’il ne méritoit pas de Je
trouver avec un fi grand homme. Le hazard les
fit rencontrer, & Floris profita de ce moment pour
attirer Aertven, dans l’intention de lui faire.ven-