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Le dessin à l'école et dans la famille: revue d'éducation esthétique — 4.1925/​1926

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No. 3 (1er décembre 1925)
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https://doi.org/10.11588/diglit.43076#0073
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Les artistes célèbres
NICOLAS POUSSIN
Les Andelys, 1594=1665, Rome.


Nicolas Poussin naquit aux Andelys, en Nor-
mandie, en 1594, d’une famille noble mais
pauvre. De bonne heure il manifesta un goût
remarquable pour la peinture et commença son
étude sous la direction de maîtres modestes. Les
véritables génies savent se passer de tout se-
cours j la vie du Poussin témoigne de cette vé-
rité et demeure un exemple de la force irrésis-
tible des vocations. Bravant la'misère, deux fois
arrêté par elle en chemin, il gagna à pied,
presque en mendiant, cette Rome où son talent
se forma devant les chefs-d’œuvre du passé.
A Rome, Poussin se lia d’amitié avec le ca-
valier Marin, célèbre par son poème d’Adonis,
qui lui donna du goût pour la lecture des poètes
anciens et modernes. Cette étude fut d’un grand
profit à l’artiste pour ses compositions.
Poussin voulut encore acquérir toutes les
connaissances de son temps. « Tandis qu’il con-
sultait sans relâche les monuments-et les modèles
de son art, il étudiait l’architecture dans Vi-
truve et Palladio, l’anatomie dans André Vé-
sale et les amphithéâtres de dissection, le style
dans la Bible, Homère, Plutarque et Corneille,
le raisonnement dans Platon et Descartes, la
nature enfin dans tous les objets qu’elle offre à
l’imitation. Tl prenait à la philosophie, à la

morale, à l’histoire, à la poésie, tout ce qu’elles
peuvent prêter de force, de grandeur et de
charme à la peinture ; et, penseur éminent, rai-
sonneur inflexible, il portait plus loin que nul
autre la pensée et la logique dans les profon-
deurs de l’art. On a dit de lui, avec raison, qu’il
était le peintre des gens d’esprit1.
A Rome, Poussin se lia d’amitié avec le Do-
miniquin, dont il plaignait la triste destinée et
auquel il donnait les plus affectueuses consola-
tions. Il défendit l’admirable ouvrage de son
ami La Communion de saint Jérôme, contre les
envieuses déclamations de Lanfranc, de Spada,
de Ribera et d’autres peintres jaloux de sa
gloire.
Louis XIII sollicita l’artiste de revenir en
France, en 1640, pour décorer la grande gale-
rie du Louvre. Poussin, obligé de lutter contre
des rivaux jaloux et incapables, ne demeura que
deux ans à Paris. En 1042 il regagna sa chère
solitude de Rome après avoir laissé, pour la
galerie du Louvre, une suite de cartons repré-
sentant les Travaux d'IIercule.
En Italie Poussin ne s’occupa que de son art ;
il composa et refit avec des variantes les Sept
Sacrements. Il peignit Moïse exposé sur Je Nil,
Moïse sauvé des eaux par Thermutis, la fille de
Pharaon, qu’amène au bord du fleuve Myriam,
la sœur de Moïse; la Manne dans le désert,
scène admirable par la majesté de l’ensemble et
l’intérêt des épisodes ; le Jugement de Salomon.
Poussin emprunta encore à l’Ancien Testa-
ment : Rchecca à la fontaine, au moment où
Eliézer, envoyé d’Abraham, lui offre des pré-
sents ; Adam et Eve dans le paradis terrestre;
Ruth et Noémi glanant dans les moissons de
Booz ; Retour des envoyés à la terre promise
avec, leur grappe de raisin que deux hommes
peuvent à peine porter sur leurs épaules. Ces
dernières compositions furent faites comme
pendants pour s’appeler le Printemps, l’Eté,
l'Automne et l’Hiver. L’hiver était, figuré par
le Déluge. Cette dernière œuvre fut pour Pous-
sin le chant du cygne ; il avait soixante et onze
ans lorsqu’il composa ce tableau et il mourut
peu après l’avoir achevé.
1. L. Viardot. Les merveilles de la peinture, Ha-
chette.
 
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