époux) ornés de leurs portraits dans un
médaillon en forme de bouclier. Quel-
quefois les deux personnages sont debout
et se donnent la main (sarcophage de
Probus). Parfois encore les sarcophages
avaient leurs faces latérales couvertes de
bas-reliefs historiques ou symboliques
(fig. 5). (A suivre).
Ed feuilletant les vieux livres
La vocation du Pérugin.
Le Pérugin (Piétro Vanucci) naquit à Citta
delle Pieve, petite ville située à vingt milles de
Pérouse. Son père vivait péniblement du tra-
vail de ses mains et l’enfant ne connut guère de
joies au foyer, mais quand il avait été bien sage
sa mère lui remettait un crayon et un bout de
papier. Lorsque le papier manquait, l’enfant
prenait une braise et crayonnait sur les murs,
Le Pérugin
un nez, un œil, une tête, une main. Content de
lui-même, Piétro admirait son œuvre puis l’ef-
façait. Son père haussait les épaules devant ces
croquis, mais sa mère prenait plaisir à examiner
les figures et encourageait le jeune artiste.
Un jour, occupée, comme d’habitude, à rac-
commoder le linge des enfants, la bonne mère
croyait Piétro sorti ; elle fut bien étonnée, après
deux heures de silence, de le trouver debout,
l’œil en feu, devant une madone qu’il venait
d’esquisser. Elle se leva, s’approcha de lui et
ne put s’empêcher de le serrer dans ses bras
quand elle eut examiné son ouvrage.
— C’est la Vierge Marie,dit-elle, en se signant
pieusement ; puisse-t-elle te protéger, mon fils !
En entendant ces paroles, la joie de l’enfant
fut extrême.Il était bien fier et bien heureux ; sa
mère avait reconnu la Vierge Marie dans les traits
que sa main inhabile avait tracés. Ce fut peut-
être le triomphe qui lui causa la plus pure ivresse.
Bientôt l’enfant entra au service d’un pein-
tre orgueilleux et brutal qui ne lui ménagea
point les mauvais traitements. Levé avant le
jour, Piétro faisait le ménage de l’artiste et
descendait à l’atelier le plus souvent qu’il le
pouvait. Il écoutait ce que le maître disait aux
élèves, jetait les yeux sur leurs dessins, exami-
nait toutes choses avec la plus grande attention
puis, rentré dans sa petite chambre, il s’essayait
à reproduire un modèle qu’il avait furtivement
enlevé et que le lendemain il replaçait avant le
lever du peintre.
Un jour qu’il était descendu à l’atelier avant
l’arrivée des élèves, il s’assit à la place de l’un
d’eux et se mit à dessiner. Absorbé par son tra-
vail il n’entendit pas la porte s’ouvrir et ne vit
pas le maître s’approcher et se tenir derrière
lui. Il continua donc son esquisse et, tout en
travaillant, il faisait à haute voix l’application
des principes que le professeur ne cessait de ré-
péter à ses élèves.
—- Quel dommage, dit-il quand il eut fini,
que je ne puisse montrer cet essai au maître et le
prier de m’en indiquer les défauts.Ah ! si j’étais
vraiment son apprenti, quels progrès je ferais !
— Tu le seras désormais, lui répondit le pein-
tre, et, s’il plaît cà Dieu, tu me feras honneur!
De ce jour, en effet, Piétro eut sa place mar-
quée à l’atelier du maître et il reçut les conseils
qu’il réclamait, mais au bout de peu d’années
Lorenzo n’eut plus rien à lui enseigner. Piétro
se rendit à Florence où il entra dans l’atelier
de Verrocchio.
175
médaillon en forme de bouclier. Quel-
quefois les deux personnages sont debout
et se donnent la main (sarcophage de
Probus). Parfois encore les sarcophages
avaient leurs faces latérales couvertes de
bas-reliefs historiques ou symboliques
(fig. 5). (A suivre).
Ed feuilletant les vieux livres
La vocation du Pérugin.
Le Pérugin (Piétro Vanucci) naquit à Citta
delle Pieve, petite ville située à vingt milles de
Pérouse. Son père vivait péniblement du tra-
vail de ses mains et l’enfant ne connut guère de
joies au foyer, mais quand il avait été bien sage
sa mère lui remettait un crayon et un bout de
papier. Lorsque le papier manquait, l’enfant
prenait une braise et crayonnait sur les murs,
Le Pérugin
un nez, un œil, une tête, une main. Content de
lui-même, Piétro admirait son œuvre puis l’ef-
façait. Son père haussait les épaules devant ces
croquis, mais sa mère prenait plaisir à examiner
les figures et encourageait le jeune artiste.
Un jour, occupée, comme d’habitude, à rac-
commoder le linge des enfants, la bonne mère
croyait Piétro sorti ; elle fut bien étonnée, après
deux heures de silence, de le trouver debout,
l’œil en feu, devant une madone qu’il venait
d’esquisser. Elle se leva, s’approcha de lui et
ne put s’empêcher de le serrer dans ses bras
quand elle eut examiné son ouvrage.
— C’est la Vierge Marie,dit-elle, en se signant
pieusement ; puisse-t-elle te protéger, mon fils !
En entendant ces paroles, la joie de l’enfant
fut extrême.Il était bien fier et bien heureux ; sa
mère avait reconnu la Vierge Marie dans les traits
que sa main inhabile avait tracés. Ce fut peut-
être le triomphe qui lui causa la plus pure ivresse.
Bientôt l’enfant entra au service d’un pein-
tre orgueilleux et brutal qui ne lui ménagea
point les mauvais traitements. Levé avant le
jour, Piétro faisait le ménage de l’artiste et
descendait à l’atelier le plus souvent qu’il le
pouvait. Il écoutait ce que le maître disait aux
élèves, jetait les yeux sur leurs dessins, exami-
nait toutes choses avec la plus grande attention
puis, rentré dans sa petite chambre, il s’essayait
à reproduire un modèle qu’il avait furtivement
enlevé et que le lendemain il replaçait avant le
lever du peintre.
Un jour qu’il était descendu à l’atelier avant
l’arrivée des élèves, il s’assit à la place de l’un
d’eux et se mit à dessiner. Absorbé par son tra-
vail il n’entendit pas la porte s’ouvrir et ne vit
pas le maître s’approcher et se tenir derrière
lui. Il continua donc son esquisse et, tout en
travaillant, il faisait à haute voix l’application
des principes que le professeur ne cessait de ré-
péter à ses élèves.
—- Quel dommage, dit-il quand il eut fini,
que je ne puisse montrer cet essai au maître et le
prier de m’en indiquer les défauts.Ah ! si j’étais
vraiment son apprenti, quels progrès je ferais !
— Tu le seras désormais, lui répondit le pein-
tre, et, s’il plaît cà Dieu, tu me feras honneur!
De ce jour, en effet, Piétro eut sa place mar-
quée à l’atelier du maître et il reçut les conseils
qu’il réclamait, mais au bout de peu d’années
Lorenzo n’eut plus rien à lui enseigner. Piétro
se rendit à Florence où il entra dans l’atelier
de Verrocchio.
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