Jeanne d’Arc fut sans détour et tout simple-
ment, avec quelle pureté d’âme, quelle douceur
de coeur, quelle fermeté de caractère, et dans
quelle perfection, une Française, une sainte,
une martyre ! La sculpture, la peinture, la lit-
térature, la musique ont célébré la sainte popu-
laire et les meilleurs artistes ont traduit, dans
des œuvres impérissables, les diverses phases
de sa glorieuse vie : son enfance, sa vocation,
ses combats, sa victoire, son supplice et sa mort.
Jeanne d’Arc naquit au village de Domrémy,
dans les Vosges, le 6 janvier 1412 à l’époque où
fi g-. 2. Jeanne écoule ses voix
la France, troublée par la guerre civile des
Armagnacs et des Bourguignons, voyait s’ajou-
ter à ces horreurs les affreuses misères de l’inva-
sion anglaise. Sans le secours du Ciel la France
était perdue. Le dauphin Charles devenait,
bientôt, pour les Anglais, « le roi de Bourges ».
En 1425, Jeanne avait treize ans; elle enten-
dit le premier appel de Dieu, un dimanche, à
l’heure où les cloches sonnèrent Complies.
Quand l’appel se fut renouvelé trois fois elle
« connut que c’était la voix d’un ange. » Cet
ange était saint Michel « en la forme d’un très
vrai prud’homme. » L’Ange l’instruisit de la
grande pitié du royaume de France « et la pressa
de secourir le Roi, l’assurant que sainte Cathe-
rine et sainte Marguerite, les saintes aimées
de Jeanne, lui viendraient en aide.» Et Jeanne
les vit avec leurs figures « couronnées de belles
couronnes moult richement, moult précieuse-
ment. » Le sculpteur Rude, dont le ciseau était
habitué aux grandes scènes révolutionnaires de
l’Arc-de Triomphe, à Paris, sut trouver la, sou-
plesse et la grâce pour représenter Jeanne écou-
tant ses voix (fig. 1). La jeune fille a quitté son
armure sur laquelle elle s’appuie. En vêtement
de paysanne, le corsage serré autour de sa vi-
goureuse poitrine, la robe relevée avec grâce
par une ceinture de corde, Jeanne écoute la voix
de l’ange. Surprise et attentive, elle regarde la
miraculeuse apparition, mais sans effroi et avec
calme. Les lignes harmonieuses et simples de
cette statue (Î845) en font l’une des meilleu-
res du genre avec celle de Henri Chapu (1870,
Musée du Louvre), qui représente la jeune
vierge agenouillée, les mains jointes sur les ge-
noux à l’annonce de sa mission. Le peintre,
Jules-Eugène Lenepveu (1819-1898), qui a ra-
conté la vie de Jeanne d’Arc dans les célèbres
fresques du Panthéon, à Paris, traduit lui aussi,
la scène des Voix (fig. 2). Jeanne quitte la
maison paternelle et emmène anx champs son
modeste troupeau. Saint Michel lui parle et
l’engage à partir pour la France. Les Saintes
que l’on devine dans la ramure d’un arbre ac-
compagnent l’Archange. La sainte bergère, qui
tient en main sa quenouille, nous semble toute
attentive à l’appel de Dieu et surprise de cette
mission qui répond pourtant au désir de son
grand cœur et de son patriotisme attristé mais
vaillant.
On sait les difficultés que Jeanne rencontra
à Vaucouleurs, auprès du sire de Baiidricourt,
sceptique et railleur d’abord, puis décidé enfin,
sur les instances renouvelées de la jeune fille,
à la faire conduire à Ohinon devant le Dauphin.
C’est là que Jeanne reconnut le roi de France
qui avait revêtu le costume d’un courtisan pour
mettre à l’épreuve la sagesse de la jeune fille.
