Flamands, Allemands & Hollandais. 309
rendre. Il fut reçu avec diflin&ion ; l’Abbé lui
fit voir les places , & lui demanda de quelle
maniéré il comptoit peindre ces murailles. Alors
Meyer prit un bâton fort long , attacha un char-*
bon au bout , & commença à defîiner : ici ,
difoit-il, je peindrai un grand arbre, plus loin
une forêt, une chute d’eau qui tombe de ce
rocher, &c. A la fin du difcours, l’Abbé ne
put répondre d’étonnement, lorfqu’îl vit un mur
deftiné avec intëlligence & goût. Il demanda
à Meyer, s’il fe chargeroit de peindre ce qu’il
Venoie de deffirter. Oui, répondit le Peintre, je
commencerai fur lheure* On renvoya l’autre
Peintre. Meyer n’employa pas plus que fon Eté
pour les deux appartements ; le premier Pein-
tre avoit mis autant de temps à faire les ef-
quilles. Aieyer avant de quitter , acheva enco-
re quelques Tableaux à l’huile. Cet Ouvrage
fut honorablement payé. Il retourna chez lui,
où cette aventure avoit fait du bruit ; fa répu-
tation vola par-tout. Il fut encore chargé de
peindre des Payfages en grand pour la Ville
de Geneve : d’autres Villes l’employèrent aulîi.
Des Châteaux pour fa Province, & chez les
Etrangers > furent ornés de fa main. Les Priâ-
tes & les Grands le firent travailler à l’envi.
On croit que Werneîr lui confeilla pour lors de
fe faire une maniéré plus expéditive Sc plus
agréable: cort eil dangereux, car fes derniers
Tableaux ne portent que des marques d’une fa-
cilité acquife, à la vérité, par l’étude; mais,
où le goût tenoit à peirte lieu de l’exaélitude
de la nature ; & cette exactitude n’étoit deve-
nue que maniéré. Cette nouvelle méthode lui

V s pro-