roïne se tient debout devant l’autel de la cathé-
drale ; la main gauche appuyée sur l’autel elle
tient de la main droite son étendard. Son re-
gard, dédaignant la pompe qui se déroule de-
fig. 5. Jeanne d’Arc au sacre du rni
vaut elle, semble contempler une scène céleste.
La Sainte rend hommage à ses divins protec-
teurs et, sans orgueil mais dans le calme d’une
âme pure, avec le sentiment du devoir humble-
ment et vaillamment accompli, elle assiste au
triomphe de son roi. A gauche, l’aumônier
s’absorbe dans la prière, tandis que l’écuyer
d’Aulon et les pages admirent la majesté de la
pieuse cérémonie (fig. 5).
Après le sacre Jeanne croyait sa mission ter-
minée ; elle continua pourtant de guerroyer
mais ses voix lui annonçaient « qu’elle serait
prise avec la Saint-Jean, et que Dieu lui aide-
rait. »
Déjà la Sainte avait rétabli le pouvoir royal
dans les villes de Champagne et de l’Ile de
France, dans l’Orléanais,
le Vendômois, le Dunois,
la Brie, le Rémois, le
Valois, le Clermontois, le
Beauvaisir, et constitué au-
tant de bastions solides que
les Français devaient con-
server. De plus, dans les
Marches de 1 .orraine, René
d’Anjou rejetait la suzerai-
neté d’Henri VI d’Angle-
terre.
Le 23 mai Jeanne re-
joignit les Français sur
l’Oise et arriva devant
Compiègne ; une manœu-
vre imprudente des défen-
seurs de la ville la livra aux
ennemis. Après un simu-
lacre de procès et une con-
damnation achetée à ses
prétendus juges, Jeanne
fut brûlée à Rouen sur la
place du Vieux-Marché, le
30 mai 1430 (fig. 6).
Le peintre italien Bar-
tolini a rendu cette scène
du martyre de la Sainte en
une page touchante, évo-
catrice des tortures et de la
résignation héroïque de la
pieuse Libératrice. Les mau-
vais juges se tiennent à
droite sur une estrade ; des
soldats anglais assurent l’or-
dre autour du bûcher,
tandis que le bourreau
attise les flammes et jette
un fagot dans le brasier.
C’est ce soldat qui dira : « J’ai vu l’âme de la
Sainte s’envoler au ciel comme une colombe. »
Les autres acteurs avoueront eux aussi : « Nous
avons brûlé une Sainte. » Deux Dominicains
assistent la martyre : Martin Ladvenu est à
genoux devant le bûcher; Yzambard de la
Pierre lui tend la croix de l’église Saint-Sau-
veur que Jeanne a réclamée et qu’elle embrasse,
avant de mourir, en murmurant : Jésus! Jésus!
La peinture murale de Lenepveu, au Pan-
théon, reproduit à peu près la même scène ; le
moine du bûcher offre, dans les deux tableaux,
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