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Le dessin à l'école et dans la famille: revue d'éducation esthétique — 4.1925/​1926

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No. 5 (1er février 1926)
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https://doi.org/10.11588/diglit.43076#0102
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Notions d’Esthétique
L’ART (Suite).

Facultés de l’artiste.
Les facultés qui jugent de la beauté
et nous mettent en relation avec elle :
sensibilité, intelligence, mémoire, rai-
son, sont aussi les facultés productrices
de l’œuvre d’art. Victor Cousin leur
ajoute le génie.
Lorsque l’artiste veut créer une œu-
vre, il en conçoit d’abord le sujet.
L’inspiration lui est donnée par une lec-
ture, par un souvenir, par une scène
qu’il a sous les yeux, par une association
d’idées qui se fait en son esprit comme
à son insu. La pensée de son œuvre lui
vient parfois si inopinément et semble
avoir été si peu préparée qu’on la nomme
inspiration.
L’artiste saisit cette inspiration, il es-
quisse en quelques traits cette image fu-
gitive entrevue un moment. Mais son
premier travail ne réalise pas toute sa
pensée; il ne peut copier l’image men-
tale qu’il s’en est faite comme il copierait
sa représentation matérielle dans la na-
ture. Il hésite, il corrige, il modifie sa
conception première. Peu à peu, d’une
composition confuse et incomplète, il
dégage une œuvre plus nette, plus pré-
cise, plus parfaite, mieux ordonnée.
Cette première opération est une œuvre
d’intelligence et de raisonnement, mais
les données primitives furent fournies à
l’artiste par Vimagination figurative.
C’est donc l’imagination qui entre en
jeu la première dans la création de
l’œuvre d’art.
Ln exemple, donné par P. Souriau 1,
1. P. Souriau. La suggestion dans l’art, Alcan. Paris.

mettra cette vérité en relief, cc En feuil-
letant un livre de mythologie je rencon-
tre cette phrase : On dit que Bellérophon
mourut foudroyé par Jupiter, tandis
qu’à l’aide de Pégase il voulait escalader
le ciel. » Supposez que je sois peintre,
c’est-à-dire habitué à chercher dans tout
spectacle ou toute image qui se présente,
le tableau à faire. Aussitôt mon imagi-
nation s’exalte. Bellérophon foudroyé !
Quel tableau ! Dans une toile immense,
sur un fond d’azur sombre où passent
seulement quelques nuées blanches, je
vois le groupe tragique. Pégase effaré,
cabré dans le vide, battant des ailes au
vent de foudre qui l’emporte, Belléro-
phon renversé sur sa croupe. Mais le hé-
ros, d’un dernier effort, redresse la tête
et défie, du regard, l’éclair qui vient à
lui. »
Le premier travail de l’imagination
est achevé ; l’intelligence va intervenir ;
le goût va contribuer à l’arrangement
définitif de cette scène. «Vite un crayon,
du papier, continue Souriau ; fixons
cette image pendant que nous la tenons
présente à l’esprit ! En trois coups de
crayon j’ai esquissé une nuque qui se re-
dresse, un bras étendu, la courbe d’une
encolure. Puis, je m’arrête. Le reste ne
vient pas ; c’est que je m’aperçois, au
moment de les formuler, que mes idées
étaient beaucoup moins nettes que je ne
croyais moi-même. Je voyais bien ce bras
ainsi, mais • l’autre? Je n’v avais pas
pensé. Et ces ailes? Comment les place-
rai-je ? Comme ceci ? Elles cacheraient
le corps du cavalier. Comme cela? Nou-

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