sept merveilles du monde, ne devait
avoir de merveilleux que sa masse. L’é-
normité, en des travaux de ce genre,
ne s’obtient qu’au détriment de la
beauté, et l’extraordinaire, comme le
remarque P. Paris, est presque toujours
le faux.
(A suivre).
LE SALON D’AUTOMNE
Le salon d’automne fut fondé par Ivanohé
Rambosson, collaborateur du Mercure de
France et organisé par Frantz Jourdain; il
s’ouvrit pour la première fois, en 1903, dans
les sous-sol du Petit-Palais. Les premiers expo-
sants furent : George Desvallières, Abel Tru-
chet, Camille Lefèvre, Ch. Plumet, Chigot,
etc. lies mécontents du Grand Salon et des In-
dépendants : Vuillard, Bonnard, Valloton,
Roussel, etc., exposèrent leurs oeuvres. Le
succès vint rapidement à tel point que la vieille
Société Nationale s’en offusqua ; son président,
Carolus Duran, crut sage de défendre aux so-
ciétaires de la Nationle d’exposer au Salon
d’automne. La Société des artistes français ne
porta point une semblable prohibition et se
montra plus tolérante et plus courtoise.
Le nouveau Salon fut souvent attaqué par
les sociétaires de la Nationale et des Artistes
français, mais Frantz Jourdain, qui présidait
en réalité à ses destinées, tint bon et des artistes
de valeur se rangèrent à ses côtés : Carrière,
Rodin, Cézanne, Renoir, Odilon Redon, Le-
père, Alexandre Charpentier.
On ne devenait membre sociétaire du Salon
d’automne qu’après avoir exposé cinq fois, mais
plusieurs artistes furent reçus après leur pre-
mière exposition. Dès qu’un artiste devenait
sociétaire il avait le droit d’exposer sans subir
le contrôle d’aucun jury.
Le Salon d’automne se proposait pour but
principal de donner de l’extension aux arts dé-
coratifs. Ces arts qui touchent, à l’industrie
furent trop longtemps traités comme des arts
mineurs et méprisés par les artistes. Cette er-
reur continue de causer de grands torts aux
arts décoratifs mais de jour en jour elle tend à
disparaître devant les exigences du goût public
mieux écairé. Les écoles d’art professionnel et
plusieurs académies des Beaux-Arts démon-
trent, par leurs expositions, que l’art est un et
que le beau n’est pas la propriété exclusive
d’une aristocratie. De plus en plus son do-
maine s’étend aux arts industriels, il recon-
quiert les métiers que nos aïeux honoraient
d’un savoir-faire véritablement artistique.
I^e Salon d’automne a organisé une section
du livre, des sections musicales avec séances de
musique de chambre et de danse. Il admet l’art
religieux, la littérature, le théâtre, le cinéma,
et ne dédaigne pas l’art culinaire.
Les impressionnistes furent accueillis au Sa-
lon d’automne: Manet, Renoir, Degas, Pissaro,
Sisley, Cézanne. Certains artises aux tendances
modernistes qui se voyaient, de ce chef, ba-
foués par la critique, rejetés par l’Etat, dédai-
gnés par les jurys officiels, furent recueillis au
Salon d’automne. On y vit, dans ce cas : Puvis
de Chavannes, Carrière, Rodin, Gauguin.
Dans ses rétrospectives le Salon d’automne
a eu le tort d’exposer des oeuvres de peinture
décorative à côté des tableaux de chevalet. La
peinture décorative vise à un emplacement dé-
terminé, elle est, faite pour orner un édifice et
doit s’adapter à ses lignes générales, à sa tona-
lité ; elle a pour devoir de tenir compte de la
lumière et du caractère particulier, de la des-
tination des salles auxquelles elle s’adresse. La
peinture décorative est vue de loin ; elle exige
donc une exagération de formes et de tons, et
demande des masses bien accusées et la netteté
des contours que souligne, ordinairement, un
trait vigoureux. La peinture de chevalet, des-
tinée à être vue de près, ne demande pas ces sa-
crifices ; elle plaît par le fini, par la richesse et
l’harmonie de ses couleurs, par le charme des
détails. Le public, trop peu accoutumé à ces
distinctions entre décoration et tableau, se
laisse aller à de faux jugements qui jettent la
défaveur sur la peinture décorative.
