Le travail du cuir
( Suite )
Le cuir incisé \
L’incision du cuir demande tout d’abord le
tracé d’un dessin, comme nous l’avons dit pour
la gravure (n° d’octobre, p. 18). Ce dessin doit
être reporté des deux côtés du cuir : au recto
pour le modelage, au verso pour le bourrage.
Pour atteindre un bon résultat et reproduire
les décalques du dessin l’un en face de l’autre
exactement, il est bon de placer, des deux côtés
du cuir, une feuille de papier frottée de san-
guine ou deux feuilles de papier carbone dont
se servent les brodeurs.
Le dessin étant posé sur ce papier noirci qui
recouvre le cuir, on repasse le trait au crayon ou
à l’aide d’une pointe à tracer. Dès que le dessin
est reproduit sur le verso et le recto du cuir on
procède à l’incision. Cette opération se fait à
l’aide d’un canif ou d’un grattoir, ou mieux à
l’aide du couteau à inciser que l’on trouve dans
le commerce. Cet outil présente un tranchant
incliné à 45°, ce qui facilite singulièrement la
besogne et permet de faire pivoter la laine en-
tre les doigts et de l’amener dans tous les angles.
L’incision ne doit pas s’étendre à tout le des-
sin mais seulement au contour extérieur du su-
jet que l’on veut représente]’. Cette incision ne
doit pas non plus entamer le cuir trop profon-
dément, sinon le bourrage le déchirerait infail-
liblement. Cette profondeur de l’incision atteint
généralement le tiers de l’épaisseur du cuir. Il
faut observer encore que le trait de l’incision
soit continu, sans reprises qui produiraient un
effet désagréable lors du modelage.
Lorsque l’incision du cuir est achevée on
procède aussitôt à l’ouverture du trait. Si le cuir
est sec on le mouille de nouveau afin de faciliter
le travail. Ouvrir le trait, c’est élargir l’inci-
sion mais avec une simple pointe à tracer dont
la grosseur sera proportionnelle à l’importance
que l’on désire donner à la largeur du trait. On
glisse cette pointe dans l’incision, en la pous-
sant devant soi ; si le cuir résiste à certains en-
droits et s’ouvre mal, on imprime à la pointe
un mouvement de va-et-vient qui l’oblige à
céder.
Cette opération demande du soin et des pré-
1. D’après J. Closset. Le travail artistique du cuir,
Librairie Laurens, rue de Tournon, 6, Paris.
cautions et l’on prendra garde que l’outil ne
dévie pas en dehors de l’incision ce qui produi-
rait des traits désagréables. Si l’on a soin de
maintenir le cuir mouillé durant tout ce travail,
on arrivera plus aisément à de bons résultats.
Le cuir repoussé == le modelage.
Repousser le cuir c’est préparer le creux dans
lequel on logera la pâte de bourrage qui lui don-
nera la saillie cherchée et la maintiendra. Tous
les moyens sont donc bons pour ce repoussage
que l’on peut faire avec un ébauchoir ou quelque
outil à tête assez ar-
rondie. J. Closset re-
commande un moyen
facile de repoussage.
Il consiste à planter
verticalement, dans un
étau, une tige quel-
conque, bois, métal,
ivoire, à tête arrondie,
et à promener sur
cette tige,en appuyant
fortement, la partie
du cuir à repousser. Il
est bien entendu que
l’on travaille le cuir du
côté du verso et que
l’on a soin de ne pas
exagérer la pression.
On risquerait de dé-
chirer la peau affaiblie
par les incisions.
Lorsque vous jugez
que votre cuir est assez distendu et que le creux
semble suffisant pour le bourrage vous passez à
cette dernière opération.
La pâte à bourrer se trouve toute préparée,
en bâtons, chez les marchands de couleurs sous
le nom de pâte choréoplastique. Des amateurs
fabriquent eux-mêmes leur pâte avec de la sciure
de bois mêlée de charpie et de colle de farine.
