faucons planant dans le ciel, des lapins trotti-
nant dans les ruines, des iris, des herbes folles
croissant dans les fentes des vieux murs, comme
Albert Dürer, Schongauer, Luca Signorelli.
Au Louvre, une Nativité de fra Filippo Lippi
montre une quantité de lézards évoluant sur le
vieux mur qui abrite la Sainte Famille. Ce
lézard on le retrouve au Louvre, mais frappé
par un dieu, F Apollon Sauroctone. Ici il ne
craint rien; c’est le règne de la pitié qui com-
mence, et ces animaux réunis autour de la crèche
vous les retrouverez protégés par les saints dans
leurs ermitages. Aux dieux chasseurs succède
le Dieu charmeur qui étend sa miséricorde sur
toute la nature.
Le décor habituel de la crèche, c’est la ruine
d’un vieux palais. Les Primitifs italiens ont
toujours abrité la crèche dans un hangar en bon
état ; les Allemands l’ont installée dans un han-
gar troué, ruiné ou parmi les débris d’un ma-
jestueux palais. Par les trous du chaume et les
lézardes du palais on aperçoit le ciel étoilé.
Au loin, les vignes, les eaux serpentines, les
palais et châteaux, civilisation triomphante et
vaniteuse que la bonne nouvelle va dissoudre.
Là, vivent les orgueilleux et les savants, mais
le peuple a entendu et compris le premier la
voix des anges, c’est pourquoi, dans l’Esthé-
tique des Noëls la première place est aux ber-
gers. Les Mages vinrent après eux.
(D’après Robert de la Sizeran-ne)
Le Correspondant.
Dp peu de miniature
La miniature, dont nous parlerons plus lon-
guement dans nos prochains numéros, connut
un règne brillant du VIIe au XVIIe siècle. L’in-
vention de l’imprimerie fut fatale et sa splen-
deur s’éclipsa bientôt. La- miniature demeure
pourtant une charmante et délicate fantaisie
qui trouve encore aujourd'hui de ferventes
admiratrices et des artistes de talent. Les moi-
nes patients du moyen-âge qui corrigeaient
l’austérité du texte .de leurs manuscrits par de
riches initiales, des têtes de pages brillantes,
de magistrales vignettes de frontispice, trou-
vent encore des imitateurs. L’art de la minia-
ture connaît, même en notre temps de fièvre
et de vitesse, des patiences bénédictines ; des
mains habiles autant que gracieuses, font re-
naître dans les marges des missels, dans l'en-
cadrement des souvenirs de fêtes intimes et
familiales, des bordures capricieuses, des fleu-
rettes jolies, des bestioles amusantes. La carte
de visite, simple et froide, qui porte à nos amis
nos fervents souhaits de nouvel an, s’ornent
encore volontiers de quelque délicat bouquet de
roses et de myosotis, de quelque branchette de
lierre, fleurs symboliques qui soulignent de naïfs
et sincères sentiments.
On dira : le goût moderne s’accommode de
plus de simplicité et le bristol de nos jours ne
porte plus guère qu’un nom, accompagné de
souhaits hâtivement expédiés. Nos jeunes artis-
tes peuvent se former une autre idée de la carte
de nouvel an ; leur patience et leur talent trou-
veront dans leur enluminure un exercice utile
sans que leur bon goût soufîre d’aucune atteinte.
nant dans les ruines, des iris, des herbes folles
croissant dans les fentes des vieux murs, comme
Albert Dürer, Schongauer, Luca Signorelli.
Au Louvre, une Nativité de fra Filippo Lippi
montre une quantité de lézards évoluant sur le
vieux mur qui abrite la Sainte Famille. Ce
lézard on le retrouve au Louvre, mais frappé
par un dieu, F Apollon Sauroctone. Ici il ne
craint rien; c’est le règne de la pitié qui com-
mence, et ces animaux réunis autour de la crèche
vous les retrouverez protégés par les saints dans
leurs ermitages. Aux dieux chasseurs succède
le Dieu charmeur qui étend sa miséricorde sur
toute la nature.
Le décor habituel de la crèche, c’est la ruine
d’un vieux palais. Les Primitifs italiens ont
toujours abrité la crèche dans un hangar en bon
état ; les Allemands l’ont installée dans un han-
gar troué, ruiné ou parmi les débris d’un ma-
jestueux palais. Par les trous du chaume et les
lézardes du palais on aperçoit le ciel étoilé.
Au loin, les vignes, les eaux serpentines, les
palais et châteaux, civilisation triomphante et
vaniteuse que la bonne nouvelle va dissoudre.
Là, vivent les orgueilleux et les savants, mais
le peuple a entendu et compris le premier la
voix des anges, c’est pourquoi, dans l’Esthé-
tique des Noëls la première place est aux ber-
gers. Les Mages vinrent après eux.
(D’après Robert de la Sizeran-ne)
Le Correspondant.
Dp peu de miniature
La miniature, dont nous parlerons plus lon-
guement dans nos prochains numéros, connut
un règne brillant du VIIe au XVIIe siècle. L’in-
vention de l’imprimerie fut fatale et sa splen-
deur s’éclipsa bientôt. La- miniature demeure
pourtant une charmante et délicate fantaisie
qui trouve encore aujourd'hui de ferventes
admiratrices et des artistes de talent. Les moi-
nes patients du moyen-âge qui corrigeaient
l’austérité du texte .de leurs manuscrits par de
riches initiales, des têtes de pages brillantes,
de magistrales vignettes de frontispice, trou-
vent encore des imitateurs. L’art de la minia-
ture connaît, même en notre temps de fièvre
et de vitesse, des patiences bénédictines ; des
mains habiles autant que gracieuses, font re-
naître dans les marges des missels, dans l'en-
cadrement des souvenirs de fêtes intimes et
familiales, des bordures capricieuses, des fleu-
rettes jolies, des bestioles amusantes. La carte
de visite, simple et froide, qui porte à nos amis
nos fervents souhaits de nouvel an, s’ornent
encore volontiers de quelque délicat bouquet de
roses et de myosotis, de quelque branchette de
lierre, fleurs symboliques qui soulignent de naïfs
et sincères sentiments.
On dira : le goût moderne s’accommode de
plus de simplicité et le bristol de nos jours ne
porte plus guère qu’un nom, accompagné de
souhaits hâtivement expédiés. Nos jeunes artis-
tes peuvent se former une autre idée de la carte
de nouvel an ; leur patience et leur talent trou-
veront dans leur enluminure un exercice utile
sans que leur bon goût soufîre d’aucune atteinte.