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https://doi.org/10.11588/diglit.25069#0013
Flamands, Allemands & Hollandais'. 5
Loin de craindre d’être furpafle par Jordaens,
Rubens lui donna des avis fi utiles, que Jordaens,
en imitant la maniéré de Rubens, en devint plus
vigoureux & plus parfait. On acquiert quelque-
fois plus de gloire en imitant, qu’en s’efforçant
d’être original.
La fortune de Jordaens fut'allez confidérable ;
Ses Ouvrages ne furent pas payés le même prix:
que ceux de Rubens ; mais il avoir tant de faci-
lité , qu’il gagna prefqu’autant que celui qu’il
prenoit pour modèle, parce qu’il faifoit plus de
Tableaux. Charles Guflave, Roy de Suede, lui
commanda douze grands Tableaux repréfentanc
la Paffion de notre Seigneur. Emilie de Solms,
Douairière du Prince Frédéric-Henri de Nalfau »
lui fit peindre les a étions mémorables du Prince
fon époux , en plufieurs Tableaux , auffi ingé-
nieux par les allégories, qu’expreffifs par la cou-
leur & l’harmonie. Le chef-d’œuvre de ce Pein-
tre eft le Tableau où il a reprefenté ce Prince
dans un char de triomphe , tiré par quatre che-
vaux blancs, entouré de grouppes fymboliques*
Ces Tableaux décorent le fallon d’Orange à la
Maifon au Bois, près de la Haye ; & ils fuffifent
pour montrer combien Sandrart s’eft trompé ,
quand il a dit que Jordaens colorioit froidement
depuis qu’il avoit peint en détrempe : Cet Ecri-
vain Allemand auroit dû fçavoir que Jordaens
étoit jeune, quand il a peint les cartons pour
l’Efpagne, ôz que tous les Ouvrages que nous
connoiffons depuis ce tems, l’emportent beau-
coup fur ceux de fa première maniéré.
Les Eglifes & les Maifons Royales furent
enrichies de fes Ouvrages ; mais, pour fe délaffer,
A 2 i}
1
Loin de craindre d’être furpafle par Jordaens,
Rubens lui donna des avis fi utiles, que Jordaens,
en imitant la maniéré de Rubens, en devint plus
vigoureux & plus parfait. On acquiert quelque-
fois plus de gloire en imitant, qu’en s’efforçant
d’être original.
La fortune de Jordaens fut'allez confidérable ;
Ses Ouvrages ne furent pas payés le même prix:
que ceux de Rubens ; mais il avoir tant de faci-
lité , qu’il gagna prefqu’autant que celui qu’il
prenoit pour modèle, parce qu’il faifoit plus de
Tableaux. Charles Guflave, Roy de Suede, lui
commanda douze grands Tableaux repréfentanc
la Paffion de notre Seigneur. Emilie de Solms,
Douairière du Prince Frédéric-Henri de Nalfau »
lui fit peindre les a étions mémorables du Prince
fon époux , en plufieurs Tableaux , auffi ingé-
nieux par les allégories, qu’expreffifs par la cou-
leur & l’harmonie. Le chef-d’œuvre de ce Pein-
tre eft le Tableau où il a reprefenté ce Prince
dans un char de triomphe , tiré par quatre che-
vaux blancs, entouré de grouppes fymboliques*
Ces Tableaux décorent le fallon d’Orange à la
Maifon au Bois, près de la Haye ; & ils fuffifent
pour montrer combien Sandrart s’eft trompé ,
quand il a dit que Jordaens colorioit froidement
depuis qu’il avoit peint en détrempe : Cet Ecri-
vain Allemand auroit dû fçavoir que Jordaens
étoit jeune, quand il a peint les cartons pour
l’Efpagne, ôz que tous les Ouvrages que nous
connoiffons depuis ce tems, l’emportent beau-
coup fur ceux de fa première maniéré.
Les Eglifes & les Maifons Royales furent
enrichies de fes Ouvrages ; mais, pour fe délaffer,
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