D’autres la forment de farine délayée dans une
eau additionnée de gomme arabique et mêlée à
de l’étoupe hachée en menus morceaux. Le plus
simple est d’acheter la pâte toute préparée ;
celle-ci, malléable à souhait, ne durcit pas trop
vite pendant le travail et permet de le mener
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Le cuir incisé \
L’incision du cuir demande tout d’abord le
tracé d’un dessin, comme nous l’avons dit pour
la gravure (n° d’octobre, p. 18). Ce dessin doit
être reporté des deux côtés du cuir : au recto
pour le modelage, au verso pour le bourrage.
Pour atteindre un bon résultat et reproduire
les décalques du dessin l’un en face de l’autre
exactement, il est bon de placer, des deux côtés
du cuir, une feuille de papier frottée de san-
guine ou deux feuilles de papier carbone dont
se servent les brodeurs.
Le dessin étant posé sur ce papier noirci qui
recouvre le cuir, on repasse le trait au crayon ou
à l’aide d’une pointe à tracer. Dès que le dessin
est reproduit sur le verso et le recto du cuir on
procède à l’incision. Cette opération se fait à
l’aide d’un canif ou d’un grattoir, ou mieux à
l’aide du couteau à inciser que l’on trouve dans
le commerce. Cet outil présente un tranchant
incliné à 45°, ce qui facilite singulièrement la
besogne et permet de faire pivoter la laine en-
tre les doigts et de l’amener dans tous les angles.
L’incision ne doit pas s’étendre à tout le des-
sin mais seulement au contour extérieur du su-
jet que l’on veut représente]’. Cette incision ne
doit pas non plus entamer le cuir trop profon-
dément, sinon le bourrage le déchirerait infail-
liblement. Cette profondeur de l’incision atteint
généralement le tiers de l’épaisseur du cuir. Il
faut observer encore que le trait de l’incision
soit continu, sans reprises qui produiraient un
effet désagréable lors du modelage.
Lorsque l’incision du cuir est achevée on
procède aussitôt à l’ouverture du trait. Si le cuir
est sec on le mouille de nouveau afin de faciliter
le travail. Ouvrir le trait, c’est élargir l’inci-
sion mais avec une simple pointe à tracer dont
la grosseur sera proportionnelle à l’importance
que l’on désire donner à la largeur du trait. On
glisse cette pointe dans l’incision, en la pous-
sant devant soi ; si le cuir résiste à certains en-
droits et s’ouvre mal, on imprime à la pointe
un mouvement de va-et-vient qui l’oblige à
céder.
Cette opération demande du soin et des pré-
1. D’après J. Closset. Le travail artistique du cuir,
Librairie Laurens, rue de Tournon, 6, Paris.
cautions et l’on prendra garde que l’outil ne
dévie pas en dehors de l’incision ce qui produi-
rait des traits désagréables. Si l’on a soin de
maintenir le cuir mouillé durant tout ce travail,
on arrivera plus aisément à de bons résultats.
Le cuir repoussé == le modelage.
Repousser le cuir c’est préparer le creux dans
lequel on logera la pâte de bourrage qui lui don-
nera la saillie cherchée et la maintiendra. Tous
les moyens sont donc bons pour ce repoussage
que l’on peut faire avec un ébauchoir ou quelque
outil à tête assez ar-
rondie. J. Closset re-
commande un moyen
facile de repoussage.
Il consiste à planter
verticalement, dans un
étau, une tige quel-
conque, bois, métal,
ivoire, à tête arrondie,
et à promener sur
cette tige,en appuyant
fortement, la partie
du cuir à repousser. Il
est bien entendu que
l’on travaille le cuir du
côté du verso et que
l’on a soin de ne pas
exagérer la pression.
On risquerait de dé-
chirer la peau affaiblie
par les incisions.
Lorsque vous jugez
que votre cuir est assez distendu et que le creux
semble suffisant pour le bourrage vous passez à
cette dernière opération.
La pâte à bourrer se trouve toute préparée,
en bâtons, chez les marchands de couleurs sous
le nom de pâte choréoplastique. Des amateurs
fabriquent eux-mêmes leur pâte avec de la sciure
de bois mêlée de charpie et de colle de farine.
D’autres la forment de farine délayée dans une
eau additionnée de gomme arabique et mêlée à
de l’étoupe hachée en menus morceaux. Le plus
simple est d’acheter la pâte toute préparée ;
celle-ci, malléable à souhait, ne durcit pas trop
vite pendant le travail et permet de le mener
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