Après diverses enquêtes Jeanne est équipée ; on
lui donne un cheval et une armure mais elle
refuse l'épée qu’on lui offre; elle envoie, à l’é-
glise de Fierbois, des hommes qui découvriront,
derrière l’autel de sainte Catherine, l’épée
qu’elle ne quittera plus,
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ment, avec quelle pureté d’âme, quelle douceur
de coeur, quelle fermeté de caractère, et dans
quelle perfection, une Française, une sainte,
une martyre ! La sculpture, la peinture, la lit-
térature, la musique ont célébré la sainte popu-
laire et les meilleurs artistes ont traduit, dans
des œuvres impérissables, les diverses phases
de sa glorieuse vie : son enfance, sa vocation,
ses combats, sa victoire, son supplice et sa mort.
Jeanne d’Arc naquit au village de Domrémy,
dans les Vosges, le 6 janvier 1412 à l’époque où
fi g-. 2. Jeanne écoule ses voix
la France, troublée par la guerre civile des
Armagnacs et des Bourguignons, voyait s’ajou-
ter à ces horreurs les affreuses misères de l’inva-
sion anglaise. Sans le secours du Ciel la France
était perdue. Le dauphin Charles devenait,
bientôt, pour les Anglais, « le roi de Bourges ».
En 1425, Jeanne avait treize ans; elle enten-
dit le premier appel de Dieu, un dimanche, à
l’heure où les cloches sonnèrent Complies.
Quand l’appel se fut renouvelé trois fois elle
« connut que c’était la voix d’un ange. » Cet
ange était saint Michel « en la forme d’un très
vrai prud’homme. » L’Ange l’instruisit de la
grande pitié du royaume de France « et la pressa
de secourir le Roi, l’assurant que sainte Cathe-
rine et sainte Marguerite, les saintes aimées
de Jeanne, lui viendraient en aide.» Et Jeanne
les vit avec leurs figures « couronnées de belles
couronnes moult richement, moult précieuse-
ment. » Le sculpteur Rude, dont le ciseau était
habitué aux grandes scènes révolutionnaires de
l’Arc-de Triomphe, à Paris, sut trouver la, sou-
plesse et la grâce pour représenter Jeanne écou-
tant ses voix (fig. 1). La jeune fille a quitté son
armure sur laquelle elle s’appuie. En vêtement
de paysanne, le corsage serré autour de sa vi-
goureuse poitrine, la robe relevée avec grâce
par une ceinture de corde, Jeanne écoute la voix
de l’ange. Surprise et attentive, elle regarde la
miraculeuse apparition, mais sans effroi et avec
calme. Les lignes harmonieuses et simples de
cette statue (Î845) en font l’une des meilleu-
res du genre avec celle de Henri Chapu (1870,
Musée du Louvre), qui représente la jeune
vierge agenouillée, les mains jointes sur les ge-
noux à l’annonce de sa mission. Le peintre,
Jules-Eugène Lenepveu (1819-1898), qui a ra-
conté la vie de Jeanne d’Arc dans les célèbres
fresques du Panthéon, à Paris, traduit lui aussi,
la scène des Voix (fig. 2). Jeanne quitte la
maison paternelle et emmène anx champs son
modeste troupeau. Saint Michel lui parle et
l’engage à partir pour la France. Les Saintes
que l’on devine dans la ramure d’un arbre ac-
compagnent l’Archange. La sainte bergère, qui
tient en main sa quenouille, nous semble toute
attentive à l’appel de Dieu et surprise de cette
mission qui répond pourtant au désir de son
grand cœur et de son patriotisme attristé mais
vaillant.
On sait les difficultés que Jeanne rencontra
à Vaucouleurs, auprès du sire de Baiidricourt,
sceptique et railleur d’abord, puis décidé enfin,
sur les instances renouvelées de la jeune fille,
à la faire conduire à Ohinon devant le Dauphin.
C’est là que Jeanne reconnut le roi de France
qui avait revêtu le costume d’un courtisan pour
mettre à l’épreuve la sagesse de la jeune fille.
Après diverses enquêtes Jeanne est équipée ; on
lui donne un cheval et une armure mais elle
refuse l'épée qu’on lui offre; elle envoie, à l’é-
glise de Fierbois, des hommes qui découvriront,
derrière l’autel de sainte Catherine, l’épée
qu’elle ne quittera plus,
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