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Le dessin à l'école et dans la famille: revue d'éducation esthétique — 4.1925/​1926

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No. 3 (1er décembre 1925)
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https://doi.org/10.11588/diglit.43076#0072
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Les villes d’art
IS A YEUX (Suite).

La Tapisserie (Suite).
La tapisserie de Rayeux déroule une longue
série de scènes sur soixante-dix mètres de lon-
gueur et cinquante centimètres de hauteur,
comprenant six cent vingt-trois personnages
complètement habillés ou armés, deux cent deux
chevaux, cinquante-deux chiens, cinq cent cinq
autres animaux et trente-sept bâtiments, etc.
Cette broderie, par une série de tableaux ac-
compagnés d’inscriptions laconiques mais suffi-
samment claires, retrace l’histoire de la con-
quête de l’Angleterre depuis ses origines
jusqu’à la déroute de l’armée anglo-saxonne à
ITastings : le départ d’Harold, son voyage en
Ponthieu et en Normandie, sa participation à
l’expédition de Bretagne ; puis viennent son
serment, son retour en Angleterre, la mort
d’Edouard, le couronnement d’Harold, les pré-
paratifs maritimes et militaires de la conquête
par Guillaume, le débarquement à Pévensey et
la bataille d’PIastings ou de Senlac ; en tout,
soixante-dix-neuf tableaux se font suite, quel-
quefois sépares les uns des autres par un détail
ornemental, un arbre généralement.


Départ pour VAngleterre

Ces tableaux sont encadrés par une double
bordure contenant des scènes de chasse, de la-
bour, des illustrations, des fables d’Esope.
Cette tapisserie était exposée à la fête de
saint Jean ; elle faillit disparaître à la Révolu-
tion, ayant été destinée à servir de bâche pour
les vivres.

Une tradition du XVIIIe siècle attribuait la
tapisserie à la reine Mathilde et à ses suivantes.
L’inventaire de Rayeux, qui mentionne la ta-
pisserie et date de 1476, ne la désigne pas sous
le nom de tapisserie de la reine Mathilde; il
note seulement «: qu'elle fait représentation du
conquest d’Angleterre ». Ailleurs elle est men-
tionnée sous le nom de telle de Guillaume, telle
de la Saint-Jean.
Des controverses se sont élevées à propos de
la date exacte de fabrication de la tapisserie.
Les uns veulent que la tapisserie soit postérieure
à la conquête de la Normandie par le roi de
France Philippe-Auguste, en 1204; elle serait
donc du XIIIe siècle ; d’autres ont attribué la
tapisserie à 1 ’empress Mathilde, fille de Hen-
ri Ier, la petite-fille de Guillaume, devenue im-
pératrice d’Allemagne. Cette thèse ne repose
sur aucun fondement.
Les détails du costume et de l’armement qui
se trouvent dans la Tapisserie sont du XIIe et
du XIe siècle. Or, les artistes du moyen-âge
donnaient toujours à leurs personnages, sculptés
ou peints, le costume de leur époque et de leur
région. La tapisserie daterait donc de la fin du
XIe siècle ou du commencement du XIIe.
Il semble ressortir de l’examen des caractères
de cette tapisserie qu’elle dût être exécutée par
des ouvriers anglo-saxons dirigés par Wadard,
Vital et Eudes, des vassaux de l’évêque. Ce se-
rait donc un évêque de Rayeux qui l’aurait fait
broder, le frère même de Guillaume, ou peut-
être son successeur, Thérold ou Turol de Bre-
moy J .
Napoléon fit venir à Paris cette tapisserie en
1804, au moment où il préparait le débarque-
ment en Angleterre, pour montrer au peuple la
possibilité d’une telle conquête.
1. H. Prentout. Caen et Baijeux, Laurens, Paris.


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