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Le dessin à l'école et dans la famille: revue d'éducation esthétique — 4.1925/​1926

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No. 5 (1er février 1926)
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https://doi.org/10.11588/diglit.43076#0109
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L’Enluminure

On sait que l’enluminure comprend le travail
décoratif qui accompagne un texte manuscrit
et en fait, selon M. Marchand, une oeuvre à la
fois picturale et graphique.
L’enluminure n’est pag un corloriage quel-
conque ; elle demeure une œuvre d’art au même
titre que la miniature et la peinture. Au début,
l’enluminure consistait en traits exécutés avec
des encres de couleurs autour des lettres ini-
tiales ; elle était un simple développement de
la calligraphie ; elle prit bientôt de l’importance
et devint ornementale. Les scribes, transcrip-
teurs des manuscrits ajoutèrent à leurs textes
des rinceaux, des fleurs, des figures naturelles
qui atteignirent bientôt au style et à la beauté.
Lorsque la miniature eut atteint ce degré de
perfection et d’importance elle se divisa en deux
parties. Les copistes continuèrent de s’occuper
de la lettre avec une habileté de main plus ou
moins parfaite ; les enlumineurs proprement
dits, véritables artistes, décorèrent les pages
des manuscrits.
Plus tard une autre catégorie d’artisans s’oc-
cupa d’historier les manuscrits. Au milieu des
rinceaux et des entrelacs ces patients et ces
habiles peignirent de petits tableaux d’un goût
merveilleux et d’une rare perfection d’où est
sortie la peinture d’histoire.
Ce travail des enlumineurs mettait en lumière
le texte des manuscrits ; la petite scène encadrée
dans une majuscule illustrait ce texte et le com-
plétait. Les ignorants eux-mêmes pouvaient
s’édifier en admirant ces riches peintures et le
texte ne leur demeurait point complètement
étranger.
L’enluminure remonte aux temps les plus re-
culés ; on retrouve, en effet, dans toutes les civi-
lisations, des traces de décoration ornant les
pages des livres. Toutes les matières convien-
nent pour ce travail : bois, papyrus, parchemin,
étoffe ou papier. Cette illustration a nécessaire-
ment varié selon les milieux, selon la valeur
de l’écrit lui-même et le degré de talent des
artistes ; partout elle s’est inspirée de la nature
et ses motifs variés sont nés de la fantaisie, mais
partout aussi l’artiste a su approprier son orne-
mentation au sens particulier des textes qu’il
illustrait. Plus tard, maître de sa technique et
plus habile dans l’art d’interpréter les textes,
l’enlumineur mit en relief les sentiments des
héros dont le livre racontait l’histoire ; il ex-

prima les pensées intimes que la lecture faisait
naître et les manifesta visiblement par la re-
production de figures naturelles ou de motifs de
fantaisie voilés de symbolisme. L’enluminure,
exécutée d’un dessin très pur et d’un coloris


brillant, devint allégorique. Au moyen-âge le
symbolisme jouit d’une faveur particulière.
C-’est à cette époque que les allégories se mul-
tiplient au milieu des rinceaux et que l’enlumi-
nure connaît le plus vif éclat et atteint son maxi-
mum de beauté expressive. Le livre, avec sa
riche parure extérieure et sa décoration inté-
rieure, devient un véritable reliquaire respecté

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