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avoir de merveilleux que sa masse. L’é-
normité, en des travaux de ce genre,
ne s’obtient qu’au détriment de la
beauté, et l’extraordinaire, comme le
remarque P. Paris, est presque toujours
le faux.
(A suivre).
LE SALON D’AUTOMNE
Le salon d’automne fut fondé par Ivanohé
Rambosson, collaborateur du Mercure de
France et organisé par Frantz Jourdain; il
s’ouvrit pour la première fois, en 1903, dans
les sous-sol du Petit-Palais. Les premiers expo-
sants furent : George Desvallières, Abel Tru-
chet, Camille Lefèvre, Ch. Plumet, Chigot,
etc. lies mécontents du Grand Salon et des In-
dépendants : Vuillard, Bonnard, Valloton,
Roussel, etc., exposèrent leurs oeuvres. Le
succès vint rapidement à tel point que la vieille
Société Nationale s’en offusqua ; son président,
Carolus Duran, crut sage de défendre aux so-
ciétaires de la Nationle d’exposer au Salon
d’automne. La Société des artistes français ne
porta point une semblable prohibition et se
montra plus tolérante et plus courtoise.
Le nouveau Salon fut souvent attaqué par
les sociétaires de la Nationale et des Artistes
français, mais Frantz Jourdain, qui présidait
en réalité à ses destinées, tint bon et des artistes
de valeur se rangèrent à ses côtés : Carrière,
Rodin, Cézanne, Renoir, Odilon Redon, Le-
père, Alexandre Charpentier.
On ne devenait membre sociétaire du Salon
d’automne qu’après avoir exposé cinq fois, mais
plusieurs artistes furent reçus après leur pre-
mière exposition. Dès qu’un artiste devenait
sociétaire il avait le droit d’exposer sans subir
le contrôle d’aucun jury.
Le Salon d’automne se proposait pour but
principal de donner de l’extension aux arts dé-
coratifs. Ces arts qui touchent, à l’industrie
furent trop longtemps traités comme des arts
mineurs et méprisés par les artistes. Cette er-
reur continue de causer de grands torts aux
arts décoratifs mais de jour en jour elle tend à
disparaître devant les exigences du goût public
mieux écairé. Les écoles d’art professionnel et
plusieurs académies des Beaux-Arts démon-
trent, par leurs expositions, que l’art est un et
que le beau n’est pas la propriété exclusive
d’une aristocratie. De plus en plus son do-
maine s’étend aux arts industriels, il recon-
quiert les métiers que nos aïeux honoraient
d’un savoir-faire véritablement artistique.
I^e Salon d’automne a organisé une section
du livre, des sections musicales avec séances de
musique de chambre et de danse. Il admet l’art
religieux, la littérature, le théâtre, le cinéma,
et ne dédaigne pas l’art culinaire.
Les impressionnistes furent accueillis au Sa-
lon d’automne: Manet, Renoir, Degas, Pissaro,
Sisley, Cézanne. Certains artises aux tendances
modernistes qui se voyaient, de ce chef, ba-
foués par la critique, rejetés par l’Etat, dédai-
gnés par les jurys officiels, furent recueillis au
Salon d’automne. On y vit, dans ce cas : Puvis
de Chavannes, Carrière, Rodin, Gauguin.
Dans ses rétrospectives le Salon d’automne
a eu le tort d’exposer des oeuvres de peinture
décorative à côté des tableaux de chevalet. La
peinture décorative vise à un emplacement dé-
terminé, elle est, faite pour orner un édifice et
doit s’adapter à ses lignes générales, à sa tona-
lité ; elle a pour devoir de tenir compte de la
lumière et du caractère particulier, de la des-
tination des salles auxquelles elle s’adresse. La
peinture décorative est vue de loin ; elle exige
donc une exagération de formes et de tons, et
demande des masses bien accusées et la netteté
des contours que souligne, ordinairement, un
trait vigoureux. La peinture de chevalet, des-
tinée à être vue de près, ne demande pas ces sa-
crifices ; elle plaît par le fini, par la richesse et
l’harmonie de ses couleurs, par le charme des
détails. Le public, trop peu accoutumé à ces
distinctions entre décoration et tableau, se
laisse aller à de faux jugements qui jettent la
défaveur sur la peinture décorative.
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