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Le dessin à l'école et dans la famille: revue d'éducation esthétique — 2.1923/​1924

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[No. 2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.43074#0038
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n’acceptait aucun compromis. Sa seule réponse:
« Mon argent est placé », déjouait les combi-
naisons de ces hommes intéressés. D’autres
viendront, dans la suite, avec des intentions
également égoïstes, mais Louise saura les dé-
jouer et décourager leurs auteurs.
Projets.
En écoutant mère Séraphine et Louise qui
causaient du colon d’Australie, je songeais à
cette fortune qu’il leur laissait. Que de belles
choses ne pouvait-on réaliser avec cette somme !
Que de bien à faire autour de soi, avec le seul
superflu, dans ce modeste village : familles
pauvres, vieillards sans ressources, malades
dans la détresse, etc... Mère Séraphine ne pen-
serait-elle pas à ces misères et son bon cœur la
porterait-il à les secourir ?
J’en étais là de ces réflexions lorsque la voix
de Louise me tira de ma rêverie.
— Mère! J’ai vu, hier, M. le curé. Il s’oc-
cupe de votre projet d’asile de vieillards pau-
vres et infirmes. Douze lits suffiront amplement
pour la paroisse. Cela représentera des frais :
construction et entretien de l’immeuble, hos-
pitalisation des vieillards, religieuses pour les
soigner, etc. Le devis vous sera communiqué
bientôt.


A propos, continua Louise, vous savez que
le baptême de la nouvelle cloche est ajourné.

Il n’aura pas lieu à la Noël à cause de la ri-
gueur de la saison que l’on présageait plus
clémente, mais à Pâques seulement. Ce retard
va contrarier la jeune marraine qui semblait si
heureuse de cette cérémonie et si pressée de la
voir s’accomplir.
— Ce sera mieux ainsi ! J’espère que le beau
temps nous sera venu avec Pâques et que mes
vieilles jambes me permettront d’assister à
cette fête.
Mère Séraphine se tut. Louise se remit à va-
quer aux soins du ménage. Elle parut sur le
seuil de la maison et regarda un moment du
côté de la ferme, puis rentra sans mot dire.
J’attendis quelques minutes espérant que ma
aetite amie Andrée pourrait venir bientôt,
puisque Louise semblait l’attendre.
Inquiétude.
Personne ne s’annonçant dans le chemin, je
résolus de rentrer au terrier. En approchant
de notre gîte je remarquai sur la neige des
traces de pas que je n’avais point vues à mon
départ. Je suivis les empreintes qui venaient
du sentier aboutissant au chemin creux, et
se dirigeant vers notre terrier. De lourds
souliers cloutés, aux talons garnis d’un fer,
marquaient nettement les formes que je recon-
nus. Jean-Pierre, le braconnier, était passé là ;
auprès des pas, des trous en zig-zag imprimés
dans la neige indiquaient clairement la marche
de Pataud. Ses griffes avaient laissé, sur la
neige foulée, une marque caractéristique. Il n’y
avait point à s’y méprendre : le braconnier
avait cherché les terriers occupés. Le nôtre
était repéré. Par prudence, Jean-Pierre n’avait
point poursuivi jusqu’à l’entrée de notre re-
fuge. A quelques pas ses traces obliquaient
vers le taillis où habitent d’autres lapins. Je
suivis le chemin parcouru par le braconnier ;
je parvins ainsi à proximité d’autres terriers.
Un peu troublé par ces constatations, je
m’empressai de rentrer. Ma mère avait remar-
qué l’approche de Jean-Pierre malgré le bruit
étouffé de ses pas. Evidemment quelque drame
se déroulerait le soir même ou la nuit. Comment
parer à cette éventualité ? Abandonner le ter-
rier ? En ce cas où nous réfugier ? Creuser une
sortie de secours ? La neige et la terre remuées
révéleraient notre inutile précaution. Attendre
les événements et nous échapper au dernier
moment ? C’était sans doute le parti le plus
sage quoique bien ennuyeux. Nous attendîmes.
(A suivre) Jeannot.

*

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Imprimé par Desclée, De Brouwer et C", Bruges (Belgique)
 
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